Mario Cyr : témoin privilégié des changements climatiques

Le caméraman sous-marin Mario Cyr. (Photo : Mario Cyr)

Le plongeur-caméraman de renommée internationale Mario Cyr a donné, la fin de semaine dernière, une conférence à l’Aquarium de Québec. Il y a abordé les innombrables expériences d’une carrière de près de 50 ans de plongée, mais aussi tous les changements et la dégradation de l’environnement dont il est témoin. Rencontre.

Mario Cyr le dit d’emblée, il n’est pas un scientifique, mais bien un caméraman. Il considère que la clé de son succès comme conférencier vient du fait qu’il parle davantage d’expérience que de science. «Je suis un peu à la hauteur de Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Je leur parle de comment je perçois les choses. Ce que je leur apporte, ce n’est pas des chiffres ou des hypothèses, mais bien du vécu.»

Et du vécu, Mario Cyr en a à revendre. En 47 ans de plongée, il a fait 44 expéditions dans l’Arctique canadien. Sa première date de 1991, au moment où il faisait encore de la plongée commerciale. À cette époque, il a reçu un appel du magazine National Geographic pour filmer des morses dans leur habitat naturel. 

Il en est revenu avec deux choses qui vont changer sa vie : une passion pour l’Arctique et les premières images de morses dans l’eau. Ces images lui ont rapidement valu une renommée internationale et les contrats se sont enchaînés. Il filmera de nombreux animaux marins, notamment des baleines boréales et, en 2009, les premières images d’ours polaires dans l’eau.

Changements climatiques 

Mario Cyr plonge dans l’Arctique depuis assez longtemps pour avoir vu ce qu’il considère comme les débuts apparents des changements climatiques. 

Il rappelle qu’il est caméraman et non scientifique. Ce qu’il raconte vient avant tout du ressenti et de ce qu’il voit. Avant 1995, dit-il, l’Arctique semblait aller passablement bien. C’est toutefois à partir de cette année qu’il a noté une certaine fracture. Il a commencé à voir certains symptômes de dégradation qui l’inquiète. 

«On a commencé à voir de la pluie au mois de mai et des températures beaucoup plus chaudes», raconte-t-il. 

«On me demande souvent ce que je remarque le plus par rapport aux changements climatiques et je réponds toujours que c’est la fonte des glaces. L’été, dans la baie d’Hudson, c’est 82 % moins de glace que dans les années 1990», indique-t-il.

C’est un changement majeur qui affecte tout particulièrement les ours polaires.

Le plongeur-caméraman note que l’impact de la diminution de la banquise est énorme sur les ours polaires.

Des ours polaires, il y en a des moins en moins, mais on en voit de plus en plus.

– Mario Cyr

Il explique que les ours polaires doivent rester sur la terre ferme presque deux mois de plus par année pendant une période où ils doivent normalement manger jusqu’à 50 phoques par année. Privé de son terrain de chasse, l’ours blanc souffre grandement des changements qui touchent l’Arctique, estime-t-il. 

L’ours polaire est un peu comme un emblème des changements climatiques, parce qu’il est affecté au premier rang. 

– Mario Cyr

La fonte des glaces en Arctique est une saison qui force les ours polaires à retraiter sur la terre ferme, loin de la mer, leur principal terrain de chasse au phoque. (iStock)

Il affirme être grandement touché par ce qu’il voit et par ce qu’il vit lors de ses expéditions dans le Grand Nord. «Au début, quand je voyais un ours polaire en détresse, au bord de la famine, je disais : “Ben là, on va-tu tuer un phoque pour le lui donner?” Mais j’ai appris à contrôler ces impulsions parce que je sais qu’au fond, il faut laisser la nature en paix.»

Chose certaine, lorsqu’il revient chez lui, dans le Sud, toutes les choses se remettent en perspective. «Tu sais, l’être humain, au fond, on n’a pas besoin de grand-chose. On a besoin de se nourrir, de se réchauffer et d’un peu d’amour. Le reste. c’est du surplus. Alors, la troisième télévision ou la deuxième voiture, on voit tout ça différemment après avoir vu ce qui se passe dans l’Arctique.» 

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