Raymond Théberge de passage à Iqaluit

Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge, est allé à la rencontre de la communauté francophone d’Iqaluit, au Nunavut, afin de mieux comprendre ses défis et ses particularités.
C’est son premier passage au Nunavut depuis le début de son mandat, en 2018, une visite qu’il avait prévue il y a quelques années, mais qui avait dû être reportée en raison de la pandémie.
Je voulais visiter cette communauté qui est unique d’une certaine façon, dit-il. De voir comment elle se maintient, comment elle s’épanouit, comprendre ses défis, comprendre ses ambitions et voir comment le régime fédéral peut appuyer leur développement.
Lors de sa visite, il a rencontré des représentants de l’Association des francophones du Nunavut. Il en a aussi profité pour visiter l’École des Trois-Soleils.
C’est une communauté qui, à mon avis, est en développement, qui a un avenir fort intéressant. Et je voulais le voir de mes yeux.
Coexistence de trois langues officielles
Le paysage linguistique du Nunavut diffère de celui des autres provinces et territoires, puisqu’il reconnaît, dans sa Loi sur les langues officielles, l’anglais, le français et l’inuktuk, qui comprend l’inuktituk et l’inuinnaqtun.
Raymond Théberge en a discuté avec la commissaire aux langues du Nunavut, Karliin Aariak. Il estime que la coexistence de ces langues est possible.
« Je pense que ça peut coexister. La croissance de la communauté [francophone], c’est un exemple, la croissance de la présence de l’inuktitut, c’est un autre exemple. Je n’ai pas senti une tension entre les divers régimes linguistiques », affirme-t-il.
Je pense que les gens cherchent à trouver la meilleure façon pour que ça fonctionne.
Et ce modèle de coexistence de plusieurs langues officielles pourrait, un jour, se voir ailleurs au pays, selon le commissaire aux langues officielles.
La question des langues officielles, ce n’est pas une question figée, c’est constamment en évolution. Et ce genre de visite alimente notre réflexion.
Des progrès, mais aussi de la vigilance
Bien que la revitalisation des langues autochtones ne fasse pas partie de son mandat, Raymond Théberge a pu observer que le Nunavut est sur la bonne voie pour revitaliser et préserver l’inuktut.
Selon lui, la Loi sur la protection de la langue inuit du Nunavut est fiable, car elle permet à tous les locuteurs de l’inuktuk de demander des services auprès des institutions dans leur langue.
Raymond Théberge estime que c’est ce genre de cadre législatif qui peut assurer la survie d’une langue, que ce soit le français ou l’inuktut au Nunavut. Le gouvernement a un grand rôle à jouer dans la vitalité des communautés linguistiques minoritaires, selon lui.
On doit mettre en place les institutions qui vont supporter l’utilisation de cette langue, créer des espaces pour son usage, dit le Franco-Manitobain d’origine, qui publiera, le 9 octobre, son rapport faisant l’état des lieux des communautés francophones en situation minoritaire.
Raymond Théberge estime que la situation du français au pays est en évolution, mais il y a toujours matière à amélioration.
On a fait des progrès, au cours des dernières années, mais on doit toujours être vigilant et s’assurer qu’on se dote des institutions nécessaires, des outils nécessaires et de toujours s’assurer d’affirmer nos droits linguistiques, ajoute-t-il.
«Un droit qui n’est pas utilisé, ça peut être un droit qui va se perdre. Je pense qu’on doit toujours être vigilant et ne jamais rien prendre pour acquis», conclut-il.
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