Les thermopompes sont-elles efficaces dans le Grand Nord?

Plusieurs experts se questionnent sur l’efficacité énergétique des pompes à chaleur dans le Grand Nord. Ces appareils servent à transférer la chaleur de l’extérieur vers l’intérieur, et vice-versa, dans le but de chauffer ou de refroidir un logement. (CBC/Travis Burke)

Considérées comme une option plus verte que le chauffage au gaz ou au mazout, les thermopompes, ou pompes à chaleur, gagnent en popularité, mais des experts se questionnent sur leur efficacité dans le Grand Nord.

La thermopompe est un appareil qui transfère la chaleur de l’extérieur vers l’intérieur, et vice-versa, pour chauffer ou refroidir un logement.

À la fin octobre, Ottawa a annoncé une exemption à la tarification sur le carbone pour les foyers en milieu rural qui se chauffent au mazout. Son plan visait surtout à encourager une transition vers les thermopompes.

Efficaces jusqu’à un certain seuil

Aux Territoires du Nord-Ouest, l’Alliance énergétique de l’Arctique tente de déterminer le rendement des thermopompes. En partenariat avec la Société d’habitation des T.N.-O., l’organisme à but non lucratif mesure depuis environ un an l’efficacité énergétique de pompes à chaleur sur deux logements de Yellowknife.

D’après le directeur de l’Alliance énergétique, Mark Heyck, les pompes fonctionnent «comme prévu», mais il reste encore des données à collecter.

Bien qu’il attende les données d’un rapport provisoire, il affirme qu’une chose semble néanmoins claire : à mesure que la température baisse, l’efficacité des appareils décline également.

Nous constatons qu’aux alentours de -15 et -20 [degrés Celsius], l’efficacité commence à diminuer. – Mark Heyck, Alliance énergétique de l’Arctique

Michael Ross est le président du conseil de recherches industrielles en matière d’innovation sur l’énergie du Nord à l’Université du Yukon. Selon lui, le gouvernement du territoire a aussi mené un projet pilote pour mesurer l’efficacité des thermopompes en climat froid et est parvenu aux mêmes conclusions lorsque les températures avoisinent les -20 degrés Celsius.

«Ce n’est pas une technologie qui peut complètement remplacer d’autres moyens de chauffage», affirme Michael Ross. «Elle doit être complémentaire à des technologies existantes pour que les gens restent au chaud et en sécurité en hiver. » Il cite notamment le chauffage à l’électricité et l’utilisation de poêles à bois.

Michael Ross croit que les poêles à bois et les pompes à chaleur sont des options qui, lorsque combinées, peuvent remplacer l’utilisation du gaz ou du mazout pour chauffer un logement. (iStock)

Défis du Nord

En plus des contraintes de températures, le coût élevé de l’électricité dans le Nord peut être un autre désavantage, dit Mark Heyck, sans oublier que la production d’électricité dans cette région du pays n’est pas en mesure d’alimenter un nombre trop important de thermopompes.

Cependant, Dennis Bevington, un résident de Fort Smith aux Territoires du Nord-Ouest, se montre optimiste. Son entreprise Stand Alone Energy Systems Ltd se spécialise depuis cinq ans dans l’installation de pompes à chaleur dans la région du Slave Sud.

Il affirme que la région dispose d’un climat légèrement plus chaud que le reste du territoire, ce qui confère aux thermopompes «une solution de rechange viable», mais il est sceptique quant à leur efficacité plus au Nord.

Dennis Bevington met en avant que la technologie évolue rapidement et que certains récents modèles de thermopompes peuvent conserver la chaleur pour une utilisation future.

Michael Ross, de l’Université du Yukon, indique que des thermopompes résistantes à des températures allant jusqu’à -30 degrés Celsius sont déjà à l’essai, mais qu’elles ne sont pas encore commercialisées.

En réalité, pour réduire notre dépendance aux combustibles fossiles […], il n’y aura pas de solution miracle, mais des technologies nouvelles nous permettront d’y arriver. – Michael Ross, Conseil de recherches industrielles en matière d’innovation sur l’énergie du Nord, Université du Yukon

Michael Ross est le président du Conseil de recherches industrielles en matière d’innovation sur l’énergie du Nord à l’Université du Yukon. (Gary Bremner/ Photo fournie par Michael Ross)

Double utilisation

Les pompes à chaleur peuvent servir à la fois à chauffer une maison en hiver et à la rafraîchir en été. Avec le réchauffement climatique qui n’épargne pas le nord du Canada, Mark Heyck s’attend à ce que ces deux fonctions soient de plus en plus utilisées et qu’elles contribueront au succès des thermopompes.

«Nous ne pensions pas nécessairement à l’air conditionné, mais cela va changer au cours des prochaines années», dit-il.

L’Alliance énergétique de l’Arctique prévoit d’élargir sa collecte de données sur de nouveaux logements pour dresser un meilleur portrait de l’efficacité de ses appareils.

Avec les informations de Robert Holden et de Matisse Harvey

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