L’opposant russe emprisonné Navalny assure aller « bien » après son transfert en Arctique

L’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny, dont le sort inquiète en Occident, a assuré mardi qu’il allait « bien », après un long et « fatiguant » transfert vers une colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique. 

Ses proches, qui n’avaient plus de nouvelles de lui depuis près de trois semaines, ont annoncé lundi avoir retrouvé sa trace dans une colonie pénitentiaire de Kharp, située en Iamalo-Nénétsie, au-delà du cercle polaire arctique.

Ils affirment que les autorités russes cherchent à l’isoler encore davantage, trois mois avant l’élection présidentielle de mars 2024 lors de laquelle la victoire de Vladimir Poutine semble acquise.

Dans son premier message sur les réseaux sociaux depuis sa disparition, Alexeï Navalny a déclaré que le voyage de 20 jours vers son nouveau lieu de détention avait été  « assez fatigant ».

« Mais je suis dans un bon état d’esprit, tel un Père Noël », a-t-il ajouté, faisant référence à sa « barbe » qui a poussé pendant ce long trajet ainsi qu’à ses nouveaux habits d’hiver adaptés aux températures polaires.

« Quoi qu’il en soit, ne vous inquiétez pas pour moi. Je vais bien. Je suis soulagé d’être enfin arrivé », a dit l’opposant, qui a pu voir son avocat lundi selon ses collaborateurs.

Charismatique militant anticorruption et ennemi numéro un de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, 47 ans, purge une peine de 19 ans de prison pour « extrémisme ». Il avait été arrêté en janvier 2021 à son retour de Russie d’une convalescence en Allemagne pour un empoisonnement qu’il impute au Kremlin.

Il avait disparu début décembre de la colonie pénitentiaire de la région de Vladimir, à 250 kilomètres à l’est de Moscou, où il était jusque-là détenu, ce qui signifiait son probable transfert vers un autre établissement.

En Russie, de tels voyages prennent souvent des semaines en train et en plusieurs étapes, les proches des détenus restant sans nouvelles pendant cette période.

Selon le verdict pour « extrémisme » prononcé contre M. Navalny, l’opposant doit purger sa peine dans une colonie à « régime spécial », la catégorie d’établissements où les conditions de détention sont les plus rudes et qui sont d’ordinaire réservés aux condamnés à perpétuité et aux détenus les plus dangereux.

La colonie où est actuellement détenu M. Navalny, surnommée « Loup polaire », est un établissement héritier du Goulag soviétique. Les détenus y travaillent notamment au tannage et à la couture de peaux de rennes, utilisées par les populations autochtones locales.

Il a indiqué être arrivé dans son nouveau lieu de détention samedi soir, au terme d’un voyage discret et « à l’itinéraire si étrange » qu’il ne pensait pas être retrouvé par ses proches avant la mi-janvier.

« C’est pour cela que j’ai été surpris quand la porte de la cellule s’est ouverte hier et qu’on m’a dit: « un avocat est là pour toi », a-t-il raconté, se disant reconnaissant du « soutien » exprimé.

L’un de ses proches collaborateurs, Ivan Jdanov, a accusé les autorités russes de vouloir l’«isoler » à l’approche de l’élection présidentielle.

Selon lui, Alexeï Navalny est détenu dans « l’une des colonies les plus septentrionales et les plus «éloignées » de Russie, où les conditions sont « dfficiles. »

En Occident, sa disparition avait provoqué de l’inquiétude, pas tout à fait apaisée par sa réapparition dans une région très reculée.

Les Etats-Unis se sont dits lundi « profondément inquiets » des « conditions de détention » d’Alexeï Navalny, exigeant sa libération.

Le mouvement de M. Navalny a été méthodiquement éradiqué par le pouvoir ces dernières années, poussant ses collaborateurs et alliés à l’exil ou en prison.

Début décembre, les autorités russes ont engagé de nouvelles poursuites pour « vandalisme »contre le militant anticorruption, ce qui pourrait ajouter trois années de détention à sa peine.

Vladimir Poutine vise un nouveau mandat de six ans au Kremlin lors de la présidentielle de mars, un mandat qui le porterait jusqu’en 2030, année de ses 78 ans.

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