Guérir aujourd’hui pour demain : un rassemblement sur les fouilles des anciens pensionnats
Le Yukon Residential School Missing Children Project, le groupe qui chapeaute les fouilles sur les terres d’anciens pensionnats pour Autochtones et dans les archives afin de retrouver des traces des enfants disparus, se rencontre deux jours à Whitehorse pour une série de présentations.
Ils sont des dizaines venus de partout au Yukon, plusieurs portant un chandail orange, à écouter attentivement les plus récentes informations concernant les fouilles qui ont lieu au territoire et les technologies qui pourraient être utilisées pour poursuivre les recherches, durant l’événement « Guérir aujourd’hui pour demain ».
En septembre dernier, le groupe de travail annonçait qu’une recherche exhaustive dans les archives du Yukon avait permis de conclure qu’il y avait eu 33 décès au pensionnat pour Autochtones Chooutla, à Carcross. Sur le terrain, 15 anomalies ont été détectées dans le sol.
Cette année, l’équipe de GeoScan, qui se charge des fouilles avec notamment un géoradar, souhaite poursuivre ses recherches en comparant les perturbations du sol dans le cimetière de Carcross avec les données déjà recueillies près du terrain.
« Cela va nous aider à mieux comprendre les conditions de la région et, avec un peu d’espoir, nous pourrons retourner dans les données que nous avons collectées pour les réinterpréter », explique Jack Goozee, de l’entreprise GeoScan.
Il est toutefois impossible d’affirmer sans l’ombre d’un doute qu’il s’agit bel et bien de sépultures anonymes, précise-t-il. C’est pourquoi il est préférable de combiner les fouilles par géoradar avec d’autres méthodes de recherche.
Micaela Champagne, une archéologue crie de l’Université de la Saskatchewan, est d’ailleurs venue présenter une autre technologie qui pourrait être utilisée pour effectuer des fouilles, soit la spectroscopie du sol.
La sonde permet ainsi d’aller chercher des échantillons de lumière dans le sol, assez fort pour détecter la présence d’acides gras provenant d’humains ou de mammifères. L’archéologue indique que la méthode est déjà utilisée ailleurs, notamment aux États-Unis.
« Ces acides gras ne sont pas hydrosolubles. Donc, lorsqu’il pleut ou qu’il y a une inondation, ils ne vont pas bouger du sol parce que l’eau ne peut pas les emporter », dit-elle, en soulignant toutefois qu’il s’agit d’une méthode un peu plus invasive que l’utilisation du géoradar.
Micaela Champagne évoque aussi la possibilité d’utiliser des chiens renifleurs entraînés spécifiquement à détecter les restes humains en complément d’autres techniques déjà envisagées. Toutefois, ces divers procédés doivent d’abord et avant tout être approuvés par les communautés avant de commencer le travail.
L’importance du témoignage des survivants
Il y aura plus d’entrevues au cours de l’année avec des survivants des pensionnats pour Autochtones, leurs témoignages constituant l’« élément le plus important de l’histoire », selon la modératrice de l’événement et vice-présidente du groupe de travail, Doris Bill.
L’importance des témoignages des survivants a également été plusieurs fois soulignée par Jack Goozee et Micaela Champagne. Ainsi, sur les 15 anomalies découvertes sur le terrain de l’ancien pensionnat Chooutla, 12 étaient des endroits mentionnés par d’anciens pensionnaires.
« Nous fouillons à des endroits où il y a une histoire orale et une vérité concernant ces lieux qui contiennent des sépultures d’enfants », dit Micaela Champagne, ajoutant que, chaque fois qu’un survivant a mentionné un endroit spécifique, une anomalie a été trouvée.
Plus récemment, des fouilles avec un géoradar ont aussi eu lieu à Whitehorse, dans le quartier Riverdale, sur le terrain de deux anciens pensionnats utilisés entre 1960 et le début des années 1980.
Les résultats seront présentés en temps et lieu, a indiqué le groupe de travail.