Juneau, en Alaska, envisage de bannir les bateaux de croisière le samedi

Au moins trois bateaux de croisière à quai dans la ville de Juneau.
Des bateaux de croisière sont à quai le 9 juin au centre-ville de Juneau. Les électeurs de la capitale de l’Alaska pourraient décider en octobre d’interdire les grands navires de croisière le samedi à partir de l’année prochaine. (Becky Bohrer/ Associated Press)

La capitale de l’Alaska, Juneau, va organiser une élection en octobre pour demander à sa population si elle approuve la proposition de bannir les bateaux de croisière le samedi à partir de l’année prochaine.

La proposition « samedi sans bateau » sera soumise au scrutin le 1er octobre dans cette municipalité de 32 000 habitants qui fait face à un grand afflux de touristes entre avril et octobre. Si elle est adoptée, elle interdirait l’accostage des bateaux de 250 passagers et plus.

Tous les ans, les touristes arrivent par milliers à Juneau pour observer des merveilles comme le glacier Mendenhall, qui disparaît rapidement.

Toutefois, de nombreux résidents s’inquiètent de l’augmentation du trafic maritime, des sentiers de randonnées bondés et du bruit constant des hélicoptères transportant les touristes vers les glaciers.

Deborah Craig, qui vit depuis des décennies en face du canal où accostent les bateaux, appuie l’initiative.

Elle entend les cornes de brume tôt le matin, et les annonces aux passagers résonnent de l’autre côté du canal.

Elle estime que le nombre de passagers est étouffant et nuit à ce que les habitants aiment tant à Juneau.

On veut préserver le style de vie qui fait que nous habitons à Juneau, l’air pur, l’eau propre, un environnement intact et un accès facile aux sentiers, aux sports nautiques et à la nature, dit-elle.

« Il y a une perception selon laquelle certaines personnes sont contre les touristes, mais ce n’est pas le cas du tout », ajoute Deborah Craig.

« C’est à propos de la quantité. C’est beaucoup trop sur une courte période et cela étouffe une petite communauté. »

Une communauté qui dépend du tourisme

Ceux qui s’opposent à la proposition disent que cette limite sur le nombre de bateaux va nuire aux commerces du coin, qui dépendent largement du tourisme, et pourrait ouvrir la voie à des poursuites judiciaires.

Une initiative similaire à Bar Harbor, dans le Maine, a été contestée devant un tribunal fédéral.

L’entrepreneure Laura McDonnell, qui possède la boutique de souvenirs Caribou Crossings au centre-ville de Juneau, dit que la saison estivale représente 98 % de ses revenus annuels.

La communauté et les entreprises locales dépendent des croisiéristes, dit celle qui fait partie de la coalition Protégeons l’avenir de Juneau.

Image de montagnes avec, au loin, un glacier.
Le glacier Mendenhall, à l’arrière, est vu depuis le centre d’accueil du glacier, le 30 juin 2023, à Juneau. Le glacier pourrait ne plus être visible depuis le centre d’accueil d’ici 2050 puisqu’il continue de reculer. (Becky Bohrer/Associated Press)

Laura McDonnell rappelle que des écoles ont fermé récemment en raison d’une baisse des inscriptions. De plus, la région fait face à des difficultés économiques.

Je pense que notre communauté doit évaluer ce qui est en jeu avec notre économie. Nous ne sommes pas en mesure de faire reculer notre économie.

L’industrie des croisières représentait 375 millions de dollars de dépenses directes à Juneau en 2023, la plupart étant attribuables aux dépenses des passagers, selon un rapport préparé pour la Ville par McKinley Research Group LLC.

Le secteur a rapidement repris de la vigueur après deux années de pandémie, atteignant un record de 1,6 million de passagers en 2023.

Trouver des compromis

Au milieu de ce débat, la Ville cherche à trouver des compromis, dit la directrice du secteur du tourisme de Juneau, Alexandra Pierce.

Ces solutions doivent aussi être régionales, selon elle. Si cette initiative est adoptée, elle aura des conséquences sur les autres communautés du sud-est de l’Alaska, car les bateaux de croisière devront accoster ailleurs s’ils ne peuvent plus s’arrêter à Juneau le samedi.

La Municipalité a conclu une entente cette année avec les principaux croisiéristes, notamment Carnival Corp., Disney Cruise Line, Norwegian Cruise Line et Royal Caribbean Group, pour limiter le nombre de grands bateaux à cinq par jour.

Un protocole récemment signé, qui entrera en vigueur en 2026, limitera le nombre de passagers journaliers à 16 000 du dimanche au vendredi, et à 12 000, le samedi.

Alexandra Pierce dit que le but ultime est d’accueillir environ 1,6 million de passagers par année et de répartir le nombre de visiteurs par jour qui peuvent parfois atteindre 18 000 les journées très achalandées.

La vice-présidente des relations gouvernementales et communautaires de la Cruise Lines International Association Alaska, Renee Limoge Reeve, dit que ces ententes signées avec Juneau sont les premières du genre en Alaska.

La meilleure stratégie, selon elle, est d’avoir un dialogue direct et permanent avec les communautés locales et de travailler ensemble afin de fournir une source de revenus prévisible pour les entreprises locales.

Avec les informations de l’Associated Press

À lire aussi :

Radio-Canada

RCI c'est le service multilingue de CBC/Radio-Canada qui permet de découvrir et surtout de comprendre et de mettre en perspective la réalité de la société canadienne, ses valeurs démocratiques et culturelles.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *