Le MBAM doublera l’espace consacré à l’art inuit
Par Maude Cucci
La collection d’art inuit du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), qui occupe une petite salle sombre au niveau 4 du pavillon Claire et Marc Bourgie, sera installée l’an prochain dans un espace plus grand, plus lumineux et plus accessible, a annoncé l’institution mardi.
Selon les plans, la surface d’exposition sera doublée «pour permettre au public d’apprécier une plus grande sélection d’œuvres, en plus de mieux mettre en valeur la collection», fait valoir le MBAM.
Le chantier a déjà démarré au rez-de-chaussée du pavillon Michal et Renata Hornstein pour accueillir l’art inuit dans la nouvelle salle dès l’automne 2024.
Six fenêtres datant de 1912, jusqu’alors condamnées, ont été rouvertes sur l’extérieur.
La conservatrice en chef, Mary-Dailey Desmarais, a évoqué un nouvel «espace noble pour ces arts» et Stéphane Aquin, directeur général du MBAM, a associé ce redéploiement à une transformation plus générale du musée, «plus transparent à lui-même».
Avec ses cinq pavillons construits à des époques différentes, ses couloirs labyrinthiques et ses sorties pas toujours bien indiquées, ce musée peut facilement désorienter son visiteur, qui ne se rendra pas toujours au dernier étage pour y découvrir l’art inuit.
La salle actuelle sera transformée en espace exploratoire avec des projets plus expérimentaux, «un lieu évolutif voué à la relecture et à la recontextualisation de l’histoire de l’art québécois et canadien», selon la présentation.
Revalorisation
Le changement de salle vise donc à améliorer la visibilité de la collection inuit en la déplaçant à un étage plus fréquenté, mais aussi en assurant une meilleure rotation des œuvres présentées au public. Sur les quelque 900 pièces de la collection, seule une centaine sont exposées.
On double l’espace en donnant plus de visibilité et plus de présence à la collection [d’art inuit]. On pourra aussi exposer plus d’œuvres.
– Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du MBAM
En outre, le musée dit souhaiter «combler les lacunes liées à l’interprétation des œuvres de la collection grâce à des recherches approfondies.»
Ce changement de salle s’inscrit aussi dans une redéfinition de la vision muséologique du MBAM. Dévoilé mardi lors d’un événement qui annonçait le renouvellement pour trois ans du mandat de Stéphane Aquin, ce projet est présenté comme une revalorisation de l’art inuit et plus largement de l’art autochtone au musée.
«J’espère que cette plus grande visibilité inspirera de l’enthousiasme pour cette collection et son enrichissement», a souligné Mme Desmarais, sans toutefois s’avancer sur de futures acquisitions. L’an dernier, le MBAM a ajouté une vingtaine d’œuvres inuit à son fonds permanent.
Les réflexions actuelles portent plutôt sur un décloisonnement progressif de l’art autochtone parmi les expositions du musée, a-t-elle ajouté. La nouvelle stratégie défendrait une intégration de ces œuvres «dans tous les pavillons».
L’art inuit a fait son entrée dans la collection du MBAM en 1953. L’exposition actuelle met l’accent sur des sculptures dévoilant le regard que le peuple inuit porte sur lui-même et sur son mode de vie nordique. Elle s’intitule Takuminartut, un néologisme qui signifie que la qualité esthétique de ces pièces et les émotions qu’elles suscitent sont telles qu’on veut sans cesse les voir et les revoir.
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