Les ours polaires mal adaptés à une vie sans banquise, d’après une nouvelle étude

Sans banquise, les ours ont du mal à s’alimenter suffisamment. (Photo d’archives)

Malgré les espoirs de plusieurs communautés dans l’Arctique, il est peu probable que les ours polaires soient capables de s’adapter à une baisse du couvert de glace, car ils ne peuvent s’alimenter suffisamment sur la terre ferme, selon une nouvelle étude publiée mardi dans la revue Nature.

Un groupe de scientifiques américains et canadiens en sont arrivés à cette conclusion en suivant une vingtaine d’ours polaires dans leur recherche de nourriture dans l’ouest de la baie d’Hudson, au Manitoba.

Ils ont remarqué que, durant l’été, certains ours tentent de s’alimenter en cherchant des œufs d’oiseaux, des baies, des caribous ou des carcasses d’animaux sur le bord des plages.

«Ces ours qui mangeaient sur la terre ferme ont perdu sensiblement le même poids que ceux qui préféraient se reposer pour conserver leur énergie […] Les deux groupes perdent environ un kilogramme par jour, ce qui est énorme pour ces ours qui restent sur la terre ferme environ 130 jours durant l’été», explique le chercheur du Centre scientifique de l’Alaska et cosignataire de cette étude Anthony Pagano.

Ces données montrent à quel point les ours polaires sont dépendants de la chasse aux phoques, riches en gras, pour être en bonne santé.

Ils ont toutefois besoin de la banquise pour être en mesure de trouver leurs proies.

Les étés qui se prolongent et la baisse du couvert de glace dans les régions nordiques du pays augmentent donc considérablement le risque de famine chez ces ours, qui auraient de plus en plus de mal à s’alimenter. La sous-alimentation serait par ailleurs aussi en cause dans la baisse des capacités reproductive chez les femelles.

Le phénomène risque donc de s’accélérer à l’avenir, selon les chercheurs, au rythme de la perte du couvert de glace chaque année, en raison de l’augmentation des changements climatiques.

Les ours peuvent perdre 1 kilogramme de masse corporelle par jour lorsqu’ils n’ont pas accès à la banquise pour chasser les phoques. (Photo : David McGeachy)

Le groupe d’étude compte maintenant évaluer durant quelle période l’impact sur les ours se fera le plus sentir, selon les prévisions de glace.

Craintes au Nunavik

Cette réalité, soulignée par les chercheurs, se fait de plus en plus sentir au Nunavik, du côté est de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava.

Cette année dans cette région, le couvert de glace en mer s’est formé beaucoup plus tard que prévu. Les observateurs inuit y voient un signe direct des changements climatiques.

«Ce n’est plus comme avant. On a des printemps hâtifs, des hivers tardifs, des étés plus chauds chaque année. C’est quelque chose qu’on n’a jamais vu de notre vie […] C’est très inquiétant pour les Inuit», dit Tommy Palliser, le directeur du Comité régional de la faune marine du Nunavik.

L’ours polaire utilise le couvert de glace pour chasser les phoques. (Photo d’archives/Radio-Canada/Sébastien Ross)

Tommy Palliser souligne par ailleurs que la perte du couvert de glace a déjà des répercussions sur les ours polaires, qui auraient parfois du mal à s’alimenter.

Il craint que les ours, en quête de nourriture, ne s’approchent de plus en plus des villages comme c’était le cas pour la première fois à Kuujjuaq en janvier dernier.

«C’est un problème de sécurité, quand ils viennent dans ta communauté, ils n’ont pas peur. Ils ont faim. C’est un gros changement. Ils avaient l’habitude de chasser sur la glace en novembre. Maintenant, la glace se forme en décembre ou en janvier», ajoute-t-il.

Le Nunavik se trouvant au sud de l’aire de répartition de l’ours polaire, sa population d’ours serait donc davantage touchée que celles plus au nord.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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