Les cellules de la police fédérale sont moins occupées à Yellowknife, dans le Nord canadien
De moins en moins de prisonniers sont incarcérés dans les cellules de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest. Une baisse surtout attribuée aux efforts sociaux faits dans la communauté pour aider les sans-abris.
Le 10 décembre, la GRC avait détenu 1618 prisonniers dans ses cellules à Yellowknife en 2018, bien en deçà du total de 2725 prisonniers incarcérés en 2017.
Selon l’inspecteur Alex Laporte, le commandant du détachement de Yellowknife, ce serait une baisse de 72 % par rapport aux données de 2014.
Il attribue cette baisse au travail des différents organismes et gouvernements dans la communauté et aux projets comme l’amélioration de l’offre de logement social, la mise en place d’un nouveau centre de jour et de dégrisement et le programme de rue.
Ces projets facilitent le travail des policiers et leurs interactions avec la population itinérante de Yellowknife, explique l’inspecteur. Avant, les gens qui causaient des problèmes dans les rues à cause d’abus d’alcool finissaient généralement leurs soirées derrière les barreaux.
« Ça offre des options à nos policiers, explique le commandant du détachement. Au lieu de devoir gérer une situation où l’option primaire était d’incarcérer quelqu’un pour la nuit, maintenant on peut faire les appels, on peut amener ces gens-là à d’autres services où ils seront pris en charge. »
« L’année dernière, on a pu apporter plus de dossiers en cour concernant des cas de conduite en état d’ébriété, conclut l’inspecteur. C’est une indication que nos membres ont plus de temps à mettre sur la route et sur certaines priorités auxquelles les gens s’attendent. »
Le service de rue occupé
Offert depuis juin 2017, le programme de rue financé par la Ville et dirigé par la Société des femmes de Yellowknife a pour but d’aider les personnes dans le besoin ou en état d’ébriété dans les rues.
Pendant le jour, la fourgonnette et ses employés font des patrouilles dans les rues ou répondent à des appels pour offrir le raccompagnement de clients vers différents services sociaux de la ville.
La coordonnatrice du programme, Sarah Bretzer, se réjouit des résultats notés par la GRC au fil de l’année.
« Plusieurs de nos clients nous disent qu’avant notre arrivée, ils se mettaient dans le trouble juste pour avoir un endroit où rester la nuit, raconte-t-elle. Certains disent même à la blague qu’ils avaient leurs cellules préférées. »
En général, la coordonnatrice estime que le service de rue aide de 30 à 45 personnes par jour. En novembre, la fourgonnette a fait plus de 900 raccompagnements entre la rue et ses différentes destinations.
« Nous entretenons d’excellentes relations avec nos clients, nous avons des gens que nous voyons tous les jours, dit Sarah Betzer. Ils nous font confiance quand ils sont dans leur état le plus vulnérable. »
C’est cette relation beaucoup moins formelle avec les gens dans la rue qui fait le succès du programme, croit l’inspecteur Laporte.
Alex Laporte, commandant du détachement de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de Yellowknife
Le centre de dégrisement
La plupart des voyages du programme de rue se terminent au nouveau centre de dégrisement de Yellowknife, qui partage son espace avec le centre de jour.
Avec ses lits qui permettent de dégriser, sa nourriture, ses douches, ses services de consultations et ses différents programmes, le centre est un meilleur endroit où se retrouver que les cellules froides de la GRC, soutiennent les intervenants impliqués.
En tant que coordonnateur de gestion de cas au centre de jour, Mark Bogan suit une vingtaine de clients et les aide à se reprendre en main. Le plus grand problème, selon lui, reste l’absence d’un centre de désintoxication pour combattre l’alcoolisme dans les Territoires du Nord-Ouest.
« Ils doivent aller par avion à Edmonton ou Calgary, mais beaucoup de personnes ne veulent pas faire ça, explique-t-il. Ce serait mieux s’il y avait une place où aller ici. »
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