Fonte des glaciers : entre saumons et claims miniers

La fonte d’un glacier du nord de la Colombie-Britannique ouvre de nouveaux cours d’eau et de nouveaux lacs qui représentent de futurs habitats pour des espèces telles que le saumon. (Jonathan Moore)

À mesure que les glaciers fondent, de nouvelles terres et de nouvelles rivières apparaissent dans la région transfrontalière partagée par le nord de la Colombie-Britannique, le Yukon et l’Alaska. Ces rivières émergentes ouvrent la porte à de futurs habitats pour le saumon ainsi qu’à des claims miniers, révèle une étude publiée dans la revue Science.

Les chercheurs affirment que ces territoires émergents pourraient constituer une occasion pour compenser une perte importante d’habitats pour le saumon du Pacifique.

Cette étude est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs de l’Université Simon Fraser (SFU), les chefs héréditaires de la Première Nation Gitanyow, la station biologique de Flathead Lake de l’Université du Montana et la Première Nation Tlingit de Taku River.

Les chercheurs Jonathan Moore, de l’Université Simon Fraser, et Mark Connor, de la Première Nation Tlingit de Taku River, près des rives de la rivière Tulsequah. (Chris Sergeant)

Pour Tara Marsden, directrice du développement durable pour les chefs héréditaires des Gitanyow et coauteure de cette étude, la recherche émergente est douce-amère.

D’une part, la fonte des glaciers est une preuve claire et inquiétante des changements climatiques, et d’autre part, ces découvertes peuvent indiquer qu’il y a une lueur d’espoir pour le saumon.

Les saumons s’adaptent aux changements climatiques créés par l’être humain et nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour garantir leur succès.

– Tara Marsden, directrice du développement durable pour les chefs héréditaires des Gitanyow et coauteure de l’étude

Cependant, ce même secteur suscite déjà l’intérêt des sociétés minières.

La calotte glaciaire couvre actuellement des zones du Triangle d’or canadien, une zone du nord de la Colombie-Britannique nommée ainsi puisqu’elle contient certains des gisements d’or les plus riches du monde.

L’auteur principal Jonathan Moore, professeur d’écologie et de conservation aquatique à la SFU, étudie le retrait des glaciers et les saumons depuis des années. Il s’agit de sa première étude qui examine directement la zone d’intersection entre l’exploitation minière, les changements climatiques et les écosystèmes aquatiques.

Un saumon rouge dans le bassin versant de Taku, en Colombie-Britannique. (Jonathan Moore)

Les chercheurs ont constaté que dans 25 des 114 bassins versants, au moins la moitié des futurs habitats du saumon se trouvent à proximité de claims miniers.

Au total, environ la moitié des futurs habitats du saumon présentent un potentiel minéral élevé ou moyen, ce que les auteurs de l’étude considèrent comme un indicateur de la pression minière potentielle future.

Écologie et droits des Premières Nations

Cette étude comprend un certain nombre de recommandations destinées à combler ce que les chercheurs décrivent comme des lacunes politiques critiques concernant les claims miniers.

L’obligation de consulter les parties prenantes autochtones fait partie du droit constitutionnel canadien depuis 1982.

Pourtant, le régime de titres miniers à accès libre, qui permet aux compagnies minières d’entrer, d’accéder aux terres et de commencer le processus d’enregistrement d’un claim dans une région, ne nécessite pas de consultations avec les Premières Nations en Colombie-Britannique et dans de nombreuses régions du Yukon.

Une mine abandonnée sur les rives de la rivière Tulsequah, en Colombie-Britannique. (Chris Miller)

En septembre dernier, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a ordonné à la province de mettre à jour sa Loi sur les concessions minières au cours de la prochaine année et demie pour inclure la consultation des parties prenantes autochtones.

Les lois environnementales se concentrent généralement sur la valeur actuelle des terres plutôt que sur leur avenir, selon Jonathan Moore, et «cela doit changer».

Cette étude révèle la nécessité d’examiner attentivement les lois environnementales et de s’assurer qu’elles protègent non seulement les habitats d’aujourd’hui, mais également ceux de demain.

– Jonathan Moore, professeur d’écologie et de conservation aquatique à la SFU et auteur principal de l’étude

Tara Marsden n’est pas totalement opposée à l’exploitation minière dans la région, mais elle déclare que «tout développement devrait être effectué avec soin et en partenariat avec les Premières Nations afin de minimiser les impacts potentiels».

Compte tenu de l’importance du saumon pour de nombreuses communautés et du grave déclin enregistré, elle estime que la protection de ces nouveaux habitats devrait être une priorité.

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