Le tartan du Yukon : 40 bougies, de la ténacité et beaucoup de patience

Le tartan officiel du Yukon a été accepté et enregistré en 1984 après près de 20 ans de conception. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

Le 6 avril marque le jour du tartan, notamment au Canada, mais aussi au Yukon, où la journée revêt une dimension particulière. Le territoire célèbre d’ailleurs, cette année, le 40e anniversaire de son tartan officiel, dont la création a demandé beaucoup de ténacité et de patience.

Le projet débute en 1966, un an avant les célébrations du centenaire du Canada. À l’époque, Janet Couture, qui habitait alors avec sa famille à Watson Lake, décide de présenter son concept de tartan, ce tissu à motifs carrelé traditionnel de l’Écosse, au comité du centenaire.

Les esquisses des différents prototypes de tartan se trouvent toutes aux archives du Yukon dans la collection de Janet Couture. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

Les couleurs et l’agencement de Janet Couture ont été choisis afin de représenter le Yukon de manière poétique. Le gouvernement yukonnais et Ottawa sont emballés à l’idée d’avoir un tartan pour le Yukon.

«Alors, le tartan est parti [à Édinbourg pour y être approuvé] et tout le monde s’attendait complètement à ce qu’il soit accepté», explique avec un sourire en coin l’archiviste Lesley Buchan. C’est que la réalité s’est avérée loin des espoirs du territoire.

 

La signification des couleurs du tartan du Yukon 

  • Le bleu cristallin du fond représente les eaux étincelantes alimentées par les glaciers du Yukon et des ciels clairs.
  • Le magenta reflète la couleur de l’emblème floral du Yukon, l’épilobe de la fin d’été.
  • Le vert est un symbole des grandes étendues de forêts sauvages.
  • Le violet symbolise la poussée majestueuse des montagnes dans le ciel du Nord.
  • Le blanc représente la pureté de la neige qui couvre les sommets et les clairières alpines l’hiver.
  • Le jaune représente les longues et douces soirées sous le soleil de minuit et le fameux or du Yukon.

Source : Registre écossais des tartans

  

  

Lesley Buchan raconte qu’en 1967, l’année même du centenaire du pays, le Yukon a finalement obtenu une réponse : le design de Janet Couture a été rejeté.

Dans une lettre signée par lord Lyon, celui-ci souligne avoir été «extrêmement inquiet de la création irréfléchie d’un tartan prétendument permanent» pour un anniversaire comme celui du centenaire.

Lesley Buchan est archiviste de dossiers privés pour les Archives du Yukon. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

«Une fois qu’un tartan est enregistré, ce qui n’est pas fait sans exiger preuves de considérations, il est attendu que celui-ci soit permanent et inchangé pour une famille, un clan ou un district. Alors quelque chose avec un nom comme tartan centenaire est absolument condamné», peut-on lire dans la lettre de lord Lyon.

Comme le motif de Janet Couture avait été breveté, le tissu a tout de même été créé et utilisé pour la confection de plusieurs vêtements sans toutefois pouvoir être considéré comme un «tartan officiel», ce qui n’a pas été sans conséquence.

«En 1983, deux jeunes danseurs du Yukon se sont présentés à une compétition de danse écossaise, mais ils ont été disqualifiés pour ne pas avoir porté un tartan qui était officiellement enregistré», raconte Lesley Buchan.

En 1983, plusieurs Yukonnais, membres de la troupe Highland dancers, ont été disqualifiés d’une compétition pour avoir porté un tartan qui n’était pas enregistré. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

Le gouvernement territorial a donc repris le projet avec l’accord de Janet Couture, puis modifié le tartan afin qu’il corresponde aux normes strictes de l’Écosse. Celui-ci a finalement été accepté en octobre 1984, soit 18 ans après les premières ébauches de sa conception.

«Encore aujourd’hui, nous voyons des gens incorporer le tartan dans leur habillement ou parfois ce sera un accessoire cousu avec le motif. C’est un tissu très populaire pour beaucoup de gens», souligne l’archiviste.

Angélique Bernard a été commissaire du Yukon de 2018 à 2023. (Photo d’archives/Radio-Canada/Vincent Bonnay)

L’ancienne commissaire du Yukon, Angélique Bernard, concède que le motif est un peu une image de marque pour le territoire. On le retrouve dans plusieurs accessoires officiels, et aussi bien les jeunes que les moins jeunes arborent le motif.

«Le mois dernier, j’ai accompagné mon plus jeune fils à un tournoi de hockey avec son équipe du Yukon en Colombie-Britannique et l’un des joueurs de son équipe avait sa cravate de tartan. J’ai trouvé ça mignon qu’un jeune de 12-13 ans porte la cravate au tartan du Yukon», mentionne-t-elle.

«Ça donne une certaine appartenance au territoire auquel on se trouve et les couleurs sont représentatives du Yukon», dit-elle.

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