Début de l’enquête sur le décès de 4 femmes autochtones au refuge de Whitehorse

Dans la salle prévue pour les audiences de l’enquête publique, un mémorial a été érigé avec des photos des femmes qui ont perdu la vie au refuge ces deux dernières années. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

La première journée de l’enquête publique visant à faire la lumière sur quatre décès survenus en 2022 et 2023 au refuge de Whitehorse a été pour le moins éprouvante, lundi. Le jury doit y déterminer les circonstances entourant ces décès et formuler des recommandations pour éviter que cela ne se reproduise.

Avertissement : le témoignage qui suit peut choquer ou réveiller des traumatismes chez certains lecteurs.

L’enquête avait été annoncée par la coroner en chef du Yukon, Heather Jones, en octobre dernier. Le coroner britanno-colombien Michael Egilson présidera tout au long du processus qui pourrait prendre au moins trois semaines et durant lequel un jury entendra la preuve présentée sous serment par des témoins dans le but d’établir les faits entourant les décès.

Plusieurs photos montrent des femmes souriantes et entourées de leurs proches. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

En plus des représentants des familles et des communautés, des représentants du gouvernement du Yukon, qui était encore responsable du refuge d’urgence en 2022, ainsi que des représentants du Conseil des Premières Nations du Yukon et de Connective, un organisme à but non lucratif basé à Vancouver qui a conjointement repris la responsabilité du refuge en octobre 2022, seront sur place.

Journée bouleversante pour les familles

Le début de l’enquête s’est concentré sur les circonstances entourant la mort de Cassandra Warville, 35 ans, et de Myranda Tizya-Charlie, 34 ans, survenue au refuge de Whitehorse en janvier 2022. Le couple était membre de la Première Nation Vuntut Gwitchin et originaire d’Old Crow.

La journée a débuté avec l’assermentation des six membres du jury puis s’est poursuivie avec un premier témoignage, celui de la sœur de Cassandra et amie de Myranda, Dana Lore. Dans la salle, des proches peinent à maîtriser leur chagrin.

Elle y décrit sa sœur comme une femme avec «un immense sourire» qui avait «le plus grand des amours pour son fils», ajoutant que les deux femmes étaient «de magnifiques personnes».

Elles me manquent tant, je souhaiterais tellement qu’elles soient encore ici.

– Dana Lore, sœur de Cassandra Warville et amie de Myranda Tizya-Charlie

Le témoignage de la mère de Myranda, Bella Tizya, a également été très émotif. Elle décrit sa fille comme une athlète, grande joueuse de hockey qui adorait aider tout le monde autour d’elle.

Je voudrais savoir pourquoi […] je voudrais savoir si ma fille était heureuse la nuit où elle est morte.

– Bella Tizya, mère de Myranda Tizya-Charlie

Elle souhaite maintenant que la mort de sa fille n’ait pas été vaine et permette de sensibiliser la population à la crise reliée à la consommation de substances.

Plus de 3 h 30 avant une intervention

La journée s’est poursuivie avec le visionnement des vidéos de surveillance du refuge, la nuit de la mort des deux femmes, des images qui ont bouleversé les proches à tel point qu’une pause a dû être décrétée.

On y voit Cassandra Warville et Myranda Tizya-Charlie entrer dans le refuge. Vers 22 h 30, elles demandent à l’employé sur place de débarrer la salle de douche. C’est la dernière fois qu’elles seront vues en vie.

Environ 3 h 30 plus tard, vers 2 h du matin, on aperçoit les employés du refuge cogner puis ouvrir la porte avant de rapidement traîner les corps des jeunes femmes hors de la salle de douche, déclenchant la colère et la détresse des proches.

Au moins sept décès sont survenus dans les deux dernières années au refuge de Whitehorse et quatre font l’objet d’une enquête publique ce printemps. (CBC/Cheryl Kawaja)

Dans les prochains jours, les employés du refuge et les ambulanciers seront également appelés à témoigner sur les événements qui se sont déroulés cette nuit-là. Tout au long de l’enquête, des personnes de soutien seront présentes sur place pour aider ceux qui le souhaitent.

L’enquête publique se penchera ensuite sur les circonstances qui entourent la mort de Josephine Elizabeth Hager, 38 ans, et celle de Darla Skookum, 52 ans. Toutes deux sont mortes alors qu’elles fréquentaient le refuge de Whitehorse, dans les premiers mois de 2023, mais la cause de leur mort n’a pas encore été établie.

Le jury n’a pas à déterminer de responsabilité juridique dans cette affaire, mais plutôt à formuler des recommandations pour éviter qu’une situation similaire se reproduise.

 

Ressources de soutien disponible :

Le gouvernement du Yukon indique que du soutien supplémentaire sera offert durant tout le processus.

Pour un accès rapide à du soutien virtuel ou en personne, les gens qui le désirent peuvent communiquer au 867 456-3838 ou au numéro sans frais 1 866 456-3838 afin de prendre rendez-vous. Du soutien en personne sera disponible à Whitehorse ainsi qu’à Pelly Crossing du 10 au 12 avril et à Carmacks du 17 au 19 avril et du 22 au 23 avril.

  

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