Origine autochtone de Buffy Sainte-Marie : des réactions mitigées dans le Nord

Une enquête de CBC a remis en doute les origines autochtones de la chanteuse Buffy Sainte-Marie. (Evan Mitsui/CBC)

À travers le Grand Nord, des membres de communautés autochtones se sont entretenus avec CBC cette semaine pour discuter de l’héritage de Buffy Sainte-Marie et pour savoir s’ils croient ou non à l’enquête de l’émission The Fifth Estate (en anglais) qui remet en cause les origines autochtones de l’artiste.

Jusqu’à maintenant, l’autrice-compositrice et chanteuse n’a abordé aucune des questions soulevées par l’enquête, mais a indiqué que ces allégations sont «profondément douloureuses» et qu’elle continue de revendiquer son identité autochtone.

L’enjeu est complexe. Il soulève des questionnements quant à savoir qui décide de l’identité autochtone d’une personne et comment les effets du colonialisme ont une incidence sur cette identité.

Pour Maria Currie, une musicienne à moitié crie de Yellowknife, il s’agit d’une nuance avec laquelle elle se débat depuis la sortie de l’enquête. Elle dit soutenir l’artiste pour le moment, mais que cet appui pourrait changer.

Maria Currie soutient que mesurer l’identité d’une personne au degré de sang qui coule dans ses veines est une manière coloniale de concevoir l’identité. (Jared Monkman/CBC)

«C’est une icône et une pionnière. Elle a ouvert des portes, particulièrement pour les femmes artistes autochtones. Elle a fait de la musique incroyable et elle est une personne incroyable», affirme-t-elle, en appelant les gens à avoir de la compassion, y compris envers eux-mêmes dans toute cette histoire.

Étant une personne à ascendance mixte, Maria Currie affirme que de regarder le degré de sang autochtone d’une personne est «une manière très coloniale de mesurer notre autochtonie.

Je pense que les communautés autochtones sont en mesure de déterminer cela elles-mêmes et qui elles accueillent et qui font partie de leurs familles.- Maria Currie, musicienne de Yellowknife

Lorsqu’il se souvient de Buffy Sainte-Marie, Gary Bailie, l’organisateur du festival de musique Blue Feather à Whitehorse, pense surtout aux mots gentils qu’elle lui a dits avant de monter sur scène.

«Elle m’avait dit que j’avais trouvé ma voie.» Des mots qui, pour celui qui a dédié son temps et son énergie pendant des décennies à promouvoir et à célébrer la musique autochtone, étaient «vraiment chouette».

Il indique que l’enquête de l’émission The Fifth Estate a attisé la colère, la douleur et la division. Il traîne un sentiment de tristesse, mais ne veut pas se prononcer. Toutefois, il espère que, peu importe leur opinion, les gens n’oublient pas qu’un être humain est au coeur de cette histoire.

« Les gens l’adorent. Elle a toujours pris du temps pour tout le monde. Elle est drôle et intelligente, je n’ai que de bons souvenirs à son propos », dit-t-il en parlant de ses multiples participations au festival Blue Feather.

Pour d’autres, comme Garth Wallbridge, un avocat métis pratiquant à Yellowknife, le travail et les réussites de Buffy Sainte-Marie au long de sa carrière ont été ternis par la remise en question de ses origines autochtones.

Gary Bailie organise le festival de musique autochtone Blue Feather à Whitehorse depuis des années. Buffy Sainte-Marie y a joué à plusieurs reprises. (Virginie Ann/ CBC)

Selon lui, même si elle demeure une excellente musicienne, les prix et les honneurs qu’elle a remportés ont enlevé des possibilités aux artistes autochtones. Il voudrait voir ces prix être révoqués, mais il comprend que l’enquête peut-être difficile à accepter.

« Les gens ont tellement investi en elle, ils veulent croire. Ils ont de la difficulté à passer outre », croit-il.

Il y a une partie de l’héritage de Buffy Sainte-Marie qui ne changera pas toutefois, assure Aaju Peter, une résidente d’Iqaluit. C’est l’inspiration ressentie par les gens devant sa musique et son succès.

Selon elle, il y a une distinction entre appartenir à une communauté et être né au sein de cette communauté. Elle-même est née au Groenland et vit au Canada, une situation qu’elle comprend bien.

«J’ai perdu mon identité en allant à l’école au Danemark, mais j’ai été accepté dans une communauté inuit», raconte-t-elle en ajoutant «comprendre le sentiment d’appartenir à une communauté. Mais cela n’inverse pas le fait d’être né Autochtone.»

Aaju Peter assure que tout ce qu’elle peut conclure c’est que les faits semblent remettre en question les origines autochtones de l’artiste, mais elle demeure ouverte à tout ce que la vérité pourrait être.

Avec les informations de Teresa Qiatsuq, Hilary Bird et Dave White

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