Le rétablissement du caribou de Peary au cœur d’une nouvelle stratégie aux T.N.-O.
La Conférence des autorités de gestion des Territoires du Nord-Ouest estime que le caribou de Peary se porte graduellement mieux depuis les dernières années, mais que certaines menaces pourraient renverser cette tendance si aucune mesure de conservation n’est mise en place.
La Conférence, responsable de la préservation et du rétablissement des espèces en péril, a rendu publique lundi une stratégie visant à rétablir à long terme cette espèce de caribou, considérée comme étant menacée aux T.N.-O.
Ce plan oriente surtout le travail de conservation et de rétablissement de cette harde considérée comme la plus petite de toutes les sous-espèces de caribou en Amérique du Nord.
« Même si les sous-populations de caribous de Peary des Territoires du Nord-Ouest montrent des signes de rétablissement, elles demeurent à des niveaux inférieurs à ceux d’il y a 40 à 60 ans », peut-on lire dans le document d’une centaine de pages.
La Conférence des autorités de gestion regroupe des conseils de cogestion de la faune et des gouvernements qui se partagent la responsabilité de sauvegarder et de rétablir les espèces en péril au territoire. Son rôle est d’assurer la direction, la coordination et le leadership sur la question des espèces en péril. Toutes ses décisions sont prises par consensus.
La biologiste de la faune du Conseil consultatif de la gestion de la faune des T.N.-O., Jessica Norris, affirme que plusieurs raisons ont justifié l’élaboration de cette stratégie sur le caribou de Peary à l’échelle territoriale. « Il a été établi comme une espèce vulnérable et il s’agit d’une très petite population », souligne-t-elle.
L’aire de répartition du caribou de Peary chevauche le nord du Nunavut et le nord-est des T.N.-O. Elle s’étend principalement des îles Banks jusqu’aux îles Reine-Élisabeth, en passant notamment par l’île Somerset.
La population de la harde a considérablement chuté dans les dernières années, passant d’environ 20 000 bêtes en 1987 à quelque 13 200 en 2015, année qui correspond à l’estimation la plus récente des bêtes matures.
Les derniers dénombrements effectués aux T.N.-O., datés de 2012 et de 2019, estimaient à environ 8700 le nombre total de caribous de Peary sur ce territoire et à 7800 le nombre d’adultes (âgés de plus d’un an).
Dès 2004, cette tendance à la baisse a poussé le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) à désigner le caribou de Peary comme une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Le groupe d’experts l’a ensuite réévalué et l’a désignée « menacée » en novembre 2015.
Limiter les effets cumulatifs
« Certaines des menaces qui ont contribué aux déclins historiques ont été atténuées avec succès, tandis que d’autres sont persistantes et continuent d’être préoccupantes », indique la Conférence des autorités de gestion des T.N.-O.
Parmi ces « menaces », elle cite les changements climatiques, l’expansion de l’aire de répartition du grizzli, le développement industriel et l’augmentation du trafic maritime dans les eaux arctiques.
« Ces menaces persistantes suggèrent que les populations de caribou de Peary pourraient décliner à l’avenir et que des mesures continues de conservation sont nécessaires pour soutenir le rétablissement du caribou de Peary », peut-on lire.
Selon Jessica Norris, la priorité est donc de déterminer comment l’espèce se porte aux TN.-O. et quels sont les facteurs qui influent sur sa pérennité.
« Je dirais que le climat, les conditions changeantes des glaces, les changements climatiques […] et les activités humaines notables alimentent des écarts dans les connaissances que nous avons. Alors, je crois qu’il faut continuer à les étudier », dit-elle.
« Avec des politiques de gestion, l’espoir est de limiter ces effets cumulatifs, y compris les menaces engendrées par l’homme », mentionne Jessica Norris.
La stratégie s’est appuyée sur le rapport territorial sur la situation de l’espèce et et sur le programme fédéral de rétablissement du caribou de Peary, tous deux parus en 2022. Ce dernier avait notamment désigné comme habitat essentiel les lieux de passages de l’espèce sur de la glace de mer.
Selon la Conférence des autorités de gestion des Territoires du Nord-Ouest, cette stratégie sera suivie d’un ou de plusieurs plans d’action préparés notamment par les gouvernements fédéral, des T.N.-O. et du Nunavut, les conseils de gestion des ressources fauniques et les organisations inuit régionales.
La Conférence a jusqu’au 29 avril 2025 pour présenter un accord consensuel qui détermine des mesures concrètes pour mettre en œuvre sa stratégie de rétablissement du caribou de Peary.