Élargir ses horizons par un échange d’enseignants au Nunavik

Quatre enseignants de l’École secondaire du Mont-Sainte-Anne, dans la région de Québec, participeront en mars prochain à un échange au village de Kangiqsualujjuaq, au Nunavik, dans le but de mieux connaître la réalité du Nord et la culture inuit.
Quatre enseignants de Kangiqsualujjuaq iront pour leur part passer quelques jours à l’École secondaire du Mont-Sainte-Anne.
Le directeur de l’école, Luc Paquette, a eu l’idée de cet échange il y a quelques années, lors de la découverte de possibles tombes anonymes près des pensionnats pour Autochtones, un événement qu’il a vécu comme une onde de choc.
J’avais parlé de ça à l’équipe, en disant qu’à partir de maintenant, ils avaient un budget illimité pour des projets, des livres, de faire venir des gens. On a un rôle à jouer dans la réconciliation, puis chacun des enfants qui passeront dans notre école va avoir la chance d’avoir cet éveil-là, un peu, explique-t-il.
Il faut dire que ce dernier était particulièrement sensible à la réalité autochtone, après avoir vécu lui-même de nombreuses années au village de Kangiqsualujjuaq comme enseignant et formateur. C’est de là que lui est venue l’idée d’envoyer des enseignants volontaires pour vivre cette expérience nordique.

Chaque enseignant voit 120 élèves par année. Après 10 ans, c’est 1200 élèves, qui vont avoir été touchés par un enseignant qui l’a vécu, puis qui peut en parler de manière authentique, ajoute Luc Paquette.
Un échange culturel
La directrice adjointe de l’école Ulluriaq, à Kangiqsualujjuaq, Nancy Etok, se réjouit de participer à cet échange d’enseignants. Elle est d’avis que cette expérience sera révélatrice pour eux et qu’ils deviendront de bons ambassadeurs pour le Nunavik, une fois revenus dans le Sud.
Ils vont pouvoir faire des échanges et créer des liens solides, qui vont durer des années. C’est toujours bien quand tu te connectes avec d’autres enseignants de partout, tu peux échanger des idées, indique-t-elle.

Le fait de passer quelques jours dans le Nord va leur permettre de mieux comprendre la culture inuit, dont les valeurs sont ancrées dans le mode de vie traditionnel et le territoire, dit-elle.
L’éducation est très importante, c’est certain. Mais pour les Inuit, la culture, le mode de vie, c’est tout aussi important. Quand on voit les taux de graduations bas au Nunavik, c’est vrai, mais les Inuit sont très heureux même s’ils ne sont pas aussi diplômés. […] J’espère que les profs qui vont venir vont voir cet autre côté de la culture, souligne Nancy Etok.
Enseignante en histoire au secondaire, Stéphanie Comtois sera du voyage en mars. Elle se dit très enthousiaste à l’idée d’en apprendre davantage sur le Nord. La perspective autochtone est souvent absente des programmes scolaires, selon elle.
Donc, je suis vraiment curieuse de voir le mode de fonctionnement là-bas, puis de pouvoir faire un petit clin d’œil au Nord dans mes approches ici. On va aussi faire des activités transversales avec une collègue de science qui vient avec nous. […] Donc, oui, c’est hyper stimulant, dit Stéphanie Comtois.
Ses collègues et elle iront donc au Nunavik du 5 au 12 mars. La période sera par ailleurs propice à découvrir les alentours du village, avec un ensoleillement plus long et des températures plus douces, ce qui permettra de mesurer la pleine grandeur du territoire, si cher aux Inuit.
Avec des informations d’Audrey Paris
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