Des places en garderie réclamées dans le Grand Nord, et en français

Selon la Commission scolaire francophone du Yukon, 57 enfants sont sur la liste d’attente de la Garderie du petit cheval blanc, à Whitehorse. Cette garderie peut accueillir 44 enfants. (Radio-Canada/Claudiane Samson)

En raison des longues listes d’attente, des organismes francophones du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest demandent au gouvernement fédéral de s’engager à soutenir financièrement les garderies francophones en situation minoritaire.

Les deux territoires emboîtent le pas à la campagne nationale qui réclame à Ottawa d’adopter le projet de loi C-35 afin de garantir le financement à long terme des services à la petite enfance en français en milieu minoritaire. 

Cette campagne est menée par la Fédération des communautés francophones et acadienne et la Commission nationale des parents francophones. Elle reçoit l’appui de plusieurs autres organismes, dont la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF).

Mercredi et jeudi, les membres du conseil d’administration de la FNCSF sont sur la colline du Parlement à Ottawa pour faire pression sur les députés afin qu’ils appuient le projet de loi.

Jean-Sébastien Blais, président de la Commission scolaire francophone du Yukon et l’un des administrateurs de la FNCSF, sera dans la capitale nationale. Il espère que le fédéral entendra le cri du cœur venant des communautés francophones.

« On appuie [cette campagne] parce que les garderies sont la pépinière de nos établissements scolaires. Sans garderie, il y a déjà un maillon qui est fragilisé dans la grande chaîne du continuum en éducation […] Et c’est pour ça qu’il faut vraiment s’assurer que le financement fédéral va soutenir et réduire les listes d’attente », dit-il.

Jean-Sébastien Blais, président de la Commission scolaire francophone du Yukon, espère qu’Ottawa entendra le cri du cœur des communautés francophones en situation minoritaire. (Radio-Canada/Claudiane Samson)

Selon M. Blais, 57 enfants sont sur la liste d’attente de la Garderie du petit cheval blanc, à Whitehorse. Cette garderie peut accueillir 44 enfants.

Aux Territoires du Nord-Ouest, le portrait est similaire. La plus grande garderie francophone de Yellowknife, la Garderie Plein Soleil, peut accueillir 38 enfants, alors que 40 enfants sont sur la liste d’attente, selon des données partagées par la Fédération franco-ténoise.

Nicole Loubert, qui gère une garderie francophone de six places en milieu familial à Yellowknife, dit qu’elle ne compte même plus le nombre d’enfants sur sa liste d’attente. « Il y a une centaine de noms. C’est compliqué… On fait de notre mieux », dit-elle.

Risque d’assimilation

Rien ne garantit un financement à long terme pour les garderies francophones. Les organismes s’en remettent donc au bon vouloir des gouvernements territoriaux pour conclure des ententes de financement, d’où l’importance d’ajouter cette clause linguistique dans le projet de loi.

« Ce qui est dans une loi, c’est écrit, ça reste. C’est une assurance que dans les discussions entre le gouvernement fédéral et le gouvernement territorial, le fait français, les besoins des francophones vont être présents », dit la directrice de la Fédération franco-ténoise, Audrey Fournier.

La directrice générale de la Fédération franco-ténoise, Audrey Fournier. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Et sans financement à plus long terme, les garderies peinent à créer de nouvelles places, ce qui menace la vitalité des communautés francophones, selon Jean-Sébastien Blais.

« Le problème, c’est que si les [listes] d’attente sont trop longues et que le parent se décourage et envoie son poupon dans une garderie anglophone, déjà, les chances d’assimilation sont très, très grandes », explique Jean-Sébastien Blais.

Audrey Fournier renchérit. « Pour les communautés comme les nôtres, ça a un impact majeur. Ce sont des enfants qui ne seront pas préparés pour entrer à l’école francophone et qui risquent de suivre un parcours anglophone. »

Défis accrus dans le Grand Nord

Avec l’éloignement géographique, les garderies francophones dans les deux territoires font face à des coûts d’exploitation beaucoup plus élevés que dans les provinces du Sud, d’où l’importance accrue pour le Nord de faire pression sur Ottawa.

« L’un des grands défis, c’est d’avoir la main-d’œuvre qualifiée qui veut relever le défi professionnel de venir travailler dans un endroit comme le Nord canadien », indique Jean-Sébastien Blais.

La Garderie du petit cheval blanc a été créée par un groupe de parents francophones en 1989. (Radio-Canada/Claudiane Samson)

« C’est difficile pour plein de professions. Ça l’est également pour la profession de la petite enfance. »

Une autre pression supplémentaire est l’acquisition de ressources en français, selon M. Blais. « Les ressources sont loin, donc ça coûte plus cher que si on avait [accès] à des ressources locales. »

À Yellowknife, le recrutement et la rétention d’employés ajoutent aussi à la pression sur les garderies. « C’est extrêmement difficile de faire venir les gens, des gens compétents qui sont formés, puis de les retenir aussi […] On a un roulement d’employés assez incroyable », dit la directrice de la FFT.

« Ce ne sont pas des postes qui sont très bien payés, alors c’est difficile dans le Nord de garder ces gens-là », conclut-elle.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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