Le logement comme droit : faire face à la crise

Kristel Derkowski a présenté un plaidoyer pour repenser le logement en tant que droit fondamental (Cristiano Pereira/L’Aquilon)

Lors d’une séance d’information publique devant le Comité permanent des affaires sociales que s’est déroulé  lundi dernier à l’Assemblée législative, à Yellowknife, la chercheuse Kristel Derkowski a présenté un plaidoyer pour repenser le logement en tant que droit fondamental dans les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.).

S’appuyant sur ses recherches approfondies et sur son expérience en tant que directrice de la recherche et du développement pour Taylor Architecture Group, Mme Derkowski a exposé les défis historiques et systémiques qui ont conduit à la crise actuelle du logement, en particulier dans les communautés autochtones.

Des défis historiques

Elle a commencé par souligner les problèmes profondément enracinés découlant de l’implication du gouvernement fédéral dans le logement public, qui a débuté en 1959.

« Nous n’avons jamais eu assez de logements dans les T.N.-O. depuis que le gouvernement fédéral s’est impliqué », a-t-elle déclaré.

Elle a expliqué que les logements initialement fournis étaient inadéquats pour le climat nordique et inappropriés sur le plan culturel. Cela a créé des conflits économiques et sociaux durables qui persistent à ce jour.

L’un des principaux problèmes, selon la chercheuse, est la stagnation du nombre de logements en raison des réductions de financement au milieu des années 1990. Cela a entraîné un écart important entre les logements publics disponibles et la demande croissante, en particulier dans les communautés autochtones.

« Notre stock de logements publics dans le territoire a essentiellement plafonné entre 1996 et 2021, tandis que le besoin de logements publics a continué d’augmenter », a-t-elle expliqué.

Cette stagnation, combinée à l’absence d’une économie de trésorerie viable dans les communautés non marchandes, a exacerbé les insuffisances en matière de logement et a accru les disparités raciales et économiques.

Les recherches de Mme Derkowski révèlent également les barrières systémiques auxquelles les communautés autochtones sont confrontées pour accéder à un logement adéquat. Elle a souligné que la crise du logement est « spatialement et extrêmement racialisée », les communautés autochtones étant les plus touchées par les insuffisances.

Le chômage et les problèmes de logement dans ces communautés sont nettement plus élevés que dans les communautés marchandes comme Yellowknife, ce qui entraîne de la pauvreté et des mauvaises conditions de vie.

Des solutions innovantes

En réponse à ces défis, Mme Derkowski a proposé plusieurs solutions visant à autonomiser les communautés locales et à créer des options de logement durables. L’une de ces propositions est la création de centres de construction dans les communautés non marchandes, qui offriraient des occasions d’emploi locales et renforceraient les capacités pour répondre aux besoins en matière de logement.

Elle a mis de l’avant un projet à Fort Good Hope qui a reçu 15,2 millions de dollars de financement fédéral pour créer une usine de logements modulaires. Cependant, elle a noté que le projet est actuellement bloqué en raison de retards dans l’obtention d’un bail foncier auprès du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO).

« Nous avons besoin que le GTNO signe un bail pour le terrain, car c’est la seule chose qui bloque ce projet en ce moment », a-t-elle indiqué.

Une autre proposition clé est le développement d’un modèle de propriété transitoire adapté aux conditions uniques des communautés non marchandes. Ce modèle, basé sur le programme d’aide à l’accession à la propriété des années 1980, comprendrait une propriété partagée entre les gouvernements communautaires et les individus, ainsi que des éléments de travail bénévole pour compenser le manque de revenus en espèces.

« L’idée est de recréer les résultats du programme d’aide à l’accession à la propriété des années 1980, mais dans le contexte actuel », a-t-elle ajouté.

Kristel Derkowski a également exprimé des préoccupations concernant l’application du Code national du bâtiment dans le contexte nordique. Elle a affirmé qu’il ne correspond souvent pas aux réalités de la construction et de la vie dans les T.N.-O. 

L’importance de la collaboration

Tout au long de sa présentation, Mme Derkowski a parlé de la nécessité d’efforts collaboratifs entre le GTNO, les gouvernements autochtones et les communautés locales pour créer des solutions de logement durables et culturellement appropriées. Elle a également exhorté le GTNO à lever les barrières réglementaires et à sécuriser le financement opérationnel pour le logement social, qu’elle considère comme essentiel pour toute solution à long terme.

La séance d’information s’est terminée par un appel à réévaluer les politiques de logement dans les TNO, reconnaissant l’urgence de la crise et la nécessité d’une approche basée sur les droits pour le logement. « Il faut que le logement soit diversifié afin de pouvoir servir les personnes dans différentes situations de leur vie », a conclu Mme Derkowski.

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