Un budget fédéral assez bien accueilli dans le Grand Nord, mais loin d’être parfait

Des maisons dans une rue d’Iqaluit, au Nunavut. Selon la députée du Nunavut, Lori Idlout, le budget fédéral ne propose pas suffisamment de mesures pour combler le manque d’infrastructures qui touche le Nord. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Les différentes mesures annoncées mardi dans le budget fédéral auront des retombées positives dans le Grand Nord, selon des intervenants, mais elles sont toutefois insuffisantes pour répondre aux grands besoins de la population.

Selon la députée du Nunavut, Lori Idlout, le budget fédéral ne propose pas suffisamment de mesures pour combler le manque d’infrastructures qui touche le Nord.

«C’est bien de voir certains investissements pour le Nord, mais c’est loin d’être suffisant pour combler les besoins des membres des Premières Nations», dit-elle.

La création de plus de 3000 logements au Nunavut, grâce au Fonds pour accélérer la construction de logement, et l’investissement de 2,15 millions dans une entreprise de fabrication de maisons modulaires de Cambridge Bay sont des mesures qu’elle appuie, mais les listes d’attentes pour un logement sont si longues qu’elle doute que cela change beaucoup de choses.

Lori Idlout, députée du Nunavut, affirme que ce budget et les annonces sur le logement ne sont pas assez suffisants pour changer la donne dans le Nord. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

«Si une communauté comme Naujaat obtient 10 logements, cela peut sembler beaucoup, mais la liste d’attente est de plus de 100 [personnes]. Combler 1 % des besoins, ce n’est pas suffisant», ajoute la députée néo-démocrate.

D’importantes «lacunes»

Le budget fédéral a beaucoup misé sur des annonces en matière de logement. Le ministre des Affaires du Nord, Dan Vandal, dit être fier de ce qui est proposé par les libéraux.

Il reconnaît toutefois que les besoins sont grands dans le Nord et qu’il faudra du temps pour les combler.

Le ministre des Affaires du Nord, Dan Vandal, dit que le budget de son gouvernement répond à plusieurs besoins du Grand Nord, comme le logement, la sécurité alimentaire et la lutte contre les changements climatiques. (PC/Justin Tang)

«On investit des centaines de milliards dans le logement résidentiel, une chose qui est absolument essentielle dans le Nord. On fait des progrès, mais les lacunes sont très très grandes», dit-il.

Le député des Territoires du Nord-Ouest, Michael McLeod, reconnaît qu’un budget ne pourra jamais satisfaire les besoins de tout le monde.

«Il y avait beaucoup de demandes de partout au pays, y compris dans le Nord, qui ne se sont pas rendus dans le budget […]. La ministre des Finances [Chrystia Freeland] a certainement encouragé tout le monde à essayer de rester sur la bonne voie et à se concentrer sur ce qui est vraiment nécessaire», ajoute le député libéral.

Le député McLeod croit toutefois que l’approche du budget, qui met de l’avant le logement abordable, la souveraineté dans l’Arctique et la réconciliation, répond aux priorités des Territoires du Nord-Ouest.

Le budget ne présente pourtant pas d’argent supplémentaire pour le logement aux T.N.-O.. Cependant, Michael McLeod dit qu’il ne faut pas voir cela comme le signe qu’Ottawa ne se préoccupe pas de cette question.

Il y a eu plus d’argent investi dans le logement aux Territoires du Nord-Ouest que dans toute l’histoire du gouvernement fédéral.

Le député fédéral des Territoires du Nord-Ouest, Michael McLeod. (CBC/Jenna Dulewich)

«On a fait des annonces sur le logement régulièrement ces dernières années. Plus de 750 millions de dollars, dont 250 millions directement pour les gouvernements autochtones, ont été investis dans le logement aux Territoires du Nord-Ouest», dit-il.

Les organisations inuit en auraient voulu plus

Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) s’est aussi exprimée sur ce budget.

Son président, Natan Obed, a salué les annonces concernant les Inuit, comme l’investissement de 370 millions de dollars pour accélérer les travaux visant à cerner les lacunes en matière de logements et d’infrastructures au Nunavut.

Le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed. Son organisation se félicite de voir certaines de ses recommandations incluses dans le budget 2024, comme une enveloppe de 10 millions de dollars pour soutenir la recherche sur l’autodétermination des Inuit. (PC/Sean Kilpatrick)

Toutefois, cette somme est loin de correspondre à la demande d’ITK d’obtenir un financement de 75 milliards sur 35 ans pour combler les lacunes en matière d’infrastructures au territoire.

Un autre grand absent de ce budget, selon ITK, est le manque d’engagement financier du fédéral pour éliminer la tuberculose au Nunavut d’ici 2030, une promesse pourtant faite par les deux partis depuis 2017.

«ITK travaille avec le gouvernement fédéral à travers le Comité de partenariat entre les Inuit et la Couronne pour faire avancer les priorités des Inuit. Nous sommes satisfaits de voir que certains de nos efforts conjoints se reflètent dans le budget 2024», a déclaré Natan Obed dans un communiqué. «Mais notre engagement commun d’éliminer la tuberculose ne peut pas être atteint sans l’apport d’importantes ressources.»

L’organisme territorial inuit Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) dit, de son côté, qu’il appuie les investissements annoncés pour renouveler la subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs et le programme national d’alimentation scolaire.

En revanche, ces engagements sont loin d’être suffisants pour mettre en œuvre la stratégie de NTI, l’Inuit Nunangat Food Security, soutient l’organisme.

«Les Inuit du Nunavut vivent de l’insécurité alimentaire dans des proportions beaucoup plus élevées que le reste du Canada», a indiqué NTI par voie de communiqué.

Le Nunavut se heurte à des défis importants en matière d’infrastructures, selon Nunavut Tunngavik Inc. (Iqaluit, en novembre 2021.) (Radio-Canada/Matisse Harvey)

L’organisme aurait aussi aimé qu’il y ait plus d’investissements dans le secteur de l’éducation postsecondaire chez les Inuit. Une façon, selon lui, d’améliorer la qualité de vie des Nunavummiut.

«Vingt-cinq ans après la création du territoire, la qualité de vie de l’Inuk moyen du Nunavut est manifestement moins bonne aujourd’hui qu’en 1999», a déclaré la présidente de l’organisation, Aluki Kotierk.

«Le manque de logements s’accentue, 70 % des Inuit du Nunavut font face à de l’insécurité alimentaire, l’utilisation de l’inuktuk est à la baisse et les Inuit du Nunavut meurent de la tuberculose, une maladie que l’on peut traiter et prévenir, et ce, dans des proportions plus élevées que dans n’importe quel pays du monde», a-t-elle ajouté.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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