La GRC critiquée pour sa conduite envers les femmes autochtones itinérantes

Des femmes qui se sont prononcées dans le cadre de la production du rapport ont raconté avoir été malmenées et rabaissées par la police. (CBC/Walter Strong)

Des femmes autochtones itinérantes de Yellowknife ne se sentiraient pas adéquatement protégées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et feraient plutôt face à de la violence et à de la discrimination de la part de la police, selon un nouveau rapport de la Société des femmes de Yellowknife.

«Tant de choses ont été mises en lumière au sujet de la GRC et de son histoire coloniale, mais à Yellowknife, ce n’est pas chose du passé», soutient la directrice générale de la Société des femmes de Yellowknife, Renee Sanderson, dans un communiqué de presse.

Au mois d’octobre, l’organisme à but non lucratif a tenu deux cercles de partage avec, au total, une trentaine de femmes de Yellowknife. Chacune des participantes a souligné qu’elle avait été victime de violence de la part d’un agent de la GRC ou qu’elle connaissait une personne autochtone qui en avait subi.

Des femmes qui se sont prononcées dans le cadre de la production de ce rapport ont raconté avoir été malmenées et rabaissées par la police, et s’être fait dire explicitement : «Je peux faire ce que je veux de toi, personne ne te croira», indique le rapport.

Ce n’est pas la première fois qu’un organisme en arrive à de telles conclusions à l’égard de la GRC dans le Nord. Dans un rapport rendu public en mai 2022, l’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale (AFAI) a aussi porté des allégations de misogynie, de racisme et de violence contre les femmes envers la GRC.

«Quand vous avez besoin d’eux, ils ne sont nulle part»

Certaines femmes qui ont demandé l’aide de la GRC relatent que la police s’est concentrée sur «les mauvaises choses» en leur posant des questions agressives, en prenant du temps pour des questions administratives malgré l’urgence de la situation. Certaines ont même été arrêtées.

En général, les femmes qui ont participé à la recherche estiment que leurs préoccupations n’étaient pas prises aussi au sérieux que celles des personnes non autochtones.

Des femmes autochtones itinérantes de Yellowknife dénoncent des manquements de la GRC, selon un rapport. (CBC)

«Vous savez, [les policiers] sont là quand vous n’avez pas besoin d’eux. Et quand vous avez besoin d’eux, ils ne sont nulle part», a raconté une participante.

Selon le rapport, 90 % de la population itinérante de Yellowknife est autochtone, alors que les Autochtones représentent le quart de la population de la capitale territoriale et la moitié de celle des Territoires du Nord-Ouest.

«Le manque de confiance envers la police a des conséquences concrètes», affirme Renee Sanderson.

De nombreuses femmes autochtones sans logement ne demandent pas l’aide de la police, car elles craignent d’être ignorées, malmenées ou pire encore. À qui peuvent-elles faire appel si elles ne se sentent pas en sécurité avec les personnes censées les protéger?

– Renee Sanderson, directrice générale, Société des femmes de Yellowknife

Réduire la fréquence des interventions de la GRC

La Société des femmes de Yellowknife a formulé 24 recommandations axées sur la réduction et l’amélioration des interventions de la GRC faites auprès de femmes autochtones itinérantes de la capitale territoriale.

L’organisme suggère notamment d’envisager la création d’un conseil de police ténois cogouverné par des Autochtones, d’élargir le programme pilote d’agents de la sécurité communautaire aux T.N.-O. et d’augmenter le nombre de places dans les refuges d’urgence.

«Les schémas de dysfonctionnement et de discrimination au sein de la police sont désormais une réalité. Il n’est pas suffisant de s’excuser pour les préjudices passés. La GRC et les gouvernements doivent saisir l’occasion d’améliorer les services de police dans notre communauté aujourd’hui», soutient la directrice générale de la Société des femmes de Yellowknife.

Pour obtenir de l’aide :

  • La Ligne d’aide des T.N.-O. offre du soutien en santé mentale, au téléphone, au 811 ou au 1 844 259-1793.
  • La ligne d’urgence nationale pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est accessible sans frais, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au 1 844 413-6649, pour toute personne qui a besoin de soutien émotionnel.
  • La Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être apporte une aide immédiate à tous les membres des peuples autochtones, avec des conseillers sensibilisés aux réalités culturelles, au téléphone (1 855 242-3310) ou par clavardage. De l’aide est également offerte sur demande en cri, en ojibwé ou en inuktitut.
  • La ligne d’aide  Nunavut Kamatsiaqtut offre du soutien 24 heures sur 24 à des Nunavummiut qui sont en situation de crise. Le service est offert au téléphone (1 800 265-3333) en anglais et en inuktitut, selon l’heure de la journée.

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