Des nombres records aux banques alimentaires d’Iqaluit, dans le Nord canadien

Les demandes auprès des banques alimentaires d’Iqaluit montent en flèche depuis un an. Une tendance qui, selon leurs dirigeants, met en lumière une crise alimentaire sans précédent dans la capitale du Nunavut.
Avec sa petite équipe de bénévoles et de salariés, le centre alimentaire Qajuqturvik peine à répondre à la demande croissante des derniers mois.
« Depuis le mois d’octobre, nous avons vu la demande augmenter d’environ 12 % chaque mois », indique la directrice générale de l’établissement, Rachel Blais. En un an, le nombre quotidien de bénéficiaires est passé d’une centaine à environ 400.
Le centre alimentaire Qajuqturvik distribue cinq fois par semaine des repas à des personnes dans le besoin. Il offre également des cours de cuisine à des enfants et des programmes de développement de compétences culinaires.

À Iqaluit, la Société islamique du Nunavut offre aussi un programme de distribution alimentaire, soit un samedi sur deux, à des Iqalummiut dans le besoin. L’un de ses bénévoles, Hussam Urai, souligne que le nombre de personnes ayant recours aux paniers alimentaires a quasiment doublé depuis la dernière année. « Ça me brise le coeur », dit-il.
Inflation : le Nunavut ne fait pas figure d’exception
Mme Blais mentionne que, dans le passé, l’établissement profitait habituellement d’une brève accalmie en été, car cette période est propice à la chasse et à la pêche. Or, dit-elle, cette tendance a changé du tout au tout cette année.
Elle croit que l’achalandage accru de la dernière année est une conséquence directe de la hausse nationale de l’inflation : « Non seulement nous observons une hausse de la demande, mais les prix des aliments que nous devons acheter pour le programme augmentent aussi significativement chaque mois. »

L’inflation a atteint 6,8 % en avril, 7,7 % en mai et 8,1 % en juin au Canada. Le Nunavut n’est pas épargné par cette tendance. « Nous savons que l’insécurité alimentaire est présente dans chaque communauté, mais qu’elles n’ont pas toutes des banques alimentaires et des soupes populaires », ajoute Rachel Blais.
En 2017, le Nunavut arrivait en tête des provinces et territoires au pays où l’insécurité alimentaire était la plus élevée, selon le Conference Board du Canada. Environ 51 % des Inuit du territoire, qui composent la majorité de la population, indiquaient faire face à une insécurité alimentaire modérée ou sévère.
Plus de soutien du gouvernement demandé
Rachel Blais croit que des programmes de banques alimentaires ne sont pas la solution pour faire face à l’insécurité alimentaire. « Ultimement, un changement important doit venir de notre gouvernement », affirme-t-elle.
Elle cite, entre autres, un plus grand soutien aux systèmes alimentaires locaux et aux chasseurs ainsi que l’amélioration du programme de subventions Nutrition Nord.
Lancé en 2011, ce programme vise à faciliter l’accès aux aliments sains dans les communautés nordiques pour réduire l’insécurité alimentaire qui persiste, mais sa transparence et son efficacité ont été critiquées dans le passé.

(Nick Murray/CBC)