L’enquête nationale sur la santé des Inuit est en chantier au Nunavut
L’enquête nationale sur la santé des Inuit bat son plein au Nunavut depuis les dernières semaines. L’organisation régionale Nunavut Tunngavik, qui orchestre la cueillette dans les collectivités, espère qu’elle donnera l’heure juste sur les besoins à combler et orientera ainsi avec plus de précision les financements et les programmes destinés aux Inuit.
Baptisée « Qanuippitaa? », qui signifie « Comment allons-nous? » en inuktitut, l’enquête doit brosser le portrait actuel de la santé et du bien-être des Inuit d’une région à l’autre du Nord canadien.
Les données collectées consistent en des entretiens individuels portant sur des déterminants de la santé, dont la santé mentale, la sécurité alimentaire, le logement, les traumatismes, l’emploi et la langue.
Lancée en septembre 2019 par l’organisme national Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), puis retardée par la crise sanitaire, cette enquête nationale est orchestrée par chaque organisation inuit régionale au pays. Elle couvre la région désignée des Inuvialuit (nord des T.N.-O.), le Nunavut, le Nunavik et le Nunatsiavut (nord du Labrador).
La cueillette a déjà eu lieu dans certaines de ces régions dès 2022. Au Nunavik, cinq communautés ont été visitées par la santé publique régionale.
D’importants problèmes logistiques, causés par le manque de logements destinés aux recenseurs, ont récemment mis sur la glace le déploiement de l’enquête dans cette région.
Au Nunavut, des recenseurs visitent ce mois-ci les communautés de Sanirajak, Sanikiluaq et Gjoa Haven. D’autres se sont également déjà rendus à Pond Inlet, dans le nord de l’île de Baffin, au début du mois de juillet.
« L’idée est que les 25 communautés seront invitées à participer au cours de la prochaine année », explique la présidente de l’organisme territorial inuit Nunavut Tunngavik (NTI), Aluki Kotierk.
Elle indique que des bénéficiaires inuit inscrits sur la liste de NTI sont invités à y prendre part de manière aléatoire et que le nombre de participants est choisi en fonction de la taille de la population de chaque collectivité.
Bien que la participation soit volontaire, Aluki Kotierk espère que toutes les personnes sélectionnées seront enclines à répondre aux questions des recenseurs. « Il est très important que les Inuit participent », dit-elle. « [L’enquête] est menée et développée par des Inuit, qui seront ensuite propriétaires des données. »
Selon elle, cette particularité fait toute la force de l’enquête. Dans le passé, des experts ont remis en question la fiabilité des données de Statistique Canada en raison notamment du manque de recenseurs capables de parler l’inuktitut.
« En ayant de l’information fiable liée à la santé [des Inuit], nous serons en mesure d’octroyer plus de ressources dans une certaine région si les besoins y sont plus importants qu’ailleurs », poursuit-il.
À ceux qui s’interrogent sur la confidentialité des données collectées, Aluki Kotierk assure que NTI a mis en place des mesures strictes pour éviter les risques de fuites, comme la création d’un serveur destiné au stockage des renseignements.
L’ITK a reçu 82 millions de dollars du ministère des Services aux Autochtones, en plus de sommes annuelles de 6 millions sur 10 ans, pour orchestrer l’enquête.
Les dernières enquêtes sur la santé des Inuit remontent à 2004 et à 2017, au Nunavik, et de 2007 à 2008 dans les communautés de la région désignée des Inuvialuit, du Nunavut et du Nunatsiavut.
Avec des informations de Teresa Qiatsuq
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