Québec veut embaucher plus d’infirmières inuit au Nunavik après la mort de 10 nourrissons

Le village de Kuujjuaq au Nunavik dans le Grand Nord québécois (Eilís Quinn/Regard sur l’Arctique)
Les responsables de la santé du nord du Québec affirment qu’ils essaient d’embaucher plus d’infirmières et de personnel inuit après qu’un rapport du Bureau du coroner publié le mois dernier a lié au surpeuplement la mort de 10 nourrissons dans la région.

Une campagne de recrutement est en cours pour embaucher plus d’infirmières pour vacciner les enfants contre les maladies et offrir des services de santé préventifs aux communautés inuit du Nunavik, a mentionné jeudi dans un courriel Ariane Bedard, porte-parole de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik.

Mme Bedard a déclaré que l’agence de santé essaie également d’embaucher du personnel inuit qui comprend les besoins des résidents et qui peut parler l’inuktitut. Mais elle n’a pas dit comment l’agence répondrait directement aux préoccupations de surpeuplement mentionnées dans le rapport de la coroner Geneviève Thériault.

Elle a renvoyé toutes les questions sur le surpeuplement au bureau local d’habitation, qui n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.

La situation est très complexe, souligne Mme Bedard, qui ajoute que la pandémie de la COVID-19 a grandement fragilisé les services de première ligne au Nunavik, comme ailleurs.

Dans son rapport, la coroner Thériault a appelé les gouvernements provincial et fédéral à consacrer les ressources nécessaires pour offrir rapidement des logements sociaux sécuritaires aux familles du nord du Québec. Elle s’est concentrée sur la mort de Jaylen Etok, âgé de 3 mois, en avril 2021 dans le village inuit de Kangiqsualujjuaq.

Le nourrisson dormait dans le même lit que les adultes parce qu’il n’y avait pas de lit d’enfant ni de berceau, a indiqué Mme Thériault. Selon elle, les versions de ce qui est arrivé à l’enfant sont contradictoires.

Le 25 avril 2021, le nourrisson dormait sur le dos sur un lit à deux places. Les adultes présents au domicile avaient consommé de l’alcool et certains du cannabis, a indiqué la coroner. Un adulte s’est endormi dans le même lit que le petit garçon entre 22 h et 23 h. Les récits des témoins diffèrent, mais un deuxième adulte pourrait s’être endormi dans le lit quelque temps après, a déclaré Mme Thériault.

La surpopulation, un facteur de risque

La coroner a indiqué que, selon une version des événements, le deuxième adulte est entré dans la pièce et a trouvé le garçon inerte et allongé sur le dos sur le lit, loin du premier adulte. Selon une autre version des faits, le premier adulte s’est réveillé et a trouvé le garçon sous le bras du deuxième adulte, qui s’est réveillé et a roulé sur le bébé ou l’a tenu étroitement.

Mme Thériault a noté qu’il lui était impossible de déterminer quelle version est la plus plausible. La cause du décès du petit Jaylen Etok reste indéterminée. La coroner a donc indiqué qu’il lui était difficile de conclure si le décès est attribuable à l’asphyxie par suffocation.

Cependant, elle a également tiré des conclusions similaires dans des cas impliquant neuf autres nourrissons au Nunavik qui sont également décédés en 2021 de causes indéterminées ou du syndrome de mort subite du nourrisson. La coroner a affirmé que la surpopulation était un facteur de risque récurrent dans tous ces décès.

À son avis, pour réduire le risque de mort subite du nourrisson au Nunavik, « plusieurs choses devraient être mises en place ». Mme Thériault a dit qu’il paraissait urgent d’assurer l’accès de chaque famille à un logement salubre et de dimension adaptée à la taille du ménage.

Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada ont écrit dans un courriel qu’en 2022, le gouvernement fédéral avait prévu 845 millions de dollars sur cinq ans pour le logement autochtone. Le ministère n’a pas précisé si des mesures étaient prises à court terme pour réduire la surpopulation dans la région du Nunavik au Québec.

Le Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit du Québec ne fera aucun commentaire avant d’avoir lu le rapport de la coroner daté du 6 octobre.

Entre-temps, le ministère de la Santé du Québec a dit qu’il « prendrait note » du rapport de la coroner. Dans un courriel, la porte-parole Marie-Claude Lacasse a déclaré que, d’ici trois mois, la province donnerait suite à la recommandation de la coroner voulant que le ministère augmente rapidement le nombre de travailleurs de première ligne au Nunavik, comme les sages-femmes, les médecins de famille et les pédiatres.

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