La Norvège, l’autre voisin de la Russie en Arctique
Membre fondateur de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) depuis 1949, la Norvège partage une frontière septentrionale de moins de 200 km avec la Russie au-dessus du cercle arctique, en Laponie. L’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes a ravivé les craintes d’Oslo envers les menaces de son encombrant voisin sur cette région que les Norvégiens ont toujours considérée comme « sensible ».
« En tant que membre de l’alliance, nous n’avons jamais eu de doute quant à la protection dont nous jouissons dans l’organisation », dit en entrevue Jon Elvedal Fredriksen, ambassadeur de la Norvège.
Il rappelle que son pays a été à la fois le voisin de l’Union soviétique et aujourd’hui de la Fédération de Russie. « Si nous regardons les 60 dernières années, la Norvège a toujours été un membre solide de l’OTAN, mais libre aussi de tenter d’entretenir une relation civilisée avec le voisin russe avec des accords de coopérations à la frontière des deux nations. »
De passage à Toronto pour assister à la conférence Arctique360 qui se déroule chaque année dans la Ville Reine, le diplomate décrit les 12 derniers mois comme une « année dramatique pour le monde, pour l’Europe et pour l’Amérique du Nord ». Mais il indique toutefois que de nombreux partenariats entre « amis du Nord » ont été également créés afin de dynamiser des relations fragilisées par la guerre en Ukraine.
Depuis que la Russie a attaqué le territoire ukrainien en 2014 avec l’annexion de la Crimée, la Norvège a tout de suite et sans hésitation participé aux premières sanctions de l’Union européenne contre Moscou, note le diplomate.
« Il y a eu des conséquences importantes sur nos relations avec Moscou qui est dû aux actions unilatérales prises par Vladimir Poutine », a-t-il précisé, ajoutant du même coup que les accords bilatéraux aussi bien diplomatiques qu’économiques entre les deux nations concernant le Grand Nord sont à leur point mort.
Selon le diplomate, la Norvège accueille « très favorablement » l’arrivée prochaine dans l’OTAN de la Suède et de la Finlande qui ont demandé leur adhésion. « Cela va renforcer la défense, la sécurité et les capacités de résilience des pays nordiques. En dehors de l’alliance, nous entretenons des liens historiques et militaires importants avec les autres nations scandinaves. »
M. Fredriksen explique que les Norvégiens ont toujours été impliqués dans les affaires du monde, notamment les politiques internationales menées par les États-Unis et la Russie. « La Seconde Guerre mondiale a engendré un monde multipolaire dans lequel la Norvège a toujours espéré naviguer en tant qu’interlocuteur entre les parties en opposition », raconte-t-il.
Ce qui notamment pourrait expliquer qu’Oslo n’a jamais formellement fermé sa frontière avec la Russie, même au plus fort de la crise. Notons que la Norvège n’est pas membre de l’UE ni de l’espace Schengen. « Hormis la période pandémique de COVID-19 où Moscou a fermé son côté de la frontière, nos deux pays ont toujours gardé un accès terrestre même si les voyages ou le trafic routier et maritime a fortement baissé en raison de la situation. »
Un rapport alarmant
Alors que la guerre continue de faire rage en Ukraine, les services de renseignement norvégiens ont récemment alerté la communauté internationale sur l’importance croissante de la « dissuasion » nucléaire russe dans les eaux arctiques du Grand Nord.
Le rapport annuel norvégien stipule que Moscou dispose de capacités sous-marines et numériques et d’armes antisatellite qui pourraient menacer la Norvège et l’alliance militaire de l’OTAN. Les armes nucléaires tactiques constituent « une menace particulièrement grave dans plusieurs scénarios opérationnels dans lesquels les pays de l’OTAN pourraient être impliqués ».
Alors que Vladimir Poutine a annoncé cette semaine la suspension de la participation de la Russie au traité de réduction des armes stratégiques New Start, Oslo s’inquiète de la progression des armes nucléaires et des forces de dissuasion stratégique. « La défense par la flotte du Nord des bases militaires russes de Kola, du Bastion Nord et de la mer de Barents devient également plus importante », ont déclaré les autorités.
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