Un deuxième membre de l’expédition Franklin identifié grâce à l’ADN
Une équipe de chercheurs a réussi à identifier, grâce à l’ADN, les restes d’un deuxième membre de l’équipage de l’expédition de Sir John Franklin, qui s’est terminée de façon tragique dans l’Arctique au milieu du 19e siècle.
James Fitzjames est le deuxième membre de cette expédition à avoir été identifié grâce à de l’ADN. Il était le capitaine de l’un des deux vaisseaux qui est devenu le commandant adjoint après la mort de Sir John Franklin, en 1847.
Cela nous aide à poser de nouvelles questions sur ce qui s’est réellement passé, dit Doug Stenton, un archéologue de l’Université de Waterloo.
Les vaisseaux de Franklin, le Erebus et le Terror, ont quitté l’Angleterre en 1845 pour atteindre le passage du Nord-Ouest. Le commandant et ses 128 membres d’équipage n’en sont jamais revenus.
Plus de 30 expéditions ont été organisées pour tenter de les retrouver. Trois tombes ont été retrouvées sur l’île Beechey, et leurs occupants, identifiés.
En 2014, l’épave de l’Erebus a été retrouvée près de la côte nord-ouest de l’île du Roi-Guillaume, au Nunavut, en utilisant les traditions orales inuit et des instruments de haute technologie. Le vaisseau Terror a été retrouvé deux ans plus tard.
ADN provenant d’une molaire
La sépulture de James Fitzjames, sur l’île du Roi-Guillaume, a probablement été découverte pour la première fois dans les années 1860 par des Inuit. Elle a été étudiée par des archéologues au début des années 1990. Ses ossements étaient éparpillés avec les ossements de 13 autres marins sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres carrés, explique Doug Stenton.
L’ADN de James Fitzjames a été isolé et déterminé à partir d’une seule molaire. La dent a été extraite de l’os de la mâchoire sur laquelle on a retrouvé des marques de découpes faites par l’homme, ce qui fait de James Fitzjames la première victime identifiée du cannibalisme qui a eu lieu lors de cette expédition.
La réponse la plus bienveillante à l’information présentée ici est certainement de reconnaître le niveau de désespoir que les marins de Franklin ont dû ressentir pour faire quelque chose qu’ils auraient considéré comme répugnant, écrit Doug Stenton.
Des descendants identifiés
Doug Stenton et ses collègues ont cherché pendant des années à recueillir l’ADN de descendants des marins de l’expédition de Franklin, en faisant de la publicité, par exemple, dans des musées. En 2021, ces démarches ont permis de retrouver l’arrière-arrière-arrière-petit-fils de l’officier marinier John Gregory.
Les descendants de James Fitzjames, la famille d’un cousin paternel au second degré, ont été contactés, mais ils ne se sont pas encore manifestés.
Ils étaient excités et très intrigués, dit Doug Stenton.
La vie de James Fitzjames est bien documentée : il a rejoint la Royal Navy à l’âge de 12 ans et a navigué en Amérique du Nord et Centrale, à Malte, en Syrie, en Égypte et en Chine, avant de se rendre dans l’Arctique. L’homme était reconnu pour son courage.
C’est aussi James Fitzjames qui, à titre de capitaine de l’Erebus, a écrit le texte du dernier message connu de l’expédition, découvert sur la pointe Victoria de l’île du Roi-Guillaume.
Sir John Franklin est mort le 11 juin 1847, et le nombre total de décès à ce jour est de 9 officiers et 15 hommes […]. Nous partons demain le 26 pour Backs Fish River, peut-on lire sur la note qu’il a cosignée.
Les restes du capitaine de l’Erebus ont été renvoyés à l’endroit de son dernier repos, le cairn contenant les ossements de ses camarades de bord. Doug Stenton et son équipe, de leur côté, essaient toujours de comparer des profils d’ADN afin d’identifier d’autres restes humains.
Doug Stenton écrit que l’identification des restes de James Fitzjames, retrouvés près de ceux de John Gregory, pourrait donner des pistes de réponse sur ce qui s’est passé durant l’expédition. Les deux hommes ont voyagé à bord de l’Erebus.
Cela pourrait ouvrir la porte à beaucoup d’hypothèses, dit Doug Stenton. Quels sont les événements qui se sont vraiment déroulés, plus particulièrement après la désertion [des navires]?
Les chercheurs se sont longuement demandé qui était responsable de l’équipage à mesure que les officiers mouraient, ajoute-t-il.
Que s’est-il réellement passé? se demande Doug Stenton.
Cette question fait partie de l’énigme entourant l’expédition de Franklin et est perpétuée à travers des chansons, des romans et des émissions de télévision.
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