Une militante inuk applaudit un rapport sénatorial sur la chasse aux phoques

Dans un rapport présenté jeudi, un comité du Sénat réclame plus de soutien au secteur de la chasse au phoque. (Photo d’archives/Radio-Canada/Matisse Harvey)

L’activiste inuk Aaju Peter considère un récent rapport sénatorial comme une véritable victoire pour l’industrie de la chasse au phoque. Le comité à l’origine du document recommande de trouver des façons d’appuyer ce secteur et de gérer les populations de phoques.

Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans a présenté jeudi son rapport intitulé Assurer l’avenir de la chasse au phoque : passons à l’action.

Il comprend neuf recommandations visant à raviver cette industrie, qui fait face à des difficultés depuis la mise en place d’interdictions d’importation de produits dérivés du phoque en Europe ou aux États-Unis.

Pour la militante Aaju Peter, ce rapport est une forme de consécration. « Ce qu’on disait il y a 17 ans est enfin entendu », dit celle qui s’est rendue aux Pays-Bas en 2007 pour protester contre la loi européenne interdisant les produits dérivés du phoque.

Aaju Peter est une militante inuk originaire du Groenland. Elle réside à Iqaluit, au Nunavut, depuis 1981. (Photo d’archives/CBC/Sima Sahar Zerehi)

À la suite de la création du Nunavut, en 1999, Aaju Peter a notamment étudié le droit, avant de militer en faveur de la chasse au phoque, une pratique ancrée dans la culture inuit. Elle s’est d’ailleurs prononcée sur le sujet dans le documentaire Inuk en colère (Angry Inuk), en 2016.

Elle note que les perceptions négatives se sont améliorées depuis la sortie de ce long-métrage documentaire, bien qu’il reste, selon elle, du travail d’éducation à faire en la matière.

Des stéréotypes qui persistent

Le rapport sénatorial a présenté la liste des difficultés liées à la chasse commerciale et de subsistance du phoque, une chasse qui se déroule à 90 % au Nunavut, selon l’Agence canadienne de développement économique du Nord.

L’une d’entre elles est l’absence d’information et la désinformation entourant cette industrie, ce qui a incité le comité à recommander la création d’une campagne nationale de sensibilisation sur les populations de phoques, la chasse au phoque et l’industrie des produits dérivés.

Selon Aaju Peter, cette tendance s’explique par le fait que l’image associée à la chasse au phoque a été ternie par les campagnes de groupes de protection de la faune, ce qui a rendu cette pratique peu lucrative.

« Les groupes de défense des animaux qui ont fait campagne contre la chasse au phoque ont dépeint un très mauvais portrait du port et de l’achat de produits dérivés du phoque. L’économie s’est effondrée, et la chasse au phoque est [devenue] beaucoup trop coûteuse [surtout] si on ne tire que 10 $ pour une peau », dit-elle.

Des peaux de phoque sèchent au soleil, devant une maison de Qikiqtarjuaq, une communauté d’environ 600 habitants située dans l’est du Nunavut. (Photo d’archives/Radio-Canada/Marie-Laure Josselin)

Aaju Peter ajoute que la chasse au phoque est « tout à fait en phase » avec les efforts déployés pour lutter contre les changements climatiques.

C’est durable. Ça ne pollue pas. C’est sain.

Aaju Peter, activiste et documentariste inuk

Elle salue aussi la recommandation du comité de modifier la Loi de l’impôt sur le revenu pour s’assurer que les organismes de bienfaisance et sans but lucratif enregistrés au Canada qui produisent de la désinformation sur le phoque perdent leur statut les exemptant de payer des impôts.

Aaju Peter voit un grand potentiel dans l’industrie des produits dérivés du phoque, mais elle croit que son avenir est basé sur le soutien du gouvernement fédéral.

« Cela ne se produira que si les décideurs politiques soutiennent [cette industrie] à 100 %  », conclut-elle.

Avec les informations de Samuel Wat

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