Suivre le parcours d’une bernache, de l’étude scientifique au repas traditionnel

Anderson Jolly compte servir cette bernache lors de son festin de mariage avec sa compagne, Ellen Joyner. (Anderson Jolly)
C’est lors d’une partie de chasse traditionnelle près de la communauté crie de Nemaska, dans le Nord-du-Québec, qu’Anderson Jolly a été surpris de trouver un collier émetteur sur une des bernaches qu’il venait de récolter, ce qui lui a permis de suivre la migration impressionnante de cet animal.

Ce résident de Chisasibi était en compagnie de son ami Jerry Wapachee le 10 mai dernier, au bord du lac Champion, lorsque 25 bernaches se sont posées près d’eux.

Après une série de tirs, ils ont pu en récolter près de la moitié. C’est là qu’Anderson Jolly a remarqué qu’une des bernaches portait un collier émetteur.

« J’ai été un peu surpris… Je n’ai jamais récolté de bernache avec un dispositif de localisation sur le cou », explique le chasseur cri à partir de sa maison de Chisasibi.

« J’ai regardé le collier, il y avait des informations et une adresse courriel », ajoute-t-il.

Le collier émetteur ne semblait pas avoir nui à l’animal, qui était en bonne santé, d’après le chasseur. (Anderson Jolly)

Anderson Jolly était familier avec ce concept, ayant lui-même travaillé en tant que technicien faunique pour le gouvernement de la Nation crie.

« J’ai pensé que ça pourrait être un projet intéressant sur lequel ils travaillent et je soutiens toute recherche effectuée sur le changement climatique », indique-t-il.

En revenant chez lui, il a immédiatement écrit à l’adresse indiquée sur le collier. Une semaine plus tard, il a eu une réponse qu’il l’a surpris.

« Ils m’ont félicité! »

La réponse indiquait que l’oiseau faisait partie d’un projet de recherche sur les populations de bernaches du Canada, qui nichent le long de la péninsule d’Ungava, au Nunavik.

On lui a alors demandé de retourner le collier émetteur, qui sera réutilisé dans le cadre de la recherche.

En échange, il a reçu une réplique du collier ainsi qu’une carte avec les déplacements de l’oiseau depuis qu’il avait été observé, 450 jours auparavant, le 15 février 2023, dans l’État américain de la Virginie.

« Quand j’ai regardé la carte, c’était intéressant de voir où la bernache se trouvait et depuis combien de temps elle portait ce collier », mentionne M. Jolly.

Au printemps 2023, la bernache en question est partie de la côte est américaine et a traversé les régions d’Ottawa et de Québec jusqu’à Salluit, dans le nord du Québec, avant de revenir à son point de départ.

On voit ensuite son trajet de 2024, qui s’est abruptement terminé en territoire cri.

Anderson Jolly a construit une plateforme flottante pour chasser la bernache sur le lac Champion, sur le territoire traditionnel des Cris, l’Eeyou Istchee. (Anderson Jolly)
Inquiétude à propos de la chasse plus au sud

Toute cette aventure a amené Anderson Jolly à se questionner sur ce que les Cris appellent la « chasse à l’oie du sud ».

Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant de chasseurs cris se dirigent vers la région d’Ottawa pour chasser la bernache.

« Je crains qu’ils puissent perturber la voie de migration, la santé des oiseaux ou leurs zones d’alimentation », dit le chasseur, ajoutant qu’Ottawa est une halte importante pour les bernaches en route vers le nord.

Selon lui, il faudrait plutôt permettre aux bernaches de se reposer et de se nourrir pendant leur migration, sans les perturber.

C’est une idée que partagent selon lui de nombreux chasseurs de sa communauté adoptive de Chisasibi, où il serait interdit de chasser dans les aires d’alimentation des bernaches.

Selon certains, il est préférable de laisser les bernaches s’alimenter en paix afin de faciliter leur migration vers le nord. (Radio-Canada/Archives/Manuel Carrillos Avalos)

C’est en suivant ce principe qu’Anderson Jolly compte poursuivre la tradition de la chasse aux bernaches.

Quant à celle qu’il a récoltée en mai dernier, il compte la servir dans le festin prévu pendant son mariage, plus tard cette année.

« La bernache est un aliment principal dans l’assiette du festin avec l’ours, le castor et d’autres délices. Je l’ai donc gardée pour cette occasion spéciale », explique-t-il.

M Jolly encourage les autres chasseurs cris à ne pas hésiter à contacter les équipes de recherche s’ils récoltent un oiseau avec un collier émetteur pendant la saison de chasse à la bernache du printemps ou de l’automne.

Avec les informations de Susan Bell

Radio-Canada

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