Vigilance et prévention : une stratégie communautaire contre les feux de forêt

Une voiture sur la route traverse un mur de fumée provoquée par les feux de forêt aux Territoires du Nord-Ouest, en septembre 2023. (Radio-Canada/Emmanuel Prince-Thauvette)

Plusieurs dizaines de personnes ont participé à la séance d’information sur la prévention des incendies organisée par le Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDÉTNO) au Diamond Plaza, à Yellowknife.

«On ne va pas jouer à l’autruche, là», a déclaré François Afane, directeur général du CDÉTNO, à Médias ténois. Il a souligné l’importance de ces sessions visant à informer et éduquer le public, surtout quand certaines personnes peuvent ne pas être pleinement conscientes des risques. «Ça fait partie de notre rôle civique de participer à apporter des solutions.»

«Nous sommes là pour améliorer la communauté. Il vaut mieux être préparé. Et, pour être préparé, il faut être informé », a ajouté M. Afane.

La session a été animée par Mike Westwick, responsable de la prévention et de l’atténuation des incendies de forêt au ministère de l’Environnement et du Changement climatique. Il a présenté Intelli-feu, un programme national développé pour aider les citoyens canadiens à renforcer la résilience de leurs communautés face aux incendies de forêt et à réduire l’impact de ces catastrophes.

Bien que les incendies jouent un rôle naturel dans la régénération des forêts, ils peuvent aussi menacer les habitations, a expliqué M. Westwick. Il a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures préventives et d’éliminer les sources de risque autour des maisons pour comprendre les dynamiques complexes de la propagation des feux et protéger efficacement les propriétés.

Les périmètres de sécurité

Pendant plusieurs minutes, Mike Westwick a détaillé comment créer un périmètre de sécurité autour des maisons, en maintenant un espace clair et en instaurant des stratégies de prévention. Les constructions qui ne respectent pas les normes de sécurité d’incendie sont particulièrement vulnérables, a-t-il souligné.

Il a rappelé que les tragiques incendies de Fort McMurray en 2016 montrent les effets dévastateurs des feux sur les communautés urbaines. Une fois qu’un feu atteint une zone peuplée, il peut se propager rapidement entre les structures. Les matériaux comme le vinyle peuvent intensifier les flammes et cela rend la tâche des pompiers plus difficile. Il est donc vital de mettre en œuvre des actions de mitigation pour empêcher l’expansion du feu.

Le public au Diamond Plaza a également appris le concept de la zone d’inflammabilité résidentielle, qui se divise en plusieurs secteurs autour des habitations, chacun accompagné de recommandations précises pour minimiser les risques. La zone directement adjacente à la maison, jusqu’à 1,5 mètre, doit être aménagée avec des matériaux ininflammables et nécessite une conception soignée des terrasses pour éviter l’accumulation de cendres. La zone intermédiaire, s’étendant de 1,5 à 10 mètres, peut être vulnérable aux incendies en raison de la présence d’objets comme des chaises de jardin ou des jouets.

La zone externe, de 10 à 30 mètres, se concentre sur la réduction de l’intensité des incendies plutôt que sur leur prévention complète. Des mesures telles que l’élagage des arbres et la gestion appropriée des matériaux combustibles sont cruciales pour améliorer la résilience du terrain.

«Nous sommes tous responsables»

Mike Westwick a aussi noté qu’il est fondamental de se souvenir que la sécurité résidentielle est une responsabilité partagée et qu’il est essentiel de collaborer avec les voisins pour augmenter la sécurité de tous.

La session organisée par le CDÉTNO s’est déroulée quelques heures après que Mike Westwick a exprimé de sérieuses préoccupations concernant le nombre croissant de feux de camp laissés sans surveillance, notamment au parc territorial de la rivière Yellowknife.

Alors que les territoires se préparent à des conditions plus sèches attendues dans les régions du Slave Nord, du Slave Sud et du Dehcho, les répercussions de cette négligence pourraient être graves. «On a trop de rapports de feux de camp laissés sans surveillance, surtout au parc territorial de la rivière Yellowknife. C’est extrêmement irresponsable», a déclaré M. Westwick, tout en rappelant l’urgence de la situation.

Malgré la sécheresse continue et l’augmentation des températures, beaucoup semblent sous-estimer le danger potentiel, ce qui est un point de frustration pour les officiels, surtout après les expériences traumatisantes de l’année passée.

«Bien qu’il y ait très rarement de la malveillance impliquée dans les incendies causés par les personnes, les dommages qu’ils peuvent causer sont très réels», a dit M. Westwick.

Ces incendies commencent généralement près des zones peuplées et peuvent rapidement s’aggraver et menacer les maisons.

Les conditions actuelles dans le territoire sont propices aux incendies de forêt, les responsables étant particulièrement préoccupés par les régions du Sud. Cependant, la menace est généralisée, comme le montre une lutte contre les incendies en cours à l’extérieur de Dettah, où le feu ZF001, que l’on croit avoir été abandonné l’hiver dernier, est maintenant actif.

Le responsable a insisté sur l’effort incessant nécessaire pour garder les communautés informées et engagées dans la prévention des incendies. «Informer le public, c’est vraiment beaucoup de travail, et nous devons faire ce travail chaque jour», a déclaré M. Westwick.

Il a d’ailleurs mis en lumière les initiatives renforcées pour cette saison. Le territoire va augmenter sa présence dans les communautés et se concentrer sur les mesures de prévention et d’atténuation des incendies.

Cependant, la négligence continue dans la gestion des feux de camp reste un défi important. «Les gens ne prennent pas les mesures nécessaires pour prévenir les incendies causés par l’homme. C’est vraiment comme jouer aux dés avec la sécurité des personnes et des biens lorsque vous laissez des feux sans surveillance», a-t-il lancé.

Étant la première cause d’incendies causés par l’homme dans le territoire, les feux de camp non surveillés posent un risque substantiel, particulièrement frustrant pour les autorités lorsqu’ils se produisent près de sources d’eau abondantes qui pourraient facilement prévenir de tels dangers.

«C’est extrêmement frustrant, surtout lorsqu’il se produit à un endroit où il y a une belle rivière ouverte juste là, une source d’eau parfaite juste à proximité. Il n’y a aucune excuse pour cela», a-t-il affirmé. Son conseil est simple, mais vital : «Alors, trempez, remuez, et trempez votre feu de camp. Répétez cela jusqu’à ce qu’il soit éteint.»

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