La première ministre des T.N.-O. fait le bilan de sa carrière politique

La première ministre des T.N.-O., Caroline Cochrane, photographiée en avril 2020. (CBC/Walter Strong)

Après deux mandats législatifs, dont un comme première ministre, Caroline Cochrane, qui se dit dévouée et à l’écoute, tire sa révérence.

Les dernières années ont été tumultueuses pour la cheffe de gouvernement et de la 19e Assemblée législative. Avec une pandémie de COVID-19 et des urgences climatiques à gérer, Caroline Cochrane n’aurait jamais pu imaginer qu’autant de crises auraient façonné son passage à la tête du gouvernement territorial.

Malgré tout, elle estime qu’elle et son cabinet ont fait de leur mieux, et elle en tire une certaine fierté. «Même si nous n’étions pas parfaits, nous avons priorisé la santé et la sécurité des résidents des T.N.-O. durant ces quatre années», dit la femme qui aura 63 ans deux jours avant la fin officielle de son mandat, le 7 décembre.

La première ministre des T.N.-O., Caroline Cochrane, s’est rendue au centre d’évacuation de Yellowknife, qui a hébergé des évacués de Behchokǫ̀ en juillet 2023. (Radio-Canada/Liny Lamberink)

Mis à part la gestion de ces urgences, elle dit que ses efforts pour consolider les liens avec les gouvernements autochtones des T.N.-O. et pour avoir tout le monde assis à la même table sont sa plus grande fierté.

Surprise d’être élue

Métisse du Manitoba, Caroline Cochrane est arrivée à l’âge de 2 ans aux Territoires du Nord-Ouest, en 1962. À l’âge de 13 ans, elle a quitté le nid familial et a vécu dans la rue, à Yellowknife et à Edmonton, sans terminer ses études secondaires.

Un passé difficile qui a forgé son caractère et l’a mené à prendre la défense des plus vulnérables. Un retour aux études en travail social, à l’âge adulte, l’a porté vers une carrière de 20 ans auprès d’organismes venant en aide aux familles démunies.

En 2015, elle était directrice générale de l’organisme à but non lucratif Centre for Northern Families, à Yellowknife, lorsqu’elle a pris la décision de se lancer en politique.

Personne ne nous donnait d’argent. Personne ne portait attention. Nous avons eu des décennies sans augmentation [de notre budget], à nourrir des femmes avec des sous noirs […] C’était horrible à vivre. Je suis allée en politique parce que j’avais une cause à défendre.

– Caroline Cochrane, première ministre des Territoires du Nord-Ouest

À sa grande surprise, elle a gagné. «Je ne pensais pas être élue il y a huit ans!», dit-elle. Elle croit toutefois que son parcours en travail social l’a grandement aidé dans sa carrière politique.

La première ministre des T.N.-O., Caroline Cochrane (droite), et la ministre de la Santé, Julie Green, en plein cœur de la gestion de la pandémie de COVID-19 en janvier 2021. (Radio-Canada/Marco De Ciccio)

«D’être capable d’être à l’écoute, d’amener les gens de la douleur vers la guérison, ces habiletés m’ont aidé dans le monde politique […] afin de trouver des solutions qui fonctionnent pour les gens.»

Durant ses deux mandats, elle a tour à tour occupé les postes de ministre d’Habitation TNO, des Travaux publics et des Services, de ministre responsable de l’Itinérance, de ministre responsable de la Condition féminine et ministre de l’Éducation. Le 24 octobre 2019, elle a été élue première ministre par ses pairs, selon la tradition d’un gouvernement de consensus.

Elle admet que le rôle qu’elle a préféré est celui de ministre d’Habitation TNO. «Le logement est essentiel pour que les gens puissent aller plus loin. Le logement fait partie des besoins de base. Et je pense que le logement doit continuer d’être la priorité du futur gouvernement», dit-elle.

Diriger avec son cœur

Deuxième femme à la tête du gouvernement territorial, Caroline Cochrane dit qu’elle a connu des moments plus difficiles du fait d’être une femme en politique. «Quand je suis arrivée, il y avait cette perception que les femmes ne devraient pas être des leaders. Cette perception existe toujours dans quelques-unes de nos communautés. J’espère que j’ai remis ça en doute et que j’ai prouvé que j’étais capable.»

Caroline Cochrane, lors du passage à Yellowknife de Justin Trudeau, le 12 octobre 2023. (Radio-Canada/Julie Plourde)

À celles qui envisagent de suivre ses traces, elle recommande de diriger avec leur cœur. «Ça va être difficile […] Quand j’étais plus jeune, on parlait de briser le plafond de verre. Maintenant qu’on y est arrivé, je dis souvent que la prochaine génération doit venir nettoyer les morceaux de vitre, parce qu’on ne peut pas revenir en arrière.»

Tu es ton pire ennemi. Alors, souviens-toi pourquoi tu fais ça. Ton cœur t’a mené en politique et ton cœur va te permettre de traverser les épreuves. N’arrête jamais d’écouter ton cœur.

– Caroline Cochrane, première ministre des Territoires du Nord-Ouest.

En toute humilité, elle dit qu’elle n’a jamais cherché à laisser sa trace. Elle a plutôt voulu faire ce qui est juste. «Ce que je souhaite, c’est que même si les gens ne se souviennent pas de moi pour le travail que j’ai accompli [qu’ils se souviennent] des fondations que j’ai posées, qu’il ne faut pas revenir en arrière et aller de l’avant.»

Elle quitte le monde politique avec des sentiments doux-amers : celui de laisser derrière des collègues et de ne plus prendre part à des décisions importantes qui façonnent le territoire et celui de prendre enfin une pause après un mandat aussi exigeant.

Dès le 7 décembre, elle prévoit de passer du temps en famille avec ses enfants et petits-enfants, et elle entrevoit déjà un temps des Fêtes plus reposant. Mais il ne serait pas surprenant de la revoir occuper d’autres fonctions dans un avenir proche, comme membre d’un conseil d’administration. «Je vais recharger mes batteries, réévaluer où sont mes forces, où je peux le plus ma contribution et aller de l’avant avec un prochain défi.»

D’ici à l’assermentation du prochain premier ministre en décembre, tout ce qu’elle souhaite, c’est de ne pas vivre une autre crise. «Pourvu que le père Noël n’ait pas d’accident avec son traîneau, tout devrait bien aller», dit-elle dans un grand éclat de rire.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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