Des barrages paralysent le transport ferroviaire depuis près de deux semaines. PHOTO : REUTERS / MARK BLINCH Partagez via Facebook (Fenêtre modale)

Blocages ferroviaires autochtones : risques de déraillement de l’économie, dit le ministre canadien des Transports

Les barrages installés par des Autochtones le long de l’axe est-ouest, stratégique pour le transport de marchandises d’un bout à l’autre du Canada, ont entraîné la suspension d’une grande partie du trafic de fret du Canadien National. Le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, craint que ces protestations ne fassent maintenant déraper l’ensemble de l’économie canadienne.

Le ministre fédéral des Transports Marc Garneau en entrevue à la télévision PHOTO : RADIO-CANADA

« Certains de nos clients à l’international vont peut-être décider qu’ils ne pourront plus se rendre aux ports canadiens parce qu’ils ne sont pas fiables. Ça peut miner l’investissement dans notre pays », a prévenu M. Garneau.

Les barrages de manifestants bloquent des voies ferrées au Canada depuis 18 jours et le ministre des Transports a appelé, dimanche, à une reprise rapide du dialogue entre les chefs traditionnels autochtones de la nation Wet’suwet’en et les autorités politiques au pays.

Les chefs héréditaires wet’suwet’en Rob Alfred, John Ridsdale et Antoinette Austin lors d’une marche contre le projet Coastal GasLink.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / JASON FRANSON

Ces chefs protestent contre un projet de gazoduc sur leur territoire en Colombie-Britannique. Ils affirment ne pas avoir été consultés.

Ils veulent qu’Ottawa reconnaisse leur rôle et leur leadership ancestral. Ils veulent négocier de nation à nation avec le Canada.

Samedi, plusieurs de ces dirigeants des Wet’suwet’en ont réaffirmé leurs revendications pour une reprise du dialogue, lors d’une visite d’un barrage près de Montréal, soit le retrait complet de la police fédérale de leur territoire ancestral ainsi que la suspension de tous les travaux de construction du gazoduc par la compagnie Coastal GasLink.

Les barrages sont pour la plupart toujours en place

Justin Trudeau – PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / SEAN KILPATRICK

Cette crise est très délicate pour le premier ministre canadien qui a fait de la réconciliation avec les peuples autochtones l’une des priorités de son gouvernement depuis sa première élection en 2015.

Or, les barrages sur les voies ferrées sont toujours presque tous en place lundi, trois jours après que le premier ministre Justin Trudeau a exigé leur levée immédiate.

Quelques heures après l’appel de M. Trudeau vendredi, la police a délogé dans le calme quelques dizaines de manifestants qui bloquaient une voie ferrée à Saint-Lambert, au sud de Montréal, en soutien aux Wet’suwet’en.

Négociations autour d’un barrage en Ontario?

Des manifestants autochtones qui bloquent la circulation ferroviaire depuis plus de deux semaines à Tyendinaga, en Ontario, ont fait fi, la nuit dernière, d’un ultimatum de la police et du CN de démanteler leur barricade.

Le groupe de Mohawks affirme toutefois que des négociations sont en cours avec le fédéral et la Police provinciale de l’Ontario.

Les manifestants disent attendre la confirmation du ministre que les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont bel et bien quitté le territoire des Wet’suwet’en en Colombie-Britannique.

La barricade à Tyendinaga, en Ontario PHOTO : RADIO-CANADA / COLIN CÔTÉ-PAULETTE

L’heure est toujours au dialogue même si le temps presse

Lors d’une interview à Radio-Canada, le ministre Garneau a de nouveau tendu la main aux chefs héréditaires. « On travaille au niveau fédéral pour essayer de recommencer le dialogue, pour que les chefs héréditaires acceptent le fait qu’on a accepté leur condition d’enlever la GRC de leur territoire », a-t-il dit.

Les chefs héréditaires, de leur côté, « devraient envoyer le message immédiatement que pendant que ce dialogue se fait, les barrières devraient être enlevées », a-t-il plaidé.

S’exprimant dimanche à l’émission The West Block sur les ondes de Global, la ministre des Relations Couronne-Autochtones Carolyn Bennett a dit que les négociations n’avaient jamais cessé, malgré l’impatience affichée par le premier ministre Justin Trudeau vendredi.

« À aucun moment, nous n’avons cessé les négociations. Les dialogues sont productifs et toutes les parties progressent bien », a déclaré Mme Bennett.

« La loi doit être respectée », a renchéri dimanche sur la chaîne CTV le ministre de la Sécurité publique Bill Blair.

