Une première formation pour des guides en tourisme d’aventure au Yukon
Au Yukon, les guides de tourisme de plein air peuvent dorénavant être formés aux particularités du territoire où la nature est souvent sauvage et éloignée. La formation se veut accessible à tous, à la fois pour encourager des gens vers ce métier et s’assurer qu’ils ont les connaissances de base nécessaires.
Chaque année, le nombre de guides en tourisme d’aventure est estimé à 400 au Yukon. Certains sont locaux, mais d’autres ont été formés et ont obtenu leurs diverses certifications ailleurs au Canada ou à l’étranger.
« On se retrouve avec des gens qui viennent de l’extérieur du Yukon, qui arrivent au mois de mai, qui n’ont aucune connaissance du Yukon, mais à qui l’on va donner entre 12 et 20 clients, sur les rivières, dans les sentiers ou sur les routes sans avoir une base. C’est [donc une base] qu’on voulait mettre en place », explique le président de la Canadian Outdoor Academy, Jean-Pascal Ladroue.
La Canadian Outdoor Academy a donc mis sur pied une formation de 15 jours pour initier de futurs guides aux réalités du territoire. Ils apprennent aussi l’histoire des Premières Nations et peuvent suivre certaines certifications essentielles comme les premiers soins en région éloignée.
« C’est juste préparer les guides, les futurs guide ou assistants-guides à travailler dans un milieu sauvage et éloigné. C’est ça, l’une des priorités. C’est comment réagir, comment être préparé, parce qu’en sortant à 5 minutes du centre-ville de Whitehorse, on est déjà dans un milieu sauvage pour beaucoup de personnes », dit-il.
C’est notamment pour cette raison que Lionel Pelecyn s’est inscrit cette année à la formation. Arrivé de Belgique avec une formation d’enseignant en éducation physique, il a commencé à guider un peu, mais souhaitait se perfectionner.
« La gestion de groupe, on va dire que c’est un peu naturel, les explications aussi. Mais il reste tout le reste, la nature, le côté sauvage du Yukon qu’il faut arriver à comprendre », indique-t-il.
« On n’est pas toujours prêt, notamment pour ce qui est des premiers soins ou du rafting, on n’est jamais assez prêt. Tandis qu’ici, ils nous mettent vraiment en situation, dans le jus, et donc il faut se débrouiller », ajoute Lionel Pelecyn en terminant d’enfiler sa combinaison pour se jeter dans l’eau glacée, prêt à suivre un cours de sauvetage.
La dizaine d’étudiants qui forment cette première cohorte provient de milieux divers. Certains travaillent déjà dans le tourisme et cherchent à parfaire leurs connaissances. D’autres sont simplement curieux d’en apprendre davantage sur le métier.
« Comme je suis photographe nature, j’ai souvent besoin d’être absent, loin de toute civilisation. Donc pour être en sécurité, j’ai besoin d’avoir davantage de compétences. C’est pour ça que je suis ce cours », mentionne d’ailleurs l’un des participants à la formation, Charles Cherrier.
La formation intensive comporte un éventail de cours qui passent de la cuisine en plein air au sauvetage en eau vive ainsi que la mécanique et l’apprentissage des outils de communication par satellite.
Rehausser les standards de l’industrie
Pour le trésorier-secrétaire du Wilderness Tourism Association of the Yukon (WTAY), Maxime Gouyou-Beauchamps, cette formation répond au besoin de l’industrie d’avoir des guides formés sur le territoire.
« D’avoir dès la sortie de la formation des guides qui ne sont pas forcément très expérimentés sur le terrain, mais qui vont tout de suite avoir une qualité d’interprétation et donc une qualité de voyage, ce qui bénéficie évidemment à l’ensemble de l’industrie », croit-il.
Selon lui, offrir des cours directement sur place par des enseignants issus de l’industrie touristique de la région permet un transfert direct de connaissances et d’expériences locales pour ces aspirants guides.
Pour Jean-Pascal Ladroue, le but de cette formation est aussi d’uniformiser les standards de l’industrie.
« Si une personne souhaite commencer dans le tourisme et qui veut échanger sur ses connaissances sur le Yukon, on veut s’assurer qu’elle a les bonnes bases. Même chose si l’on envoie des gens sur des canots pour être guides, on veut s’assurer qu’ils ont les bonnes certifications », souligne-t-il.
Le grand rêve pour l’industrie serait la création d’une école avec une formation complète sur plusieurs années pour les guides d’ici. Mais entre-temps, une nouvelle formation éclair, cette fois-ci en tourisme hivernal, se prépare cet automne pour former les guides qui accompagneront les touristes l’hiver prochain.
Sarah Xenos