Hay River se remet lentement de l’évacuation

Environ cinq maisons auraient été détruites par le feu sur le chemin Patterson, à Hay River. (Radio-Canada/Julie Plourde)

C’est à la fois avec soulagement et tristesse que les résidents de Hay River sont rentrés à la maison. Les kilomètres de forêt calcinée et ce qu’il reste d’Enterprise, ravagée par les flammes, ont rappelé durement la bataille qui a été livrée contre le feu pendant le mois d’évacuation.

L’enseignante de l’École Boréale Christine Sivret s’est réfugiée à High Level, en Alberta, durant l’évacuation. Le temps passé loin de la maison et le retour ont été difficiles.

C’était triste de voir un peu ce qui s’est passé à côté, à Enterprise. Puis de voir que toute la forêt avait brûlé, dit-elle.

Christine Sivret, enseignante à l’École Boréale, est triste de voir la forêt brûlée et les ravages de l’incendie à Enterprise et dans certains secteurs de Hay River, mais se dit contente que les gens reviennent quand même : « On est chanceux d’avoir encore Hay River! » (Radio-Canada/Julie Plourde)

Le feu a épargné sa maison, située dans le secteur de Delancey Estates, mais il s’en est fallu de peu. Dans certains secteurs le long de la route 2, le feu s’est rapproché jusqu’à 10 mètres de la route. Près du centre-ville, seulement 500 mètres de forêt séparent l’hôpital du brasier.

Selon la mairesse de Hay River, Kandis Jameson, c’est un miracle que la municipalité soit toujours là.

La présence des pompiers et des hélicoptères est un signe que l’incendie est encore actif, et qu’il le sera probablement jusqu’à ce que l’hiver arrive, disent les autorités.

La mairesse Kandis Jameson est restée à Hay River durant l’évacuation, notamment pour cuisiner des repas destinés aux pompiers. Elle dit avoir confiance en la capacité de la communauté de traverser cette épreuve. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Rentrée scolaire chamboulée

Dès son retour, Christine Sivret s’est mise au travail, tout comme ses collègues. Avec une rentrée scolaire chamboulée et reportée au 22 septembre, le personnel de l’École Boréale avait beaucoup à faire lors du passage de Radio-Canada. La directrice de l’école, Katrine Lavoie, veut tout faire pour que les enfants retrouvent un semblant de normalité.

Je m’attends à ce que ce soit émotif […] Comment ça va se mettre vraiment en place, les premières semaines, on va devoir s’ajuster nous aussi, puis faire de notre mieux.

– Katrine Lavoie, directrice de l’École Boréale

Katrine Lavoie, directrice de l’École Boréale, au lendemain de son retour à Hay River : « Avec des traumatismes de ce genre-là, ça laisse des traces pour beaucoup de monde […] C’est des ressources qu’on doit avoir, puis souvent, dans le Nord, c’est plus difficile. Il va falloir mettre les bouchées doubles pour trouver ces ressources pour les gens, pour qu’ils aient envie de rester avec nous. » (Radio-Canada/Julie Plourde)

Les élèves ont de quoi vivre de l’anxiété. Ce n’est pas une, mais trois évacuations qui ont frappé Hay River depuis mai 2022. En mai dernier, les résidents avaient été évacués en raison d’un autre feu de forêt. L’an dernier, au printemps, des inondations historiques avaient forcé l’exode des résidents.

«J’ai discuté avec un parent d’une élève qui lui a demandé, tu as vécu combien d’évacuations, toi, quand t’étais jeune? […] En tant que parent, comment réponds-tu à cette question là? Comment dire à ton enfant que ce n’est pas normal de l’avoir fait trois fois dans les 16 derniers mois?» se demande la directrice.

Dévastation à Paradise Gardens

Un peu au sud de la municipalité, les secteurs de Paradise Gardens et du chemin Patterson ont été considérablement atteints par le feu. En tout, huit maisons et une scierie ont été détruites par le passage des flammes, selon les estimations.

Les secteurs de Paradise Gardens et du chemin Patterson ont été les plus touchés par l’incendie.(Radio-Canada/Julie Plourde)

Sur le chemin qui descend près de la rivière au Foin, à Paradise Gardens, le métal fondu et les amas de tôle sont les seuls vestiges restants de ce qui a été une maison ou une grange.

Greg Haist, ingénieur à la retraite et agriculteur, a repris le travail dès son retour à Paradise Gardens. C’est une façon, pour lui, de traverser cette épreuve. Il se désole toutefois pour ses voisins, maintenant sinistrés.

C’est vraiment triste de voir ce qui leur est arrivé, et je ne sais pas ce qui les attend ni ce qu’ils feront, dit-il.

L’hiver approche et les options de logement temporaires sont rares. Greg Haist dit que certains veulent reconstruire, et d’autres plutôt s’en aller.

À leur retour, les résidents évacués de Hay River ont retrouvé une terre de désolation sur la route et dans certains secteurs de leur communauté. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Beaucoup de questions

Katrine Lavoie est heureuse d’être chez elle, mais avec tous ces malheurs qui frappent Hay River, elle comprend que certaines personnes choisissent de s’installer ailleurs.

«Toutes ces évacuations-là viennent avec beaucoup de questionnements. Est-ce que je continue, est-ce que j’aime encore ça [ici]? Et puis, il y a beaucoup de gens sans famille ici […] On n’a pas cette proximité-là avec des gens pour nous aider dans ce genre de moment assez émotionnel, donc ça vient avec un paquet de questions.»

Greg Haist a l’impression que le feu a miné ses chances de poursuivre sa vie dans ce coin de pays qu’il aime tant. Je ne sais toujours pas ce que je vais faire, dit-il.

Greg Haist n’a pas perdu sa maison, mais il dit que cette suite d’événements tragiques les uns après les autres entraîne beaucoup de remises en question. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Christine Sivret espère que l’esprit de communauté ne sera pas ébranlé à la suite de cette épreuve. Je pense que c’est vraiment important de prendre le temps de s’arrêter et de se retrouver, puis de créer des liens de nouveau.

Ce souhait est aussi porté par la mairesse de Hay River, Kandis Jameson, qui veut bientôt organiser une fête pour la communauté.

Se concentrer sur le positif est super important pour moi. Il y a des jours meilleurs à l’horizon pour Hay River, dit-elle.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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