« Nous comprenons tous l’importance d’une résolution pacifique, mais elle doit être rapide, car l’impact de ces barrages est inacceptable et intenable. »

Après leur tournée en Ontario et au Québec pour rencontrer leurs soutiens au sein de la communauté mohawk, les chefs héréditaires wet’suwet’en ont repris dimanche le chemin de la Colombie-Britannique. Ils doivent se réunir lundi pour décider de la suite de leur mouvement, selon plusieurs médias canadiens.

RCI avec les informations de La Presse canadienne, l’Agence France-Presse et la contribution de Radio-Canada

Comment sortir du souque à la corde avec les chefs héréditaires wet’suwet’en?
Regardez Tam-Tam Canada du vendredi 21 février 2020 – 44:51

Notre couverture complète sur ce sujet

Blocage ferroviaire : Trudeau exclut toute possibilité de recourir à la force
Le premier ministre du Canada affirme qu’il ne saurait recourir à la force pour résoudre la crise qui perdure et qui paralyse les activités économiques partout au Canada. Cette idée d’user de la contrainte pour mettre un terme au blocus illégal des voies ferrées a été suggérée par le premier ministre du Québec François Legault.

Crise ferroviaire : la GRC lâchera-t-elle du lest en offrant de se retirer?
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) envisagerait de se retirer des terres visées par le projet de gazoduc en Colombie-Britannique. Le premier ministre du Québec François Legault propose d’user de la force pour disperser les manifestants qui bloquent les voies ferrées partout au pays et paralysent de ce fait l’économie.

Blocage ferroviaire au Canada : toujours en attente de solutions concrètes
Malgré l’absence d’une issue concrète et de demande claire d’Ottawa en vue d’une levée des barricades, les chefs autochtones ont montré quelques signes d’ouverture. Attentifs aux réactions des Canadiens au sujet de ce blocage, les chefs des Premières Nations ont dit craindre que les barrages aient finalement un impact négatif sur l’opinion publique.

Le point de vue des Wet’suwet’en désirant que les blocages ferroviaires cessent
Alors que les partisans des chefs héréditaires des Wet’suwet’en bloquent des voies ferrées un peu partout au pays, 200 Wet’suwet’en se sont réunis à Houston en Colombie-Britannique pour exprimer leur opposition aux contestations qui bloquent le transport de marchandises et provoque la mise à pied de plusieurs centaines de Canadiens.

Blocage de voies ferrées : François Legault pourrait recourir à la force 
Le premier ministre du Québec a affirmé que pour démanteler les barricades, il faut que toutes les provinces agissent de concert pour disperser les manifestants. L’idée de faire intervenir la GRC pour mettre un terme aux barrages a aussi été suggérée par le chef conservateur Andrew Scheer, ce qui a suscité un tollé à la Chambre des communes.

Ottawa cherche une résolution pacifique aux protestations contre les pipelines
Le premier ministre du Canada souhaite une solution rapide et pacifique aux protestations, dans divers coins du pays, qui ont été déclenchées en appui à l’opposition d’un groupe de chefs héréditaires des Wet’suwet’en de la Colombie-Britannique au tracé d’un gazoduc. Les représentants élus de 20 conseils de bande se trouvant le long du tracé du gazoduc le soutiennent pourtant.

Blocage ferroviaire : le Canadien National met à pied 450 employés 
Pas moins de 450 employés ont été mis à pied, temporairement, par le Canadien National, la compagnie ferroviaire spécialisée dans le transport de marchandises, à cause d’entraves sur les chemins de fer. Ce blocage a un impact aussi sur l’économie canadienne, notamment dans les usines et les endroits où les biens sont distribués ou manufacturés.

VIA Rail paralysée et le CN étranglé par des barrages autochtones anti-gazoduc
VIA Rail annonce que le transport de passagers est interrompu sur l’ensemble du territoire canadien en raison de la paralysie de ses services ferroviaires sur ses trajets les plus achalandés dans l’est du pays (Montréal-Toronto et Toronto-Ottawa) en raison d’un barrage antigazoduc près de Belleville, en Ontario.

L’opposition au gazoduc bloque le transport ferroviaire au pays
Le pipeline, dont le tracé est censé traverser le territoire des chefs héréditaires wet’suwet’en dans l’Ouest canadien, même s’ils n’ont pas donné leur accord, a déclenché une vague de manifestations à l’échelle du pays. Plusieurs activités ferroviaires ont été interrompues, notamment en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec.

Catégories : Autochtones, Économie, Politique
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