Le vol direct entre le Nunavut et le Groenland, plus populaire auprès des Canadiens

Un avion rouge de la compagnie aérienne Air Greenland sur le tarmac de l'aéroport d'Iqaluit, au Nunavut, le 26 juin 2024.
Le vol direct entre Iqaluit et Nuuk, capitales respectives du Nunavut et du Groenland, a été particulièrement populaire auprès des Canadiens, qui ont occupé un peu plus de 60 % des sièges. (Photo : Radio-Canada/Matisse Harvey)

Avec plus de 60 % des sièges occupés par des Canadiens, le vol direct entre les capitales respectives du Nunavut et du Groenland, Iqaluit et Nuuk, est un pari réussi aux yeux de la compagnie aérienne Air Greenland, qui l’a déjà renouvelé pour une deuxième année.

Mercredi, un bimoteur rouge du transporteur aérien groenlandais s’est posé pour la dernière fois de l’année dans les deux capitales.

Du 26 juin au 23 octobre, Air Greenland a exploité un vol régulier de 37 places entre ces deux villes à raison d’une fois par semaine.

Photo de la capitale du Groenland, Nuuk. (iStock)

Cette liaison directe, la première en 10 ans, a été empruntée par environ 800 passagers, soit quelque 70 % de tous les sièges disponibles, selon le transporteur aérien.

Pour que le vol soit rentable, la compagnie avait pour objectif de remplir au moins la moitié des sièges dans chaque avion, un seuil qu’Air Greenland est parvenue à dépasser.

Le PDG de l’entreprise, Jacob Nitter Sørensen, affirme que cet essai a été une réussite.

Le départ a été tardif, mais nous avons constaté […] que de nombreux passagers étaient satisfaits et qu’il y avait beaucoup d’intérêt pour l’année prochaine et les années à venir. Donc, c’est vraiment un très bon début, dit-il.

Le vol a été particulièrement populaire auprès des Canadiens, qui ont occupé un peu plus de 60 % des sièges des vols de Nuuk vers Iqaluit et environ 70 % de ceux d’Iqaluit vers Nuuk.

Les personnes de nationalité danoise arrivent en deuxième position des voyageurs ayant le plus utilisé la liaison aérienne.

Jacob Nitter Sørensen associe cette tendance à la forte demande du côté canadien.

Le marché y est beaucoup plus important, car il ne s’agit pas seulement de personnes d’Iqaluit, mais aussi du sud du Canada, croit-il.

Par ailleurs, une collaboration entre Air Greenland et Canadian North a permis aux voyageurs de se rendre à Ottawa la même journée, ce qui explique également l’engouement des Canadiens, selon lui.

En l’absence du vol direct, il faut prévoir un itinéraire de plusieurs jours, ce qui exige notamment une escale à Reykjavik, en Islande, ou à Copenhague, au Danemark.

Échanges culturels

Ateliers culturels, réunions d’affaires, voyages touristiques : de nombreuses initiatives ont vu le jour grâce à la liaison aérienne.

Ce que nous constatons […] du côté canadien, c’est qu’il existe vraiment un marché pour les personnes travaillant dans le secteur de l’exploration minière […]. mais également dans le tourisme, la politique, dans le milieu de la culture, de la musique et des sports, indique Jacob Nitter Sørensen, PDG d’Air Greenland.

Parmi ces initiatives figure la création d’un atelier de plusieurs semaines sur la création de « kamik », des chaussons en peau de phoque. L’écomusée Kittat, qui se spécialise dans la confection de vêtements traditionnels groenlandais à Nuuk, a fait appel à des artisanes nunavummiut pour montrer localement leurs techniques de couture.

Le but de cet atelier était d’enseigner à fabriquer des kamik […], ce qui inclut la terminologie, l’adoucissement [des peaux] et des techniques qui en découlent, explique Sheila Oolayou, l’une des deux expertes invitées pour l’occasion.

Conséquence du vol direct, l’initiative a, selon elle, créé une riche occasion d’échanges entre deux territoires aux pratiques culturelles similaires.

Deux femmes regardent attentivement les techniques de confection de chaussons traditionnels inuit d'une couturière, lors d'un atelier à Nuuk, au Groenland, le 10 octobre 2024.
La Nunavummiuq Mary Panipak (au centre) montre ses techniques de couture à deux participantes groenlandaises. (Photo : Radio-Canada/Matisse Harvey)

Ce sont ces ressemblances qui ont frappé l’influenceuse groenlandaise Qupanuk Olsen, connue sur les réseaux sociaux sous son acronyme Q’s Greenland, lors de sa première visite à Iqaluit, au mois de juin.

Je savais que nous avions des similitudes, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elles soient aussi prononcées, dit-elle, en mentionnant notamment l’influence de la colonisation sur les deux territoires.

Le fait de renouer nous permet en quelque sorte de nous réapproprier […] tout ce que la colonisation nous a fait perdre, poursuit Qupanuk Olsen. Et [ce vol] est certainement une manière d’y parvenir.

Quelques embûches en cours de route

Jacob Nitter Sørensen reconnaît que plusieurs ennuis ont eu des conséquences négatives sur les ventes.

Il cite le feu vert tardif des autorités canadiennes, au printemps, suivi de la révocation de l’autorisation de sécurité de l’aéroport de Nuuk par l’autorité des transports du Danemark.

Naja Pearce, une résidente d’Iqaluit, était d’ailleurs au nombre des passagers touchés par la suspension du vol. Le trajet de retour de quatre jours proposé par Air Greenland a forcé la jeune femme à effectuer quatre escales, notamment à Copenhague et à Toronto.

Malgré tout, Naja Pearce garde un souvenir positif de son séjour. «Je suis tombée amoureuse du Groenland. Les gens sont tellement authentiques, gentils et amicaux, ce qui a rendu l’expérience encore plus marquante parce que j’ai maintenant des amis là-bas.»

Tout comme elle, plusieurs Nunavummiut ont déjà l’intention de visiter à nouveau le territoire voisin. Air Greenland offrira la liaison l’an prochain, cette fois du 2 avril au 28 octobre.

D’ici là, l’inauguration du nouvel aéroport de Nuuk, le 28 novembre, ouvrira la voie à de nouveaux vols vers le Groenland, ce qui pourrait avoir une incidence sur le marché et la compétition.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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