Des recherches pour lutter contre la contamination d’aliments consommés dans le Nord canadien

La scientifique Mélanie Lemire explique que les aliments traditionnels ne sont pas transformés et sont de meilleure qualité que la majorité des aliments disponibles dans les épiceries du nord. (Uriel Sinai/Getty Images)
L’Université Laval a récemment lancé une nouvelle chaire de recherche qui a pour vocation d’améliorer la santé des populations autochtones nordiques et côtières. Les chercheurs vont se pencher sur les contaminants comme le plomb et le mercure qui sont présents dans la nourriture prisée des Premières Nations et en particulier des Inuit.

Poissons, cervidés, oiseaux migrateurs, petits fruits, mollusques et mammifères marins… tous ces produits sont l’une des premières sources d’alimentation des Autochtones, et ce, surtout dans le nord du pays. Ils sont au cœur de la culture locale et de grande qualité nutritionnelle.

« Ces aliments qui viennent de la nature ne sont pas transformés et sont de meilleure qualité que la majorité des aliments disponibles dans les épiceries du Nord », détaille Mélanie Lemire, la professeure titulaire qui pilote les travaux de la Chaire et professeure adjointe au Département de médecine sociale et préventive de l’Université Laval.

Les Inuit chassent encore beaucoup pour se nourrir. Ici, Pitseolak Alainga montre ses outils de chasseur à l’ancien ministre des Finances, Jim Flaherty, en 2020. (Getty Images/AFP)

Problème, certains de ces aliments traditionnels peuvent accumuler du mercure ou du plomb, mettant à risque la santé des Autochtones, en particulier pour le fœtus durant la grossesse et pour les jeunes enfants.

« Attention, on ne veut pas non plus faire paniquer les gens. Notre objectif est de transmettre l’information quant aux sources locales de ces contaminants pour qu’ils puissent faire des choix éclairés. Il n’y a pas de contaminants dans tous les aliments, mais principalement dans les aliments en haut de la chaîne alimentaire comme les truites grises les plus âgées et la viande de béluga », précise Mme Lemire.

Là encore, il est important de noter que dans le béluga, les contaminants se trouvent surtout dans la chair, mais pas dans la peau par exemple.

Il est impossible de servir le gibier sauvage issu de la chasse, que ce soit l’orignal ou le caribou, dans les restaurants. (Uriel Sinai/Getty Images)

La Chaire a donc pour but de permettre aux Autochtones de mieux connaître les effets qu’ont ces contaminants sur leur alimentation.

« Mon travail se décline en trois grands axes : suivre l’exposition aux contaminants et voir d’où ils proviennent, comprendre leurs effets sur la santé et comment les changements environnementaux peuvent affecter les aliments », explique Mme Lemire.

Pour y parvenir, Mme Lemire et son équipe de 22 personnes travaillent en étroite collaboration avec leurs collègues de la Santé publique du Nunavik. « Les Inuit sont nos alliés. Au final, ce sont d’excellents “scientifiques” car ils connaissent très bien leur territoire », explique-t-elle.

Le phoque fait partie des mammifères marins que les Inuit chassent pour se nourrir. (Andy Clark/Reuters)

À long terme, la scientifique espère que ses données vont permettre de bannir certains contaminants, notamment les composés perfluorés. Certains de ces nouveaux composés sont très persistants dans l’environnement, voyagent jusqu’en Arctique, se concentrent dans la faune et peuvent avoir des effets néfastes chez les gens qui consomment la chair des animaux ou des poissons.

On les trouve dans différents produits de consommation comme les produits antitaches, les poêles en téflon ou encore les membranes imperméables à l’eau présentes dans certains textiles. Il est vraiment difficile d’en identifier la source. Alors que les composés perfluorés plus anciens sont bannis, de nouveaux composés de remplacement sont régulièrement mis sur le marché.

« Ils sont ensuite retrouvés dans les écosystèmes nordiques et chez les populations qui y vivent. C’est une injustice environnementale. »Mélanie Lemire, professeure adjointe au Département de médecine sociale et préventive de l'Université Laval

La chaire a obtenu un financement de 2,5 millions de dollars sur cinq ans, principalement de Sentinelle Nord, un programme qui encourage la formation d’équipes et de projets de recherches, ainsi que le ministère Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord.

À long terme, les travaux de la chaire prendront la force de projet de recherche et d’intervention.

Delphine Jung, Radio-Canada

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