Des désaccords ont ralenti la gestion de la crise de l’eau à Iqaluit, dit un rapport

Des mésententes entre la Ville d’Iqaluit et le gouvernement du Nunavut ont ralenti la gestion de la crise, selon un rapport externe commandé par le ministère des Services communautaires et gouvernementaux. (PC/Emma Tranter)

L’enquête indépendante sur la contamination de l’eau potable à Iqaluit, à l’automne 2021, conclut que des mésententes entre la Ville et le gouvernement du Nunavut ont ralenti la gestion de la crise.

Le rapport externe daté du mois de mai, et dont CBC a obtenu copie, a été mené par la firme torontoise de services-conseils DPRA Canada, à la demande du ministère des Services communautaires et gouvernementaux (SCG) du Nunavut.

Le document souligne que le système de contournement aurait pu être installé plus rapidement à l’usine de filtration d’eau. D’après le rapport, la Ville d’Iqaluit a commandé ses propres plans pour le système de contournement après avoir rejeté ceux du gouvernement territorial.

«Si la Ville et les SCG avaient été capables de se coordonner plus tôt au sujet des spécifications du système de contournement, la construction aurait pu être prête dès novembre 2021», peut-on lire dans le rapport.

En octobre 2021, l’eau potable d’Iqaluit a été contaminée par des hydrocarbures provenant d’une vieille citerne de carburant enfouie sous l’usine de traitement de l’eau. L’interdiction de consommer l’eau du robinet a été levée deux mois plus tard, après l’installation d’un système de contournement à l’usine de filtration de l’eau.

Selon le rapport, le système de contournement aurait pu être installé à l’usine de filtration d’eau dès le début du mois de novembre 2021. (PC/Dustin Patar)

Une gestion divergente

Dans l’ensemble, le rapport a noté un manque de clarté sur les rôles et sur les responsabilités de tous les acteurs de la gestion de la crise, en plus des divergences d’opinions.

À titre d’exemple, le document souligne que la Ville a priorisé des travaux de remédiation, alors que le gouvernement du Nunavut s’est plutôt concentré sur les solutions à court terme, dont l’acheminement d’eau embouteillée et le traitement de l’eau.

«La Ville a perçu ces initiatives comme des entraves à son autonomie pour répondre à la crise. Pour cette raison, le personnel de la municipalité semble avoir adopté une approche prudente ou défensive à l’égard des efforts de collaboration avec les SCG.»

Des dizaines de milliers de bouteilles d’eau en plastique ont été envoyées à Iqaluit pour faire face à la crise de l’eau. La Ville se demande comment les recycler. (Radio-Canada/Marco De Ciccio)

Selon le rapport, le ministère des SCG a octroyé environ 9 millions de dollars pour répondre à la crise. De cette somme, 6,9 millions ont servi à acheminer des bouteilles d’eau.

Entre les mois d’octobre et de décembre 2021, plus de 1,5 million de litres d’eau embouteillée ont été acheminés à Iqaluit par 39 avions nolisés.

Leçons apprises

Le rapport a aussi rappelé plusieurs lacunes entourant l’usine mobile de traitement de l’eau. Bien qu’elle ait été construite spécialement pour le Nord, elle est arrivée endommagée, elle n’était pas correctement adaptée aux conditions hivernales et un générateur était manquant. En plus, elle n’incluait pas de manuel d’utilisation.

Les auteurs indiquent que les employés du gouvernement «n’avaient pas les compétences adéquates pour surmonter ces défis sans l’aide d’experts».

Citant plusieurs «leçons apprises» durant la crise de l’eau, le rapport fait état de recommandations au gouvernement territorial et à la Ville :

  • élaborer et mettre à jour le Plan de gestion territorial pour y inclure un cadre de gestion des risques;
  • modifier la législation territoriale pour clarifier les rôles et les responsabilités en matière d’intervention d’urgence;
  • organiser une formation annuelle ou bisannuelle sur les interventions d’urgence;
  • développer une usine de traitement d’eau mobile entièrement opérationnelle;
  • fournir du matériel d’intégration au personnel;
  • tenir à jour une liste du personnel de communication;
  • sécuriser une installation chauffée de stockage.

Aucun représentant de la Ville d’Iqaluit n’était disponible, mercredi, pour commenter les conclusions du rapport, mais elle a fait savoir dans une lettre qu’elle ne remettait pas en question les recommandations.

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