Un vol direct entre le Nunavut et le Groenland ouvre la voie à une collaboration
La compagnie aérienne Air Greenland a annoncé qu’elle offrira l’été prochain un vol direct hebdomadaire entre les capitales respectives du Nunavut et du Groenland, Iqaluit et Nuuk. Cette nouvelle liaison suscite déjà un grand engouement au Nunavut.
Née à Nuuk, mais établie à Iqaluit depuis plusieurs années, la consule honoraire du Danemark, Navarana Beveridge, affirme avoir « bien l’intention » de tester cette liaison aérienne l’été prochain. « J’étais extrêmement heureuse d’apprendre la nouvelle », s’exclame-t-elle.
Environ 800 kilomètres séparent les deux capitales. Malgré tout, Navarana Beveridge et sa famille doivent habituellement débourser des milliers de dollars pour se rendre au Groenland. Ce périple de deux à trois jours s’étend sur une distance d’environ 8500 km et englobe trois pays et trois fuseaux horaires.
À leur point le plus proche, à la hauteur de l’île d’Ellesmere, au Nunavut, seule une vingtaine de kilomètres séparent les deux territoires.
En partance d’Iqaluit, l’un des itinéraires les plus fréquents impose de passer par Ottawa, Toronto et Reykjavik, en Islande, avant de prendre un dernier vol vers Nuuk. « En général, lorsque mon mari, ma fille et moi rentrons à la maison, disons pour Noël, les vols nous coûtent environ 9000 $, sans compter les hôtels et les repas. C’est un voyage coûteux », dit-elle.
Un saut vers l’étranger en deux heures
La liaison sera offerte tous les mercredis, du 26 juin au 23 octobre, et prendra environ deux heures, a indiqué Air Greenland dans un communiqué de presse lundi.
Le transporteur utilisera un avion de type Dash 8, qui peut accueillir environ 37 passagers. S’ils le souhaitent, ces derniers pourront d’ailleurs se rendre à Ottawa la même journée. Air Greenland affirme avoir collaboré avec Canadian North pour permettre cette connexion immédiate.
Il s’agira par ailleurs du cinquième trajet du transporteur aérien groenlandais vers une destination internationale. « Le désir de se rendre visite dans la région arctique s’est accru depuis le dernier vol régulier entre les deux capitales, en 2014 », a déclaré le PDG d’Air Greenland, Jacob Nitter Sørensen.
Iqaluit et Nuuk ont déjà été desservies par une liaison aérienne dans le passé. Air Greenland a commencé à offrir ce trajet à la fin des années 1980 et jusqu’en 2001, avant de la rétablir brièvement de 2012 à 2014.
Il faudra toutefois attendre plusieurs mois avant de connaître les coûts du nouveau vol. Dans un échange de courriels, Canadian North indique que les billets d’avion seront mis en vente au courant de l’hiver 2024.
« Collaboration accrue »
Navarana Beveridge croit que la liaison aura de nombreuses retombées positives sur les deux territoires, particulièrement sur les plans culturel, économique, politique et touristique.
Je pense que c’est une connexion importante entre les Inuit du Canada et du Groenland simplement en matière de coopération accrue.
Navarana Beveridge, consule honoraire du Danemark à Iqaluit
Le PDG de Travel Nunavut, Kevin Kelly, abonde dans le même sens. « Il y a un potentiel énorme de développement économique. »
Il s’attend à ce que le vol direct soit utilisé par des touristes, mais aussi par des personnes en voyage d’affaires et des résidents qui veulent rendre visite à des amis ou à des membres de leur famille.
« Ici, à Iqaluit, il y a maintenant une bonne capacité hôtelière et […] les services de pourvoirie sont là. Donc, le moment est sans aucun doute le bon. Les passagers auront donc plusieurs options de choses à faire », indique-t-il.
Kevin Kelly croit que la réussite de la nouvelle liaison aérienne reposera sur sa durabilité. Il espère qu’elle deviendra un « service fiable » à long terme, plutôt qu’un trajet ponctuel. Selon Air Greenland, le vol pourrait être maintenu s’il suscite suffisamment d’engouement.
Nouvel aéroport
Pendant ce temps, l’aéroport de Nuuk est toujours en chantier. Une fois les travaux terminés, à la fin de 2024, il comprendra une nouvelle piste, qui s’étendra sur 2,2 km, et pourra accueillir de plus grands appareils, comme des Boeing 737 et des Airbus A320 et A330.
Cela signifie que des compagnies aériennes qui n’avaient pas les appareils adéquats pour se poser au Groenland pourront maintenant le faire.