Parcs Canada dévoile une nouvelle politique de cogestion avec les Autochtones
Parcs Canada a dévoilé, lundi, une nouvelle politique axée sur la cogestion avec les Autochtones. Elle définit un cadre qui jettera les bases d’une collaboration entre l’agence fédérale et les communautés autochtones pour la préservation de la nature et de la culture.
Nous souhaitons montrer que nous sommes à l’écoute depuis des décennies et que nous avons entendu les différents commentaires formulés. Il était maintenant nécessaire de manifester un engagement tangible et concret pour l’avenir, a indiqué Nadine Spence, vice-présidente des affaires autochtones et du patrimoine culturel de Parcs Canada, en entrevue avec CBC.
Parcs Canada a été créé dans les années 1880, lorsque le premier parc national du pays a été établi à Banff, en Alberta. À l’heure actuelle, l’agence gouvernementale gère plus de 200 sites, dont des parcs nationaux, des lieux historiques nationaux et des aires protégées. Son histoire avec les communautés autochtones est complexe, puisque des Premières Nations, Métis et Inuit ont parfois été déplacés, expulsés ou même bannis de leurs territoires traditionnels.
Encore du travail à faire
Tous ne sont pas d’accord avec cette nouvelle politique, cependant. Selon le chef Allan Adam, de la Première Nation Chipewyan Athabasca, plus de travail devrait être fait du côté de Parcs Canada avant qu’une telle politique soit établie, y compris la réparation des dommages causés dans le passé par l’agence fédérale.
Il demande également à ce que l’organisation reconnaisse le parc national Wood Buffalo comme faisant partie du territoire traditionnel de sa nation, les K’ai Tailé Dené. «Vous devez vous souvenir que vous nous avez expulsés des parcs nationaux en 1922 et que vous n’avez toujours pas résolu cette situation », a-t-il dit.
Le parc national Wood Buffalo est le plus grand parc national au pays et couvre des terres qui s’étendent dans les Territoires du Nord-Ouest et en Alberta. Au moment de sa création, tous les droits autochtones et issus des traités ont été considérés comme éteints par Parcs Canada.
La grand-mère d’Adam a été l’une des personnes qui n’ont plus été admises dans le parc national après la création de Wood Buffalo.
Mon père m’a raconté ce qui s’est passé, que ma grand-mère a été expulsée du parc national Wood Buffalo à 21 ans, quand son mari est décédé, confie-t-il.
La Première Nation Chipewyan Athabasca a demandé qu’un rapport sur l’histoire du parc national soit produit. Après avoir mené des entrevues avec des aînés et des membres de la communauté, le rapport a été publié en 2021. Il décrit l’histoire du parc comme étant violente et pleine de tensions. Le rapport souligne entre autres que les stratégies de cogestion du parc établies par la suite n’ont pas suffi à combler les répercussions intergénérationnelles sur le peuple Denesųłiné.
Pourquoi voudrions-nous conclure une entente de plan de gestion coopérative avec Parcs Canada, alors que nous n’avons rien fait de mal au départ? Si nous faisons cela, tout ce que nous faisons, c’est accepter les torts que Parcs Canada a causés à notre peuple, a déclaré Allan Adam, chef de la Première Nation Chipewyan Athabasca.
Une politique axée sur la confiance, selon Parcs Canada
La nouvelle politique a été préparée en collaboration avec le Cercle de la gérance autochtone, un groupe consultatif créé l’année dernière et réunissant des membres des Premières Nations, des Inuit et des Métis de partout au pays.
Selon Cindy Boyko, membre de la Nation Haïda et présidente du cercle, l’adoption de cette politique ouvre une nouvelle voie dans les relations entre les Autochtones et Parcs Canada.
Parcs Canada reconnaît les erreurs du passé et la façon dont les choses ont été faites, et prend les bonnes mesures pour y remédier, a affirmé Mme Boyko.
Selon le site web de Parcs Canada, les objectifs de la politique sont l’établissement d’un cadre pour la gestion autochtone et le soutien de la continuité culturelle, la sécurité culturelle et la guérison.
Cette nouvelle politique de gérance autochtone arrive 40 ans après la création du parc national Ivvavik, qui a été le premier parc national du pays à être établi à la suite d’un règlement de revendication territoriale et le premier parc à être cogéré avec une nation autochtone, les Inuvialuit.
Depuis, plusieurs ententes de cogestion pour des parcs nationaux ont été signées dans les Territoires du Nord-Ouest, dont la Réserve de parc national Thaıdene Nëné en 2019 ainsi que la Réserve de parc national Nahanni en 2022.
Pour le grand chef de Dehcho Herb Norwegian, qui était présent lors de la signature de l’accord concernant la Réserve de parc national Nahanni il y a deux ans, tout s’est bien déroulé jusqu’à présent.
Avec les informations de Jenna Dulewich, de CBC.
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