Johannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles, ne sera pas renvoyé des Oblats

Johannes Rivoire est arrivé au Nunavut dans les années 60 et il est reparti en France en 1993. (Lieve Halsberghe/Archives)

Les autorités oblates à Rome ont statué que le prêtre Johannes Rivoire, qui fait face à des accusations d’agressions sexuelles sur des enfants au Nunavut, pourra demeurer membre de la congrégation.

Johannes Rivoire, qui a aujourd’hui plus de 90 ans et vit à Lyon, en France, fait face à des accusations de nature sexuelle de longue date pour des faits qui se sont déroulés lorsqu’il travaillait au Nunavut.

Les Oblats de Marie-Immaculée (OMI), les Oblats de la Province de France, et OMI Lacombe Canada ont demandé en 2022 aux autorités de la congrégation à Rome d’entreprendre les procédures de destitution contre le prêtre Rivoire, après son refus de retourner au Canada pour faire face aux accusations qui pèsent contre lui.

«Je suis très déçu», a dit le révérend Ken Thorson, d’OMI Lacombe Canada, en réaction à leur décision.

Un mandat d’arrestation avait été lancé plus tôt cette année pour attentat à la pudeur sur une fille à Arviat et à Whale Cove, au Nunavut, entre 1974 et 1979. Les autorités françaises avaient refusé la demande d’extradition des autorités judiciaires canadiennes.

Le prêtre avait aussi échappé à la justice en refusant de revenir au Canada après avoir fait l’objet d’un mandat d’arrestation en 1998. Il faisait face à au moins trois accusations d’abus sexuels dans les communautés d’Arviat, de Rankin Inlet et de Naujaat.

Ces accusations ont été suspendues plus de 20 ans plus tard. Le service des poursuites pénales du Canada avait dit à l’époque que c’est en partie dû au refus de la France d’extrader le prêtre.

Johannes Rivoire réfute toutes ces allégations qui n’ont pas été prouvées en Cour.

Pressions pour son extradition

Des leaders inuit et des politiciens continuent à mettre de la pression pour que le prêtre soit traduit en justice. Le président d’Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, dit qu’il a demandé au pape François de parler directement au prêtre Rivoire en 2022, lors d’une visite d’une délégation autochtone au Vatican.

Une délégation de 10 personnes, menée par Nunavut Tunngavik inc. – un groupe représentant les Inuit du Nunavut –, s’est aussi rendue en France en 2022 et s’est adressée à Johannes Rivoire pour lui demander de revenir au Canada.

Ce groupe affirme que plus de 60 enfants auraient été abusés par le prêtre.

L’an dernier, près d’une douzaine de membres de BeBraveFrance, la section française d’un mouvement mondial de défense de victimes de pédophilie, ont manifesté devant la maison de retraite où vivait M. Rivoire. Il a depuis été relogé dans la maison administrative des Oblats à Lyon en raison de l’attention qu’il recevait dans cette maison de retraite, dit le révérend Ken Thorson.

Les Oblats de Marie-Immaculée affirment avoir demandé à plusieurs reprises à Johannes Rivoire de faire face aux accusations, ce qu’il aurait refusé.

Ken Thorson souligne que les procédures disciplinaires incluaient deux avertissements et une recommandation formelle. L’avocat de M. Rivoire a cité son état de santé fragile, et un avis médical déconseillant un voyage aérien de plus d’une heure, comme raison de son refus de revenir au Canada, d’après M. Thorson.

Un geste qui aurait pu être symbolique

C’est en prenant en compte de son état de santé que l’administration des Oblats à Rome ne l’a pas renvoyé de la congrégation, ajoute M. Thorson.

Sa destitution ne l’aurait pas forcé à revenir au Canada, indique M. Thorson, mais elle aurait représenté un geste symbolique de la part de l’Église dans son engagement envers l’imputabilité et la réconciliation.

«Je reconnais que nous avons manqué des occasions de prendre ce qui aurait pu être des mesures de guérison dans cette affaire», dit Ken Thorson.

«C’est un regret que j’éprouve.»

Il espère qu’une enquête indépendante sur les allégations auxquelles fait face Johannes Rivoire et la façon dont les Oblats ont géré la situation puisse encore apporter un peu de justice dans le dossier.

Les Oblats de Marie-Immaculée, OMI Lacombe Canada et les Oblats de la Province de France ont en effet mandaté le juge à la retraite André Denis de mener la Commission oblate de sauvegarde, qui vise à faire la lumière sur la façon dont les allégations contre le prêtre ont été traitées au sein de la congrégation catholique.

La commission a également pour but de recommander des améliorations aux politiques et à la gouvernance des Oblats afin de mieux protéger les mineurs et permettre une plus grande imputabilité.

Cette commission révisera aussi les circonstances entourant le départ du Canada de Johannes Rivoire.

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