Le Nunavik souhaite dynamiser son secteur économique
La société Makivvik a réuni à Kuujjuaq cette semaine l’ensemble des acteurs économiques régionaux dans le cadre d’un sommet économique, afin de réduire les obstacles auxquels font face les entreprises de la région.
Entre les nombreuses conférences, les entrepreneurs régionaux et les corporations foncières des villages du Nunavik pouvaient discuter de leur réalité avec des représentants des deux ordres de gouvernement.
C’est la première fois depuis l’an 2000 qu’un tel évènement est organisé au Nunavik.
«On souhaite s’assurer que les entreprises inuit, autant les entrepreneurs individuels que les corporations foncières ont les ressources nécessaires pour bien réussir», explique le directeur du développement économique et vice-président de Makivvik, Andy Moorhouse.
Les entrepreneurs de la région font face selon lui à une série de défis lorsqu’ils souhaitent se lancer en affaires.
L’obtention de prêts peut parfois être difficile, et les différents programmes de subventions sont selon lui mal adaptés à la réalité du Nord.
«Ces programmes ont été développés en fonction des coûts du sud de la province. Souvent, ils ne prennent pas en compte les frais additionnels que nous avons ici au Nord, comme le transport par navire», explique-t-il.
Il existe aussi une certaine méconnaissance des différents programmes de subventions au lancement d’entreprises.
Une situation qui, selon lui, empêche les Nunavimmiut de profiter pleinement des opportunités d’affaires au Nunavik.
«C’est une de nos priorités de faire connaître ces programmes et ces ressources pour s’assurer que les entrepreneurs du nord y aient accès […] d’où l’importance d’un sommet comme celui-là», explique Andy Moorhouse
Barrière de langue
Un autre défi pour les entrepreneurs potentiels du Nunavik est certainement la barrière de la langue, alors que la plupart des procédures administratives du Québec sont en français.
Selon plusieurs, cette barrière complique toutes les étapes de création d’une entreprise, de l’incorporation, jusqu’à la recherche de financement.
«Lorsque j’étais travailleur autonome, j’ai trouvé ça très difficile, même si je maîtrise assez bien le français. Surtout sur les sites web, il y a des terminologies assez spécifiques», explique le codirecteur du développement économique chez Makivvik, Jason Annahatak.
Il faudrait, selon lui, que le gouvernement adapte ces démarches administratives pour inclure davantage les Inuit, qui parlent majoritairement anglais et inuktitut.
Forger une communauté d’affaires
Aussi présent lors de ce sommet, le président de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard, est venu évaluer l’intérêt des entreprises à se rassembler.
Le Nunavik serait la seule région du Québec à ne pas avoir de chambre de commerce active. Une telle organisation pourrait, selon lui, mieux représenter les entreprises de la région sur la place publique et face aux instances gouvernementales.
«On parle beaucoup de réconciliation politique avec les Premières Nations et les Inuit. La réconciliation économique est aussi très intéressante, c’est-à-dire de faire des partenariats, des projets d’affaires ensemble, de faire de l’argent ensemble, de prospérer ensemble. Alors, on est venu établir des contacts», explique Charles Milliard.
Les discussions avec les entrepreneurs régionaux ont été selon lui positives.
La décision de la création éventuelle d’une chambre de commerce sera toutefois entre les mains des entreprises régionales.
Le département du développement économique de Makivvik voit d’un bon œil la présence de la fédération à ce sommet. Tout doit être mis en place, selon Jason Annahatak, pour stimuler la création d’une communauté d’affaires qui profitera aux entreprises inuit.
«Je veux ne rien promettre, mais j’espère qu’on va avoir des commentaires de notre communauté d’affaires, qui nous dirait, oui on aimerait faire quelque chose!», explique Jason Annahatak.
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