Trois artistes inuit en résidence artistique à Winnipeg
Trois artistes inuit du Nunavut sont au Manitoba pour une résidence artistique de quatre semaines à la Winnipeg Art Gallery (WAG)-Qaumajuq.
Aghalingiak Okokannoak, Dayle Kubliuitok, et Eva Qirniq Noah sont arrivées à Winnipeg pour le début du programme Artiste en résidence cette semaine. Ils y resteront jusqu’au 16 février.
Les trois artistes ont été sélectionnées par un comité composé de membres du gouvernement du Nunavut, de la Nunavut Tunngavik inc. et de la WAG-Qaumajuq.
Du textile au numérique
«C’est complètement irréel!», lance Dayle Kubluitok, une artiste numérique d’Iqaluit. «J’attends toujours de me réveiller de ce rêve», dit-elle, ce qui déclenche un rire chez ses deux collègues, Aghalingiak Okokannoak de Cambridge Bay, mieux connue comme Agha, et Eva Qirniq Noah de Baker Lake.
C’est qu’en plus d’un cachet de 10 000 $, les trois femmes auront accès pendant leur résidence à des espaces de studio et aux équipements en arts médiatiques de la galerie.
C’est effectivement un rêve d’avoir accès à tout cet équipement pour produire avec, comme elles le disent, «ce qu’elles aiment».
Agha voit dans sa résidence une occasion d’aller plus loin dans son art qui se concentre majoritairement dans le domaine du multimédia. Elle espère profiter de son passage au WAG-Qaumajuq pour tenter des expérimentations avec le textile.
C’est donc une chance de plus qui s’offre à elle puisque sa collègue en résidence, Eva Qirniq Noah, joue avec le textile depuis plus de 30 ans. Cette dernière poussera son art plus loin, notamment grâce à un accès facile aux matériaux.
Justement, Agha le dit d’emblée : le fait d’être dans une ville où elle peut tout simplement aller au magasin pour acheter ce dont elle a besoin est en soi un changement radical. «Normalement ,on doit commander les matériaux comme le textile sans les voir ni les toucher. Ici, je peux aller directement au magasin. C’est vraiment un privilège!»
Même son de cloche d’Eva Qirniq Noah. Elle veut faire une razzia dans les magasins avant de repartir. «J’ai très hâte de rapporter des toiles sur lesquelles travailler et aussi beaucoup de peinture», dit-elle avec joie.
Le programme permet à ces trois artistes inuit de perfectionner leur art par l’expérimentation sans subir la pression qu’engendrerait l’obligation de présenter un ensemble d’œuvres finies, peut-on lire dans le communiqué de presse de la galerie.
Le passé, une inspiration
Ils pourront aussi effectuer des recherches et apprendre au sujet de la collection d’art inuit de la WAG-Qaumajuq. Dayle Kubluitok voit une grande chance dans le fait de pouvoir apprécier et observer cette collection. «Ça fait des milliers d’années qu’on fait de l’art. C’est donc génial de pouvoir voir tout ça. Ça m’inspire énormément!»
Un des objectifs de la résidence est de promouvoir l’art inuit du Nunavut à l’extérieur de ses frontières. La directrice de Patrimoine et Culture Nunavut, Caroline Whittle, croit que «l’art enrichit la vie, promeut la créativité et l’innovation et fait un travail de préservation de la culture, du patrimoine et de la langue du Nunavut».
De son côté, le directeur de la WAG-Qaumajuq, Stephen Borys, soutient que l’une des raisons d’être de la galerie est justement d’y amener des artistes inuit et de les mettre à l’avant-scène. «Je suis très heureux de ce partenariat avec le gouvernement du Nunavut. Mon équipe et moi avons très hâte de voir ce que l’énergie et la perspective de ces artistes permettront de créer lors de leur résidence.»
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