Retour sur les dernières années du prêtre Johannes Rivoire

L’oblat français Johannes Rivoire est accusé d’avoir agressé sexuellement des enfants à Naujaat et à Rankin Inlet, au Nunavut. Cette image le montre à Arviat, en 1979. (Bibliothèque et Archives Canada)

Le prêtre Johannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles, est décédé vendredi. Sa mort a été confirmée par les Oblats de Marie-Immaculée. Les dernières années du prêtre auront été marquées par la controverse. 

Le prêtre avait aussi échappé à la justice en refusant de revenir au Canada après avoir fait l’objet d’un mandat d’arrestation en 1998. Il faisait face à au moins trois accusations d’abus sexuels dans les communautés d’Arviat, de Rankin Inlet et de Naujaat.

Ces accusations ont été suspendues plus de 20 ans plus tard. Le service des poursuites pénales du Canada avait dit à l’époque que c’est en partie dû au refus de la France d’extrader le prêtre.

Johannes Rivoire a toujours réfuté toutes ces allégations qui n’ont pas été prouvées en Cour.

Retour sur quelques faits importants 

Un mandat d’arrestation avait été lancé plus tôt cette année pour attentat à la pudeur sur une fille à Arviat et à Whale Cove, au Nunavut, entre 1974 et 1979.

À l’automne 2022, la Nunavut Tunngavikinc inc. (NTI) a annoncé qu’elle mènerait une délégation qui ferait le voyage jusqu’en France afin d’y rencontrer le père Johannes Rivoire. «Johannes Rivoire est un fugitif recherché au Canada, qui doit être traduit en justice», déclarait à cette époque Aluki Kotierk, présidente de la NTI. 

Une semaine plus tard, le 14 septembre 2022, alors que la délégation de la NTI était sur place, la France a indiqué qu’elle n’extraderait pas Johannes Rivoire, puisque «conformément à sa tradition constitutionnelle, la France n’extrade pas ses nationaux». 

La délégation était menée par le Nunavut Tunngavik et sa directrice générale, Kilikvak Kabloona.
(Kate Kyle/Radio-Canada)

Au même moment, la France rejetait aussi du revers de la main la possibilité de poursuivre Johannes Rivoire au nom du Canada, puisque le délai de prescription, selon la loi française, était déjà expiré. 

Le lendemain, le prêtre a rencontré la délégation inuit, mais a continué de refuser de faire face à la justice. Il ne rentrerait pas au Canada pour répondre aux accusations d’agressions sexuelles portées contre lui.

Puis, le 27 octobre, un autre coup dur pour les victimes alléguées de Johannes Rivoire et leurs descendants. Comme elle l’avait fait pour la demande de la délégation inuit, la France a rejeté la demande présentée par Justice Canada en vue de l’extradition du prêtre français.

Une réponse de la justice française qui a même déçu les Oblats canadiens qui se disaient alors «profondément attristés» de la décision.

Au début de l’année suivante, c’était au tour de l’organisation BeBrave France, qui milite contre l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, de réclamer l’extradition de Johannes Rivoire vers le Canada. Le 16 janvier, des manifestants ont collé des affiches et peint les trottoirs près de la maison de retraite où vivait le prêtre, à Lyon, y décrivant les faits allégués.

À l’été 2023, les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France ont mandaté le juge québécois André Denis pour mener la Commission oblate de sauvegarde, une enquête indépendante liée aux actions du prêtre français lors de son passage au Nunavut dans les années 1960 et 1970.

André Denis, juge retraité de la Cour supérieure du Québec, a été mandaté pour mener à bien le rapport sur Johannes Rivoire. (Guillaume Levasseur)

L’enquête d’André Denis l’a mené «à Marseille, Lyon, Ottawa, Winnipeg, au Centre du Patrimoine de la Société historique de Saint-Boniface, au Nunavut et à Montréal». Dans son rapport, déposé moins d’un mois avant la mort de Johannes Rivoire, M. Denis soutient qu’il «ne croit pas la version des faits [donnée par le prêtre] au printemps 2023 à Lyon, en France».

Quelques semaines auparavant, les autorités oblates à Rome avaient statué que le prêtre pouvait demeurer membre de la congrégation. 

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