Sous-financement du logement autochtone : la SCHL blâmée en comité parlementaire

Blake Desjarlais à la Chambre des communes. (Photo d’archives/PC/Adrian Wyle)

Le député albertain Blake Desjarlais a jeté un blâme à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) jeudi, après que la vérificatrice générale du Canada eut révélé que l’organisme fédéral avait privé les Premières Nations des Prairies de plus d’un quart de milliard de dollars en fonds pour le logement.

L’élu néo-démocrate a accusé la SCHL de racisme structurel et de négligence, son président-directeur général par intérim, Michel Tremblay, ayant eu du mal à expliquer pourquoi elle utilise des données de recensement datant de plusieurs décennies pour répartir l’argent du programme.

«La formule est basée sur un accord tripartite que nous avons conclu avec Services aux Autochtones Canada et l’Assemblée des Premières Nations (APN). Nous n’avons pas modifié la formule au fil des ans», a expliqué M. Tremblay devant le comité des comptes publics de la Chambre des communes.

«Nous allons travailler avec nos partenaires pour trouver une nouvelle formule, mais nous n’allons pas, dans un esprit de réconciliation, changer unilatéralement la formule», a-t-il ajouté.

M. Tremblay réagissait au récent rapport de la vérificatrice générale, Karen Hogan, sur les efforts déployés par la SCHL et Services aux Autochtones Canada pour fournir des logements adéquats aux Premières Nations.

« Après quatre rapports d’audit, je suis absolument découragée de voir que la situation a si peu changé et que tant de personnes et de familles autochtones continuent de vivre dans des logements de piètre qualité », a indiqué la vérificatrice générale dans son récent rapport. (Radio-Canada/Delphine Jung)

Un sous-financement de 274 millions

Dans ce rapport publié le 19 mars, Mme Hogan a constaté que la SCHL avait chroniquement sous-financé les Premières Nations du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta à hauteur de 274,3 millions de dollars sur une période de 14 ans en utilisant un modèle de financement obsolète basé sur les données du recensement de 2001.

M. Desjarlais, qui est un Métis de l’établissement métis de Fishing Lake, en Alberta, a ridiculisé l’argument selon lequel la formule de financement ne pouvait pas être mise à jour en raison d’un accord existant avec l’APN, qui représente les chefs dans tout le pays.

«Pour être très franc, je suis horrifié et dégoûté par certaines des réponses présentées aujourd’hui : utiliser le droit très valide et légitime des peuples autochtones à l’autodétermination comme excuse pour ne pas mettre à jour une formule de financement, par exemple», a affirmé le député.

«M. Tremblay, désolé, je ne peux pas accepter qu’un gouvernement agisse de la sorte. C’est l’une des choses les plus infâmes et les plus trompeuses qu’une bureaucratie puisse faire pour nuire à une population.»

M. Tremblay a confirmé que la SCHL travaillerait à la mise à jour de la formule lorsque M. Desjarlais a insisté sur ce point.

Le rapport de la vérificatrice générale a notamment révélé que la SCHL et Services aux Autochtones Canada ont fait peu de progrès pour améliorer l’accès au logement dans les Premières Nations et qu’ils risquent fort de ne pas combler l’écart en la matière d’ici 2030, comme promis par le gouvernement Trudeau.

En début de semaine, l’APN a publié un rapport estimant que, pour respecter cet engagement, le Canada devrait investir 349,2 milliards de dollars.

En réaction à la publication de ce rapport, la députée néo-démocrate Niki Ashton, qui compte plusieurs Premières Nations dans sa circonscription du nord du Manitoba, a qualifié de «grotesque» le sous-financement des communautés des Prairies, y voyant «matière à procès».

«J’en assume la responsabilité»

Le patron de la SCHL était accompagné de Gina Wilson, sous-ministre des Services aux Autochtones, et de la vérificatrice générale Karen Hogan.

Cette dernière a dénoncé un «modèle d’échec affligeant et persistant» au niveau fédéral en ce qui concerne les programmes autochtones.

«C’est la quatrième fois depuis 2003 que nous tirons la sonnette d’alarme au sujet des logements insalubres et inadaptés dans les communautés des Premières Nations», a-t-elle rappelé.

«Un logement adéquat est un besoin humain fondamental.»

Pour sa part, Mme Wilson, qui est membre de la Première Nation algonquine Kitigan Zibi Anishinabeg, située près de Maniwaki, au Québec, a indiqué que son ministère n’utilisait pas de formules de financement dépassées.

Elle a souligné que Services aux Autochtones Canada est conscient de l’important manque de logements dans les communautés des Premières Nations.

«Nous nous efforçons de remédier à l’impact permanent et profond du manque de logements convenables. Il s’agit d’un problème complexe qui touche plusieurs générations», a-t-elle ajouté.

Mais le député conservateur Kelly McCauley a insisté pour que le gouvernement admette sa responsabilité, étant donné que le vérificateur a constaté des échecs persistants et répétés dans des domaines clés.

«Nous assumons la responsabilité de ce programme», a-t-elle lâché. «J’en assume la responsabilité, oui.»

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