Changement de la carte électorale du Yukon : un débat qui ne fait pas l’unanimité

Les dernières élections territoriales ont eu lieu le 12 avril 2021. (Philippe Morin/ Radio-Canada)

La population du Yukon augmente rapidement, notamment à Whitehorse, où vivent la majorité des Yukonais. C’est pourquoi une commission propose de redessiner la carte électorale afin d’améliorer la représentativité de certains secteurs, mais sa proposition est loin de faire l’unanimité.

Le Yukon compte 19 sièges à l’Assemblée législative, 11 représentent des circonscriptions dans la capitale, et 8, les communautés rurales.

Dans un rapport provisoire, la Commission de délimitation des circonscriptions électorales du Yukon propose d’ajouter deux circonscriptions pour le quartier de Whistle Bend, qui arrive au troisième rang des plus peuplés de Whitehorse.

À l’heure actuelle, Whitehorse détient 11 circonscriptions et les régions en ont 8. (Élections Yukon)

Jusqu’à présent, le quartier est compris dans la circonscription de Porter Creek Centre et forme la plus importante division, avec 2950 électeurs. À titre comparatif, la plus petite circonscription pour le nombre d’électeurs est celle de Vuntut Gwitchin, qui comprend le village d’Old Crow et compte 188 personnes inscrites sur la liste électorale.

Idéalement, le vote de chaque personne au Yukon devrait avoir le même poids.

Une citation de Suzanne Duncan, juge et présidente de la commission

Selon la nouvelle proposition, la région de Whitehorse compterait donc 13 sièges, contre 6 pour les régions, puisqu’il n’est pas question d’ajouter plus de députés à l’Assemblée législative, mais plutôt de redessiner la carte électorale, comme l’explique la présidente de la commission, la juge Suzanne Duncan.

Elle ajoute qu’il est impossible d’avoir une représentativité parfaite, notamment en raison du nombre de personnes qui fluctue par circonscription, mais aussi à cause des délimitations géographiques. Les besoins de certaines communautés minoritaires doivent également être pris en compte.

C’est pourquoi un écart de 25 % du nombre moyen d’électeurs est considéré comme acceptable.

Cela veut dire que, dans le cas du Yukon, où le nombre moyen d’électeurs dans une circonscription électorale est de 1666, le nombre d’électrices et d’électeurs d’une circonscription est acceptable entre 1250 et 2082.

« Avoir 11 des 19 circonscriptions hors de cette variable [de 25 %] est une très grande proportion, c’est même la plus grande proportion au pays » , souligne Suzanne Duncan. « Cela nous inquiète. »

Crainte d’une perte de représentativité dans les régions

La commission est actuellement en tournée à travers le territoire pour tenir des assemblées publiques et recueillir les commentaires de la population. Selon sa présidente, l’une des principales inquiétudes est la réduction du nombre de sièges accordés aux communautés hors de la capitale.

Il y a une crainte que leur voix soit diminuée, que Whitehorse, avec sa grande population, ait une voix plus forte et que les intérêts des communautés rurales s’y perdent.

Une citation de Suzanne Duncan, juge et présidente de la commission

C’est une crainte que partage Sharon Davis, qui réside depuis près de 50 ans à Whitehorse.

« Les communautés rurales doivent avoir une voix et une voix qui a du poids, dit-elle. Whitehorse ne peut pas mener le spectacle! »

La carte électorale du Yukon ressemblerait à cela si le gouvernement acceptait la proposition de la commission. (Commission de délimitation des circonscriptions électorales du Yukon)

« Ce qui soulève beaucoup de commentaires, c’est aussi l’amalgame de certaines communautés rurales pour former de plus grandes circonscriptions. Ainsi, Faro, Ross River et Watson Lake formeraient la nouvelle circonscription de Yukon Est, alors que Dawson et Old Crow, actuellement deux divisions distinctes, formeraient le nouveau district de Yukon Nord. »

« [Les habitants] d’Old Crow, je me sens mal pour eux parce que, en réalité, s’ils font partie de la circonscription de Dawson, ils n’éliront jamais personne », déplore Sharon Davis, qui croit que le village le plus au nord du territoire devrait garder un siège distinct à l’Assemblée législative.

Sally Wright, qui partage sa vie entre Whitehorse et Silver City, sur les berges du lac Kluane, est du même avis.

« Lorsque nous parlons d’égalité et d’équité, le fait est que certaines communautés ont besoin d’un coup de pouce pour participer à la démocratie. Whitehorse est une telle petite section d’un vaste territoire dont nous devons prendre soin », dit-elle.

Un rapport final sera présenté au gouvernement en octobre. Si les députés décident d’en faire un projet de loi et de l’adopter, ces changements seraient mis en place à temps pour les prochaines élections de 2025.

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