Grand Nord canadien : l’impact des feux sur la santé mentale n’est pas à négliger

Des ruines à Enterprise après l’incendie qui a ravagé le hameau. (Tammy Gauthier Neal)
Des recherches menées ces 10 dernières années par le Département de psychiatrie de l’Université de l’Alberta montrent l’impact des feux de forêt sur les populations sinistrées. Anxiété, dépression, troubles de stress post-traumatique et augmentation de la consommation d’alcool et de drogues sont autant de symptômes qui surgissent chez les membres des populations évacuées.

Pierre Chue, professeur au Département de psychiatrie de l’Université de l’Alberta, a participé à plusieurs études en lien avec les conséquences des feux de Fort McMurray en 2016. Il explique comment reconnaître ces symptômes et quand intervenir.

Face à une situation perturbante, comme subir la menace d’un feu de forêt ou devoir évacuer son domicile, personne n’est à l’abri de développer des troubles de santé mentale. Cependant, Pierre Chue relève que le fait d’avoir des antécédents de psychopathologie, comme avoir eu une dépression, des troubles d’anxiété ou une maladie mentale, peut augmenter de façon importante le risque d’avoir des séquelles après l’exposition à un événement traumatisant.

« L’anxiété, les troubles de sommeil, même des idées suicidaires, il y a toute une gamme de symptômes psychologiques. Et si ces symptômes persistent après plusieurs semaines, voire quelques mois, ça indique peut-être que c’est le développement d’un syndrome post-traumatique. »

Le problème avec le syndrome post-traumatique, c’est qu’il y a des déclencheurs. Si on voit quelque chose qui nous rappelle l’événement, même entendre les sirènes, le son d’une ambulance, ça peut provoquer le retour des symptômes. Quand on est déjà sensibilisé, ça reste toujours un risque.Pierre Chue, professeur au Département de psychiatrie de l'Université de l'Alberta

Si la résilience peut varier selon chaque individu, le soutien social reste très important, indique Pierre Chue, ainsi que la consultation sans tarder d’un professionnel de la santé, « parce que nous savons que si on intervient plus tôt, le traitement est beaucoup plus efficace ».

« Pour les parents, mes conseils seront de rester vigilants, d’observer leurs enfants. S’ils ont des troubles de sommeil, des troubles de comportement, des difficultés à l’école, des problèmes sociaux, selon moi, ça indiquerait peut-être que ces enfants subissent des symptômes psychologiques qui se manifestent dans ces changements de comportement. »

Pierre Chue intervient toujours auprès de personnes qui ont été exposées aux feux de Fort McMurray et qui présentent encore des séquelles.

Pour écouter l’entrevue avec Pierre Chue dans les ondes de l’émission La croisée, cliquez ici

Radio-Canada

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