L’abandon des athlètes perturbe une étude au Yukon Arctic Ultra
(Yukon Arctic Ultra/Mark Kelly)
Un nombre croissant d’athlètes sont en train d’abandonner l’ultramarathon Yukon Arctic Ultra en raison de températures glaciales, ce qui réduit les capacités d’un chercheur d’effectuer une étude sur le terrain.
Mathias Steinach fait partie du Centre de médecine spatiale et des environnements extrêmes à Berlin. Son objectif est d’analyser les effets du froid extrême et les transferts d’énergies corporels des athlètes de haut niveau.
Pour son étude, les athlètes qui se sont portés volontaires franchissent deux points de contrôle. Le premier est à 280 km de la ligne de départ et le deuxième à 580 km.
Cette année, les conditions sont particulièrement difficiles et 34 des 61 concurrents ont abandonné la course, en grande partie à cause des engelures.
« C’est sûr que cela a un impact sur notre étude. Nous avons commencé avec 14 coureurs, et maintenant nous ne sommes plus qu’à 4 », dit M. Steinach.
La Yukon Arctic Ultra s’étend sur 600 km que les athlètes parcourent à pied, à vélo ou à ski. La course se déroule du 2 au 14 février et emprunte le nouveau tracé de la course de chiens de traîneaux Yukon Quest.
Cette année, la température au départ de la course, à Teslin, avoisinait les -40 °C. Elle est restée stable aux alentours de -30 °C ces quatre derniers jours.
Nous croisons les doigts pour qu’il leur reste assez de force pour atteindre le point de contrôle et le point de contrôle suivant.
Mathias Steinach, chercheur au Centre de médecine spatiale et des environnements extrêmes
Selon Robert Pollhammer, organisateur de la course, la participation à l’étude est aussi intéressante pour les compétiteurs.
« Ils obtiennent beaucoup de données et d’informations sur eux-mêmes, sur ce qui les aiderait pour améliorer leurs performances à l’avenir ou ce qu’ils ont peut-être mal fait », dit-il.
Le sommeil et les calories
Les athlètes ont commencé à porter des moniteurs d’activité physique à Whitehorse avant de se lancer dans la course, afin que les chercheurs aient des données de références.
Plusieurs paramètres sont examinés, comme le sommeil, les calories dépensées, la dégradation musculaire, le stress et les fréquences cardiaques.
L’objectif serait de mesurer la fiabilité de la fréquence cardiaque qui permet de mieux comprendre l’état du système nerveux face aux évènements extrêmes.
Mathias Steinach donne l’exemple de la capacité des battements du cœur à revenir à un état plus stable malgré les conditions extrêmes. Cela permettrait de mesurer cette idée d’adaptabilité du corps.
Une grande fiabilité de la fréquence cardiaque montre une bonne capacité d’adaptation.
Mathias Steinach, chercheur
Mathias Steinach et son équipe s’intéressent à cet ultramarathon depuis 2013.
Par exemple, en 2017, ils avaient constaté que malgré un déficit calorique prononcé, la masse corporelle sans graisse des athlètes avait été préservée.
D’après lui, même si les données de la course de cette année sont insuffisantes pour être révisées et publiées par des pairs, cela pourrait donner une étude de cas.
L’étude serait semblable à celle que le Centre de médecine spatiale a réalisée sur une autre randonnée éprouvante, celle de Preet Chandi, la première femme à avoir traversé l’Antarctique à pied et sans soutien.
« Il est toujours intéressant de voir ce qu’une personne peut faire et de décrire ce que le corps humain est réellement capable d’accomplir. »
Avec des informations de Cheryl Kawaja
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