Des communautés des T.N.-O. reçoivent de l’aide pour le transport de marchandises
![Le navire Henry Christoffersen de MTS arrive à Ulukhaktok (T.N.-O.) en septembre 2023. En 2024, les barges quitteront Tuktoyaktuk (T.N.-O.) pour apporter du carburant et d'autres produits secs aux communautés de la côte arctique et du fleuve Mackenzie.](https://www.rcinet.ca/regard-sur-arctique/wp-content/uploads/sites/31/2024/10/barge.jpg)
Une aide financière ponctuelle a été annoncée mercredi par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) pour couvrir une partie des frais supplémentaires engendrés par le transport de marchandises par avion dans les régions du Sahtu et du Beaufort-Delta.
Le transport par barge a été annulé en 2024 en raison du faible niveau du fleuve Mackenzie, qui a baissé de 4 mètres depuis 2022, selon des données du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
Le fleuve Mackenzie est le seul chemin d’accès en saison estivale pour les communautés de la région, permettant d’acheminer des biens comme du mazout de chauffage, de l’essence et de la nourriture. En hiver, ces communautés sont reliées au sud du territoire grâce à un système de routes d’hiver.
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En l’absence de livraison par barge, les communautés ont épuisé leurs réserves, et la marchandise doit être envoyée par avion, ce qui fait augmenter considérablement la facture.
L’aide financière annoncée mercredi permettra aux entreprises de se faire rembourser jusqu’à 50 % de la différence entre le coût prévu pour un réapprovisionnement par barge et celui prévu par avion, jusqu’à concurrence de 30 000 $ par entreprise.
Le montant total disponible est de 1,8 million $.
Ce financement ponctuel a été spécifiquement conçu pour cet événement extraordinaire, une interruption soudaine et grave d’une voie d’approvisionnement critique dans une région qui n’a pas d’autres possibilités d’approvisionnement, a indiqué la ministre de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement des T.N.-O., Caitlin Cleveland, lors d’un point de presse.
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Selon la ministre, le Sahtu a le coût de la vie le plus élevé des Territoires du Nord-Ouest.
Une aide essentielle
Kevin Diebold, un entrepreneur de Norman Wells, dit que le coût des biens essentiels est « vraiment à la hausse » et que l’aide du gouvernement est essentielle pour éviter que les résidents ne quittent la région.
Présentement, avec son entreprise Sahtu Building Supplies, il fait venir de grandes quantités de matériel en provenance d’Edmonton et de Yellowknife par avion, ce qui fait augmenter les coûts « qu’on doit facturer au consommateur », dit-il.
Ainsi, le coût du transport d’une livre de marchandise par barge est d’environ 1,10 $, selon ses calculs. Pour les commandes de 2000 livres ou plus, Kevin Diebold dit qu’il paie environ 1,38 $ la livre en utilisant le fret aérien.
Pour les commandes de 2000 livres ou moins, les frais de transport grimpent rapidement et varient de 4 à 10 $ la livre.
[Avec cette aide], on aura un répit, et les prix vont baisser, estime-t-il.
À Fort Good Hope, l’annulation du service de livraison par barge a des répercussions importantes, selon Heather Bourassa, propriétaire d’Arctic Circle Enterprises. Son entreprise offre une gamme de services allant de l’approvisionnement de denrées pour les épiceries à la distribution de mazout de chauffage.
Le fait de ne pas avoir du tout de barges a vraiment limité notre habileté à acheter du matériel, à planifier et à terminer nos contrats, dit-elle.
Elle est satisfaite de l’aide gouvernementale. « Nous, les entrepreneurs […] nous apprécions toute l’aide que le gouvernement est prêt à nous accorder », ajoute-t-elle.
Les deux entrepreneurs ne sont toutefois pas convaincus que cette aide sera suffisante.
Kevin Diebold croit qu’il a probablement déjà dépensé le maximum des 30 000 $ qu’il peut réclamer à titre de subvention. Heather Bourassa estime que ce plafond sera atteint rapidement en raison du coût très élevé du fret aérien.
Une route permanente
Kevin Diebold espère que cette aide ne sera pas seulement ponctuelle, car les niveaux du fleuve sont si bas qu’il s’attend à revivre la même chose en 2025. Selon lui et beaucoup de résidents de Norman Wells, la seule solution à long terme est la construction d’une route permanente.
C’est un dossier que des dirigeants des T.N.-O. essaient de faire avancer le plus rapidement possible. Une délégation d’élus et de chefs autochtones, dont la ministre Caitlin Cleveland, est d’ailleurs à Ottawa cette semaine pour obtenir du fédéral un engagement à financer la route de la vallée du Mackenzie.
Cette route relierait Norman Wells à Wrigley, plus au sud, et au système routier des T.N.-O. La construction de cette route est estimée à 700 millions, selon le gouvernement territorial.
La ministre Cleveland a indiqué que les discussions avec les ministres et les fonctionnaires fédéraux ont été positives.
Nous faisons notre part pour que le [fédéral] ait toute l’information en main pour qu’on reçoive, espérons-le, de bonnes nouvelles dans son prochain cycle budgétaire, a-t-elle ajouté.
Avec les informations de Luke Carroll
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