Augmentation de l’offre éducative pour adultes au Nunavik

Au total, six classes modernes ont été construites pour la formation des adultes à Kuujjuaq. (Radio-Canada/Félix Lebel)

La commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq a multiplié les efforts pour augmenter l’offre éducative pour adultes avec de nouveaux programmes professionnels et la construction d’une résidence pour étudiants à Kuujjuaq. L’organisation veut permettre aux Inuit de poursuivre leurs rêves professionnels, sans se déraciner.

Assis à son bureau dans les locaux temporaires du centre d’éducation pour adulte, Félix Watt est plongé dans l’étude de l’histoire du Québec. Après avoir abandonné ses études à l’adolescence, le jeune homme de 21 ans est très motivé.

Il espère obtenir son diplôme d’études secondaires et se lancer dans une formation professionnelle dès que possible.

Même s’il n’en a pas nécessairement besoin pour être accepté à la formation professionnelle, Félix Watt tient à terminer son secondaire et montrer ce dont il est capable. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Après les fêtes, il pourra poursuivre ses études secondaires dans de tout nouveaux locaux récemment construits à Kuujjuaq.

La commission scolaire Kativik Illisarnilirik souhaite ainsi augmenter son offre éducative. Il sera possible d’y suivre un cours de comptabilité, de coiffure, des cours pour les étudiants aux besoins spéciaux ainsi que la formation générale pour terminer le secondaire.

Il sera aussi possible de poursuivre certains cours de niveau postsecondaire en ligne, grâce à un récent accès Internet haute vitesse par satellite.

«La réception de ces locaux va vraiment nous permettre d’améliorer l’accessibilité à la formation, diversifier l’offre et améliorer l’expérience éducative pour les élèves parce qu’ils seront dans des locaux qui s’y prêtent», explique le directeur de la formation professionnelle et aux adultes, Mamadou Diop.

Le centre d’éducation a été construit en l’espace d’un été à Kuujjuaq. (Radio-Canada/Félix Lebel)

L’ancien édifice était considéré comme vétuste, et sa petite taille empêchait l’augmentation de l’offre éducative.

Une fois son Diplôme d’études secondaires en main, Félix Watt souhaite poursuivre son parcours vers une formation professionnelle en soudure.

Comme de nombreux Nunavimmiut, il devra toutefois quitter le Nunavik et déménager au sud du Québec pour suivre ce cours, qui n’est pas encore offert dans la région.

L’obligation de partir pour étudier

Ce déracinement serait très difficile à vivre pour ces étudiants, qui abandonnent temporairement une langue, une culture et leur style de vie nordique.

«S’ils mettaient en place ces cours directement au Nord, plusieurs personnes saisiraient cette opportunité. Les gens s’empêchent parfois de poursuivre leurs rêves, car ils ne veulent pas quitter la région», explique Félix Watt.

L’avion est le seul moyen d’accéder au Nunavik, qui est isolé du reste de la province. (Photo d’archives/CBC/Jackie McKay)

Ce dernier se dit profondément attaché à son territoire et aux pratiques traditionnelles, qu’il perpétue avec sa famille.

Chaque saison est marquée par une chasse différente, comme celle du caribou au printemps et de l’omble chevalier ou du saumon à l’été.

Malgré cet attachement, il est prêt à sacrifier quelques années de cette vie nordique pour une formation qui lui assurera une indépendance financière.

C’est toutefois un sacrifice difficile, qui est d’autant plus complexe lorsqu’un étudiant adulte a des enfants à charge.

«C’est un sentiment difficile à expliquer. C’est notre terre, nous voulons vivre ici. C’est tout un style de vie qu’on ne veut pas quitter», explique Félix Watt.

Félix Watt souhaite obtenir son diplôme d’études professionnelles et contribuer à sa communauté d’origine. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Une offre en croissance

Ce souhait qu’ont plusieurs résidents du Nord de pouvoir étudier sans devoir se déraciner est bien connu à la Commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq.

L’organisation a justement mis en place un plan d’expansion de l’offre éducative pour adultes.

En plus de la construction de nouveaux locaux, Kativik Ilisarniliriniq s’est lancé dans la construction d’une résidence pour étudiants à Kuujjuaq.

Le bâtiment comprend 8 unités de deux chambres et 29 petits studios, pour y accueillir jusqu’à 110 étudiants.

Les travaux de construction sont temporairement arrêtés durant la période hivernale et recommenceront dès le printemps. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Il permettra donc aux résidents des autres communautés du Nunavik de venir étudier à Kuujjuaq, sans quitter leur région natale.

Le projet de près de 42 millions de dollars, sera terminé d’ici le printemps 2025.

Les petits logements pourront accueillir des étudiants seuls, mais aussi de jeunes parents avec leurs enfants. (Gracieuseté: KATIVIK ILLISARNILIRINIQ)

Adjacent à cette résidence, la commission scolaire souhaite aussi y construire un second centre de formation professionnelle, d’ici 2028.

«Ce sera tout un écosystème où on aura des formations en administration et des formations orientées vers la mécanique et la conduite des engins de chantier», ajoute Mamadou Diop.

Impliquer davantage les Inuit

En visite dans les nouveaux locaux de Kuujjuaq, la présidente de Kativik Ilisarniliriniq, Sarah Aloupa, se réjouit de la future offre régionale.

Garantir plus de formations professionnelles, collégiales et universitaires dans la région va assurément permettre d’inclure davantage les Inuit dans les secteurs d’emploi en demande dans la région.

Sarah Aloupa estime qu’augmenter l’offre éducative régionale va aussi améliorer la diplomation dans la région. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Elle se désole, par exemple, de la faible proportion de travailleurs inuit dans les chantiers de construction de la région en raison du manque de main-d’œuvre locale formée.

Elle espère donc que ces avancées vont permettre de maximiser les opportunités pour les Inuit.

«Ces centres sont très importants pour notre peuple, pour qu’ils puissent obtenir leur diplôme ici. […] J’aimerais voir un jour des Inuit dans toutes les sphères de direction du nord. Je veux voir des docteurs inuit, des infirmières inuit, des policiers et enseignants de la région», souligne Sarah Aloupa.

Selon elle, la réussite de cet objectif passera par une augmentation progressive et constante de l’offre éducative régionale pour permettre aux Inuit d’étudier et grandir chez eux.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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