L’APN presse Ottawa de combler l’écart en infrastructures d’ici 2030

Cindy Woodhouse, cheffe de l’Assemblée des Premières Nations. (Photo d’archives/PC/Spencer Colby)

L’Assemblée des Premières Nations demande au gouvernement libéral de prendre des mesures urgentes pour réduire le fossé en infrastructures, à quelques jours de la présentation du budget fédéral 2024.

Le coût pour combler le déficit d’infrastructures dans les communautés dépassera les 500 milliards de dollars d’ici 2040 si le gouvernement fédéral n’agit pas maintenant, affirme l’Assemblée des Premières Nations, qui joint sa voix à d’autres qui mettent en garde Ottawa quant à l’atteinte de ses objectifs.

Le Canada doit investir 349,2 milliards de dollars dès maintenant pour que les communautés autochtones et non autochtones aient accès à des infrastructures similaires d’ici 2030, indique l’organisation nationale de défense des droits des Autochtones dans un rapport publié mardi et intitulé  Combler l’écart en infrastructures d’ici 2030 (en anglais).

Réduire ce fossé d’ici 2030 est l’une des promesses du premier ministre Justin Trudeau en matière de réconciliation – une promesse que le gouvernement libéral risque de ne pas tenir, selon la cheffe de l’APN.

«Sans une action immédiate et décisive, les Premières Nations risquent de subir plus de 60 années supplémentaires d’un accès inadéquat aux infrastructures, au logement et à la connectivité numérique», a déclaré la cheffe nationale Cindy Woodhouse Nepinak dans un communiqué.

L’inaction ne fera que creuser l’écart. L’inaction entraînera une flambée des coûts en raison de l’inflation et des pénuries de main-d’œuvre, et détériorera davantage les infrastructures communautaires dans les réserves, au détriment du mieux-être des Premières Nations. Des promesses ont été faites et doivent maintenant être tenues.

– Cindy Woodhouse Nepinak, cheffe de l’APN

Le rapport, élaboré en collaboration avec Services aux Autochtones Canada et le cabinet d’experts-conseils BTY Group, porte sur le logement, les écoles, les usines de traitement de l’eau, les routes et d’autres actifs, notamment les ports, les quais, les cliniques et la connectivité numérique.

Il établit un lien entre l’énorme déficit et des décennies de sous-financement, d’échecs du gouvernement fédéral et de répartition inéquitable des richesses.

Le rapport sert également de proposition budgétaire globale et prédit que l’injection de 349,2 milliards de dollars permettrait de créer plus de 3,2 millions d’emplois et d’augmenter le PIB du Canada de plus de 1000 milliards de dollars.

Agir maintenant

Cindy Woodhouse Nepinak est d’avis que le gouvernement disposait de toutes les données nécessaires et qu’il ne pouvait plus trouver d’excuses au sous-financement et à la négligence, puisque le rapport porte le sceau d’approbation de Services aux Autochtones Canada.

L’APN, qui représente plus de 600 chefs des Premières Nations de tout le pays, prévoit que le coût ne fera qu’augmenter si aucune mesure n’est prise dans les années à venir, en raison des pressions économiques, notamment l’inflation, les coûts de construction et les prix des carburants, ainsi que de la détérioration continue des infrastructures qui sont déjà en deçà des normes.

«Notre rapport montre qu’en raison de l’inaction du gouvernement du Canada, le délai pour combler l’écart devrait être reporté à l’année 2040 et le coût pour combler l’écart en matière d’infrastructure et de logement des Premières Nations en 2040 augmentera pour atteindre 527,9 milliards de dollars», a évalué Mme Woodhouse Nepinak.

L’estimation n’aborde pas le chapitre du déficit d’infrastructures auquel sont confrontés les Métis et les Inuit. Dans son propre rapport, l’organisation nationale inuit Tapiriit Kanatami estime qu’il faudrait 75,1 milliards de dollars répartis sur 35 ans pour combler le déficit dans les régions inuit.

Le rapport de l’APN est publié une semaine avant la présentation du budget fédéral 2024 et fait suite à une série d’annonces prébudgétaires du gouvernement Trudeau visant à améliorer l’accessibilité au logement dans les municipalités et à en augmenter l’offre.

Toutefois, certaines des politiques proposées ont été mal accueillies par des premiers ministres qui accusent leur homologue fédéral de s’immiscer dans des domaines de compétence provinciale, tels que le zonage municipal et la réglementation de la construction.

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, dresse un sombre tableau du bilan d’Ottawa en matière de logement dans les collectivités autochtones. (Photo d’archives/PC/Spencer Colby)

Les communautés autochtones, quant à elles, relèvent de la compétence fédérale. Le mois dernier, la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, a reproché au gouvernement Trudeau de ne pas répondre aux besoins de logement dans ces communautés.

Dans un rapport cinglant, Mme Hogan a constaté qu’Ottawa risquait fort de ne pas combler le déficit de logements d’ici à 2030 et que, par le biais de formules de financement obsolètes, il avait déjà privé les Premières Nations des trois provinces des Prairies de 274,3 millions de dollars.

Dans une analyse publiée l’année dernière, le Nouveau Parti démocratique a indiqué que le gouvernement était en passe de manquer l’objectif de 2030 avec un retard allant de 58 à 141 ans.

À l’époque, la ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a maintenu l’échéance de 2030, mais son ministère n’a pas voulu dire s’il trouvait que le gouvernement était sur la bonne voie pour respecter ses engagements.

Interrogée à nouveau le mois dernier, Mme Hajdu n’a pas voulu répondre directement à la question. «Avec l’objectif de combler le déficit d’infrastructures, en particulier en matière de logement, d’ici 2030, cela aiguise l’esprit de tous les partenaires, et je pense qu’il est important d’avoir ces objectifs», s’est-elle contentée de dire.

Nous n’avons pas pu obtenir de commentaires de la ministre Hajdu sur le rapport de l’Assemblée des Premières Nations.

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