Une stratégie nationale pour éradiquer la crise du logement dans les régions inuites du Canada

Pour mettre un terme à la crise du logement qui sévit dans le Nord canadien, le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne recommande un financement constant du gouvernement fédéral et une meilleure intégration des Inuits dans la gestion de leurs infrastructures.
Le comité a rendu publique mercredi sa nouvelle stratégie en matière de logement dans les régions inuites du Nord.
« Pour améliorer les résultats et maintenir les résultats améliorés, il faudra diminuer la dépendance vis-à-vis des logements sociaux et augmenter les solutions de rechange abordable, y compris les locations privées abordables, l’accession à la propriété et les logements de transition et de soutien », indique le document d’une trentaine de pages.
Parmi les priorités énoncées, le comité propose notamment de verser les financements fédéraux liés au logement directement à des organisations inuites du Nunavut, plutôt qu’au gouvernement du territoire.

Dans les autres régions inuites du pays, à savoir le Nunatsiavut (nord de Terre-Neuve-et-Labrador), le Nunavik (Nord québécois) et la région désignée des Inuvialuit (nord-ouest du pays), les sommes prévues dans les budgets fédéraux de 2016 et 2018 sont directement destinées aux organisations inuites.
Les quatre régions inuites sont regroupées sous l’appellation « Inuit Nunangat ».
- Évaluer l’efficacité des investissements récents dans le logement
- Élaborer un plan à long terme pour les investissements fédéraux directs pour les logements
- Améliorer la recherche, l’innovation et les statistiques
- Réduire le surpeuplement et la dépendance aux logements tout en augmentant les options de logement abordable et en améliorant la qualité des logements
- Renforcer les capacités
- Améliorer la collaboration intergouvernementale
« Renforcement de compétences locales »
Dans ses budgets de 2017 et de 2018, Ottawa s’est engagé à verser 240 millions de dollars sur 10 ans pour développer le logement et les infrastructures des Inuits au Nunavut, puis 400 millions de dollars sur 10 ans à ceux du Nunatsiavut, du Nunavik et de la région désignée des Inuvialuit. « Le financement direct annoncé dans les budgets de 2016 et de 2018 n’est parvenu que lentement aux Inuits, occasionnant des retards de fourniture de logements et minant donc l’efficacité générale de ces investissements », soulève toutefois le rapport.
Dans sa stratégie, le comité soutient qu’il sera nécessaire de donner aux Inuits de meilleurs outils pour la gestion de leurs logements, en misant sur « le renforcement de compétences locales, ainsi que de la certification et de la capacité commerciales afin qu’[ils] soient mieux soutenus et équipés pour participer à la construction, ainsi qu’aux projets opérationnels et d’entretien ».
Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Les logements surpeuplés, vecteurs de la tuberculose
Lors de sa création en 2017, le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne s’est engagé à se pencher sur plusieurs enjeux qui touchent les populations inuites au pays, dont les questions de revendications territoriales, le développement social et la réconciliation entre les Inuits et le gouvernement canadien. Mais la pénurie de logements qui sévit dans le nord du pays figure parmi ses priorités.
En 2016, un peu plus de la moitié des 47 330 Inuits du nord du pays vivaient dans un logement surpeuplé, selon Statistique Canada. Dans plusieurs communautés inuites, enfants, aînés et parents cohabitent parfois dans des maisons de deux à trois chambres à coucher. Avec un taux de surpeuplement de 56,4 %, le territoire du Nunavut arrive en tête de liste des régions inuites les plus touchées par ce fléau.
Ces conditions de vie ont notamment des répercussions sur la santé des résidents, comme l’a démontré la résurgence de la tuberculose, une maladie infectieuse connue pour ses ravages jusqu’aux années 1950.

Dans son document, le comité reconnaît que le gouvernement fédéral ne parviendra à tenir son engagement d’éradiquer la tuberculose dans les régions inuites du pays d’ici 2030 que si les conditions des logements s’améliorent.
Pour mettre en œuvre sa nouvelle stratégie, le comité effectuera notamment une analyse comparative entre les sexes avec l’organisme Pauktuutit Inuit Women of Canada, qui représente les femmes inuites au pays.
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