Les bas prix des diamants mettent des mines en péril aux T.N.-O.

Photo aérienne d'une mine de diamants.
Les mines de diamant souffrent de la chute des prix. (Photo d’archives : Rio Tinto)

Toutes les mines de diamant des Territoires du Nord-Ouest ont essuyé des millions de dollars de pertes, l’année dernière, en raison de la baisse du prix des diamants et de l’augmentation des coûts d’exploitation.

L’incertitude économique et l’approche de la fin de la durée de vie des mines pourraient précipiter leur fermeture. Cela toucherait durement, et plus tôt que prévu, le territoire, qui n’aurait aucun plan économique de rechange.

Cette année, la mine de Diavik a subi des pertes à hauteur de 127 millions de dollars, selon son exploitant Rio Tinto. Burgundy, qui possède la mine Ekati, a accumulé 94,7 millions de pertes. Même scénario pour l’actionnaire minoritaire de Gahcho Kue, la société Mountain Province qui rapporte une perte de 81 millions.

La peur d’une fermeture prématurée

Graeme Clinton est économiste à Yellowknife et l’auteur du rapport Eyes Wide Open, qui prédit un futur compliqué pour l’économie des T.N.-O. après la fermeture des mines.

Il explique que les faibles prix du diamant pourraient bien signifier la fermeture de ces mines. Cela entraînerait la perte de plus de 1000 emplois dans le territoire.

Un énorme trou dans la neige vue d'en haut est en fait la mine à ciel ouvert Diavik.
La mine Diavik devrait être la première des trois mines des T.N.-O. à fermer. (Photo d’archives : Rio Tinto)

Heather Exner-Pirot est chercheuse principale et directrice du département Énergie, Ressources naturelles et Environnement à l’Institut Macdonald-Laurier.

Elle rapporte que les travailleurs de Gahcho Kue commencent à s’inquiéter des implications de la chute des prix. Les principales sociétés de développement économique autochtones ont émergé autour de l’industrie des mines de diamant. Sans aucune solution de remplacement, les emplois qui en dépendent sont en sursis.

Les prix bas s’expriment aussi par une baisse des droits d’exploitation, dit-elle.

Que disent les minières?

La fermeture de la mine Diavik est prévue pour le début de 2026 et celle de la mine Ekati, en 2029. Du côté de Gahcho Kue, la mine doit rester en fonction au moins jusqu’en 2030.

Rio Tinto dit qu’une partie des pertes financières de 2024 vient de l’écrasement d’un avion à Fort Smith. L’entreprise cite aussi la fin des opérations en surface d’une fosse en 2023 et de problèmes techniques.

Dans un communiqué, le directeur des opérations de la mine Diavik dit rester déterminé à poursuivre l’exploitation de la mine Diavik avec la sécurité en tant que préoccupation principale, et dans le respect des employés, des partenaires, des sous-traitants et des communautés, tout en préparant la fermeture.

En ce qui concerne la mine Ekati, une des porte-parole de Burgundy, Ariella Calin, écrit dans un courriel que «2024 a été compliqué pour Ekati, en raison de prix historiquement bas du diamant, et des coûts d’exploitation qui demeurent élevés».

Ariella Calin ajoute que la production de la mine est en baisse en raison de l’amenuisement de la mine Sable et des travaux de préparation sur la nouvelle carrière de Point Lake.

Même si nous opérons dans une des juridictions les plus onéreuses du monde, nous sommes optimistes quant à l’avenir de la mine Ekati. Nous continuerons à travailler avec le gouvernement local, les fournisseurs et les communautés afin de bâtir un avenir durable pour la mine et pour la prochaine génération.

Pourquoi les prix sont-ils bas?

L’analyste indépendant de l’industrie du diamant Paul Zimnisky dit que le marché du diamant tout entier a été très compliqué pour l’ensemble de ses acteurs, ces deux dernières années.

Il explique que les diamants créés en laboratoire représentaient 1 % du marché il y a 10 ans. Cette proportion est passée à 10 % il y a cinq ans. Aujourd’hui, ces diamants artificiels prennent plus de 20 % des parts du marché.

Il note qu’une autre raison de cette chute des prix vient de la faible demande chinoise qui a chuté de 50 % par rapport aux chiffres des années précédant la pandémie.

Que réserve le futur?

Pour Karen Costello, directrice générale de la chambre des mines des T.N.-O. et du Nunavut, ce qui inquiète le plus les compagnies minières, ce sont les tarifs douaniers des États-Unis.

Dans un courriel, Paul Zimnisky écrit qu’à l’avenir, les tarifs douaniers pourraient compliquer les chaînes d’approvisionnement. L’inflation qui en résultera pourrait nuire à la consommation et faire baisser mécaniquement la demande. Cependant, il souligne aussi que si les États-Unis bénéficient de la politique de Donald Trump, cela pourrait contribuer à une hausse de la demande en diamants.

L’analyste estime que les marchés ont récemment montré des signes encourageants en ce qui concerne la demande en diamants, ce qui est un bon signe.

Pour Heather Exner-Pirot, même si le prix des diamants rebondit, cela ne va pas changer le destin des T.N.-O., car la date de fermeture des mines approche et aucune industrie ne semble pouvoir les remplacer.

À lire aussi :

Radio-Canada

RCI c'est le service multilingue de CBC/Radio-Canada qui permet de découvrir et surtout de comprendre et de mettre en perspective la réalité de la société canadienne, ses valeurs démocratiques et culturelles.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *