Dans le Grand Nord canadien, le centre de guérison Isuarsivik accueille ses premiers usagers

Les salles de groupes ont été dessinées pour ressembler à l’intérieur d’un igloo et ainsi inspirer les usagers pendant leur processus de guérison. (Samuel Lagacé/Isuarsivik)
Après des années de planification et de construction, le centre Isuarsivik de Kuujjuaq, au Nunavik, a accueilli mercredi dernier ses premiers usagers, qui pourront bénéficier d’une aide dans le traitement de leur dépendance avec une approche ancrée dans la culture traditionnelle inuit.

Dès les premiers pas dans le bâtiment tout neuf, les visiteurs sont frappés par une ambiance conviviale et chaleureuse. La vue imprenable sur la rivière Koksoak depuis presque toutes les pièces du centre y est pour quelque chose.

La rivière Koksoak est omniprésente dans le paysage de Kuujjuaq. (Samuel Lagacé/Isuarsivik)

Le directeur d’Isuarsivik, Etua Snowball, souligne que l’architecture du bâtiment a été réfléchie pour reconnecter les usagers avec leur terre ancestrale. 

« Les vues de notre bâtiment sont à couper le souffle. C’est une guérison en soi que de se trouver dans cet environnement […] Beaucoup de nos ancêtres ont pêché et chassé ici. C’est important pour notre peuple de se rapprocher de ses racines », explique-t-il.

Etua Snowball est très fier de ce centre complètement consacré au bien-être des Inuit du Nunavik. (Félix Lebel/Radio-Canada)

D’autres détails architecturaux rappellent aussi la culture traditionnelle inuit. C’est le cas notamment des salles de discussion de groupe, de forme arrondie, à la manière d’un igloo.

« Lorsqu’on est dans un cercle, on se fait tous face. On discute et on va au fond des choses. C’est quelque chose que les familles faisaient ici », ajoute Etua Snowball.

Un espace dans ces salles est aussi réservé au qulliq, la lampe traditionnelle en pierre qui réchauffait autrefois les familles grâce à la graisse animale fondue.

Une approche holistique

Ces clins d’œil à la culture inuit ne sont toutefois pas qu’esthétiques. La nature même du centre est de guérir les usagers par une reconnexion avec leur culture traditionnelle.

Les spécialistes d’Isuarsivik ont mis en place des ateliers de guérison dans la nature, avec des activités de chasse et de pêche notamment.

Des tentes traditionnelles ont été installées pour accueillir les usagers dans la nature durant leur parcours de guérison. (Samuel Lagacé/Isuarsivik)

Ces moments dans la nature seront combinés à différentes thérapies et discussions et seront suivis par des professionnels majoritairement issus des communautés inuit de la région.

Par cette démarche d’une durée de six à huit semaines, les thérapeutes souhaitent s’attaquer aux différents traumatismes historiques et personnels des usagers, plutôt que simplement cibler une dépendance précise.

« C’est quelque chose qu’on doit surmonter et aller à la source […] Cela peut être des événements comme l’abattage des chiens de traîneau, les pensionnats. Cela se transfère de génération en génération », dit Etua Snowball.

Inclure la famille

Le nouveau centre est plus qu’un simple lieu de traitement. Il a été conçu comme un milieu de vie, qui permet d’accueillir non seulement l’usager, mais toute sa famille.

Des chambres spacieuses, une garderie et une salle de classe permettent aux enfants d’y séjourner.

Des éducateurs ont été engagés pour enseigner aux jeunes durant leur séjour à Isuarsivik. (Samuel Lagacé/Isuarsivik)

Des services d’aide pour accompagner les plus jeunes membres de la famille sont aussi à leur disposition en cas de besoin. 

« On a consulté des gens de la région qui ont traversé un processus de guérison. Plusieurs nous ont souligné l’importance d’être accompagnés par leurs proches […] Les gens n’aiment pas quitter leur famille pour venir recevoir de l’aide », explique George Kauki, un coordonnateur des programmes d’aide à Isuarsivik.

Cette inclusion est visiblement appréciée des usagers. La plupart sont venus avec leur famille pour cette première semaine d’ouverture officielle. En tout, 22 personnes y séjournent jusqu’en juin.

Les professionnels d’Isuarsivik vont profiter de ces premières semaines pour analyser le fonctionnement des séances et l’organisation des soins.

« Nous voulons évaluer les programmes, les résultats, la perception des usagers et des employés. Nous voulons ajuster tout ce qui doit l’être […] Nous souhaitons nous ajuster et offrir encore de meilleurs services d’ici l’automne prochain », conclut Etua Snowball.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *